Discours - Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif a dénoncé hier soir dans un tweet les «attaques» formulées contre son pays par le président américain Donald Trump à Riyad, suggérant que Washington voulait «pomper» l'argent de l'Arabie saoudite. Il s'agit de la première réaction officielle iranienne après un discours prononcé hier à Riyad par M. Trump qui a accusé l'Iran de «soutenir le terrorisme». «L'Iran, qui vient de tenir de vraies élections, est attaqué par le président des Etats-Unis dans ce bastion de la démocratie et de la modération», a dit M. Zarif, en ironisant sur l'Arabie saoudite. «S'agit-il de politique étrangère ou de pomper 480 milliards de dollars» au roi de l'Arabie saoudite ? a-t-il poursuivi. Washington et Riyad ont signé samedi, au premier jour de la visite de M. Trump à Riyad, des méga-contrats de plusieurs centaines de milliards de dollars dont 110 milliards de dollars consacrés à l'achat d'armement américain par l'Arabie saoudite. Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson qui a accompagné le président Donald Trump à Riyad, a accusé Téhéran de soutenir le «terrorisme» et critiqué ses essais de missiles balistiques, et a déclaré que les méga-accords de défense signés entre son pays et l'Arabie saoudite visent à contrer en particulier la «mauvaise influence iranienne» dans la région. Dans un discours devant les représentants d'une cinquantaine de nations musulmanes, le président Trump a appelé dimanche tous les pays à «isoler» l'Iran. «Du Liban à l'Irak en passant par le Yémen, l'Iran finance, arme et entraîne des terroristes, des milices et d'autres groupes terroristes qui répandent la destruction et le chaos à travers la région», a déclaré M. Trump dans son discours. «En attendant que le régime iranien montre sa volonté d'être un partenaire pour la paix, toutes les nations (...) doivent travailler ensemble pour l'isoler», a-t-il ajouté en accusant la République islamique d'attiser «les feux du conflit confessionnel et du terrorisme». De son côté, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, a rejeté les déclarations saoudiennes à propos du programme balistique de l'Iran. «Les activités balistiques de l'Iran font partie de nos politiques de défense (...) Nous allons continuer avec force le renforcement de ces activités et (...) ne permettrons à aucun pays de parler de notre politique de défense», a déclaré M. Ghassemi, cité par le site YJC, qui dépend de la télévision d'Etat. Par ailleurs, le président américain a, en outre, appelé les pays musulmans à lutter avec détermination contre l'extrémisme, voyant dans la lutte contre le terrorisme une bataille entre «le bien et le mal». «C'est une bataille entre le bien et le mal», a lancé celui qui a été accusé d'alimenter l'islamophobie et qui, au début de sa campagne, avait proposé - à la stupéfaction quasi-générale - de fermer purement et simplement l'accès aux Etats-Unis aux musulmans. Il a appelé les dirigeants musulmans à faire face à «la crise de l'extrémisme islamique», expression sensiblement différente de celle de «terrorisme islamique radical» qu'il avait largement utilisée jusqu'ici mais qui avait provoqué des grincements de dents dans le monde musulman. «Un discours ne peut peser plus que des années de rhétorique anti-musulmans», a réagi le Council on American-Islamic Relations, réclamant au président républicain «de nouvelles politiques et des actes concrets». -Les Etats-Unis et l'Arabie saoudite ont annoncé, hier, la création d'une structure régionale de lutte contre le financement du terrorisme, en marge de la visite du président Donald Trump à Riyad. Sous l'égide de Washington et Riyad, ce Centre contre le financement du terrorisme (Terrorist Financing Targeting Center, TFTC) réunira au total six pays du Golfe (Koweït, Qatar, Bahrein, Oman, Arabie saoudite, Emirats arabes unis) et aura pour principale vocation de partager des informations sur les réseaux de financement des groupes comme l'Etat islamique (EI) ou Al-Qaïda, a détaillé le Trésor américain dans un communiqué. Sont également ciblées les «menaces» émanant, selon Washington, de l'Iran et du régime syrien, détaille le communiqué. Cette nouvelle structure pourra également coordonner des mesures de représailles communes contre ces mouvements, assure ce communiqué.