Le sommet islamo-américain s'est achevé dimanche à Ryadh, avec le lancement d'un centre mondial de lutte contre le terrorisme, qui sera établi dans la capitale saoudienne. La rencontre a aussi souligné les efforts pour former une force anti-terroriste de 34.000 soldats et une coalition au Moyen-Orient l'an prochain, a rapporté dimanche Al Arabiya. Le sommet a eu lieu avec la participation du président américain Donald Trump et des dirigeants des pays islamiques. Ryadh a accueilli samedi et dimanche trois sommets lors de la visite du M. Trump en Arabie Saoudite, qui est son premier voyage à l'étranger depuis son élection à la présidence américaine. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, a déclaré que l'Arabie saoudite voulait envoyer un message à l'Occident selon lequel le monde islamique "n'est pas un ennemi", affirmant que Riyad est en deuxième rang après les Etats-Unis dans la lutte contre le groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech). "Les efforts constitueront un partenariat efficace entre le monde islamique et l'Occident pour lutter contre le terrorisme", a-t-il déclaré.
Washington et Ryad s'allient contre le financement du terrorisme Les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite ont annoncé dimanche la création d'une structure régionale de lutte contre le financement du terrorisme, en marge de la visite du président Donald Trump à Ryad. Sous l'égide de Washington et Ryad, ce Centre contre le financement du terrorisme (Terrorist Financing Targeting Center, TFTC) réunira au total six pays du Golfe (Koweït, Qatar, Bahrein, Oman, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis) et aura pour principale vocation de partager des informations sur les réseaux de financement des groupes comme l'Etat islamique (EI) ou Al-Qaïda, a détaillé le Trésor américain dans un communiqué. Sont également ciblées les "menaces" émanant, selon Washington, de l'Iran et du régime syrien, détaille le communiqué. Cette nouvelle structure pourra également coordonner des mesures de représailles communes contre ces mouvements, assure ce communiqué. Le TFTC "améliorera des outils existants et la coopération avec nos partenaires dans le Golfe afin de s'attaquer efficacement aux nouvelles menaces", a affirmé le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, cité dans le communiqué, assurant que son ministère partagera son expertise sur le sujet. Aux Etats-Unis, le département du Trésor est en charge de la lutte économique contre les groupes terroristes et a ainsi imposé un arsenal de sanctions contre des réseaux soupçonnés d'aider l'EI mais également les talibans ou le Hezbollah. Lors de son déplacement en Arabie Saoudite, le président américain Donald Trump a exhorté les dirigeants musulmans à s'attaquer avec détermination à ce qu'il appelé "la crise de l'extrémisme islamique".
Les pays musulmans appelés à lutter contre l'extrémisme Le président américain Donald Trump a appelé dimanche en Arabie saoudite les pays musulmans à lutter avec détermination contre l'extrémisme, voyant dans la lutte contre le terrorisme une bataille entre "le bien et le mal". Dans un discours prononcé à Ryad devant les représentants d'une cinquantaine de pays musulmans, M. Trump s'en est violemment pris à l'Iran accusé de "soutenir le terrorisme", à la grande satisfaction des monarchies sunnites du Golfe qui redoutent l'influence de leur grand rival chiite. Se disant porteur d'un message "d'amitié, d'espoir et d'amour" du peuple américain, il a souligné la symbolique de son déplacement - son premier à l'étranger en tant que président - "au cœur du monde musulman". Contraste saisissant avec sa rhétorique de campagne - au cours de laquelle il avait affirmé "l'islam nous déteste" -, le magnat de l'immobilier a longuement insisté sur le fait que ce combat n'était pas "une bataille entre religions".
Donald Trump "épuisé" "C'est une bataille entre le bien et le mal", a lancé celui qui a été accusé d'alimenter l'islamophobie et qui, au début de sa campagne, avait proposé - à la stupéfaction quasi-générale - de fermer purement et simplement l'accès aux Etats-Unis aux musulmans. Le président américain, dont le pays combat depuis 2014 le groupe radical Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, a aussi insisté sur la nécessité pour les Etats du Proche-Orient et du Golfe de jouer un rôle plus actif dans la lutte antiterroriste. Il a appelé les dirigeants musulmans à faire face à "la crise de l'extrémisme islamique", expression sensiblement différente de celle de "terrorisme islamique radical" qu'il avait largement utilisée jusqu'ici mais qui avait provoqué des grincements de dents dans le monde musulman. Fait notable sur cette question sensible: il s'est au dernier moment écarté des extraits qui avait été diffusés à l'avance par la Maison Blanche et qui évoquaient "l'extrémisme islamiste". Interrogé sur ce hiatus, un responsable de son équipe a souligné qu'il ne fallait rien y voir d'autre que de la fatigue. "Juste quelqu'un d'épuisé", a-t-il affirmé, au deuxième jour de ce voyage présidentiel qui en compte huit. M. Trump a exhorté les dirigeants musulmans à n'offrir aucun "refuge" aux terroristes, à les "chasser" de leurs communautés et de leurs lieux de culte. "L'Amérique est prête à être à vos côtés (...) mais les pays du Proche-Orient ne peuvent attendre que la puissance américaine écrase l'ennemi pour eux", a-t-il insisté. "Le chemin vers la paix commence ici, sur (...) cette terre sacrée", où se trouvent des lieux saints de l'islam (La Mecque et Médine), a-t-il encore dit. Soulignant que peu de nations avait été épargnées par le terrorisme, il a évoqué "les atrocités" du 11-Septembre, mais aussi appelé à ne jamais oublier que "95%" des victimes sont des musulmans. "Un discours ne peut peser plus que des années de rhétorique anti-musulmans", a réagi le Council on American-Islamic Relations, réclamant au président républicain "de nouvelles politiques et des actes concrets".
Isoler l'Iran Comme c'est le cas depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump s'est gardé de toute critique sur la question des droits de l'Homme, devant un parterre de dirigeants dont nombre d'entre eux sont régulièrement montrés du doigt par les organisations internationales. Revendiquant un contraste marqué avec son prédécesseur démocrate Barack Obama sur ce thème, M. Trump assure qu'il préfère agir dans la discrétion, gage, selon lui, d'une plus grande efficacité. "Nous ne sommes pas ici pour donner des leçons, nous ne sommes pas ici pour dire aux autres comment vivre", a-t-il affirmé. Sur l'Iran, M. Trump a accusé ce pays d'attiser "les feux du conflit confessionnel et du terrorisme". "En attendant que le régime iranien montre sa volonté d'être un partenaire dans la paix, toutes les nations (...) doivent travailler ensemble pour l'isoler", a-t-il dit. Quelques minutes avant lui, le roi Salmane d'Arabie saoudite s'était livré à une attaque en règle contre l'Iran qu'il a qualifié de "fer de lance du terrorisme mondial". Téhéran a réagi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, qui a ironisé sur le discours prononcé dans un "bastion de la démocratie et de la modération". "S'agit-il de politique étrangère ou simplement de pomper 480 milliards de dollars" au roi de l'Arabie saoudite ?, a-t-il poursuivi sur Twitter, en faisant allusion à des contrats signés entre Washington et Ryad lors de la visite. L'accueil royal réservé à Donald Trump en Arabie saoudite, où il est venu avec son épouse Melania, sa fille Ivanka et le mari de cette dernière Jared Kushner, contraste avec la tempête politique à Washington marquée par des révélations accablantes sur des liens entre la garde rapprochée du président américain et la Russie.