L'arrestation de Nasser Zefzafi, leader du Hirak qui mène la contestation populaire au Rif marocain, pourrait être le début d'un conflit social prolongé au Maroc, a indiqué dimanche le quotidien américain The Washington Post. "Les manifestations ont été largement maîtrisées (. ..) mais l'arrestation de Zefzafi peut être le début d'un conflit social prolongé dans le pays", relève le quotidien dans une analyse sur le mouvement citoyen "Hirak" qui proteste depuis six mois à Al-Hoceima. L'analyse revient sur la chronologie des évènements qui ont secoué la ville d'al Hoceima dans le Rif marocain suite à la mort tragique du jeune poissonnier Mohcine Fikri, broyé dans une benne à ordure en tentant de sauver sa marchandise saisie par la police, en soulignant que cet incident a " trouvé un grand écho auprès des habitants de la région du Rif, une partie montagneuse du nord du Maroc traditionnellement négligée" par le pouvoir central à Rabat, écrit le Washington Post. Alors que les manifestations se poursuivent, un ancien videur Nasser Zefzafi, a émergé comme un leader du mouvement. "Son discours a rendu mieux compte des revendications des habitants de la région et a permis au mouvement de se consolider sous le Hirak". "Ses vidéos ont dénoncé la corruption des hauts fonctionnaires, la spéculation immobilière, la monopolisation de la pêche industrielle par les associés du régime et plus récemment, la militarisation de la région et la diabolisation du mouvement par des journalistes pro-régime", relève le quotidien américain. "Avant son arrestation par les autorités, le discours de Zefzafi a attiré des dizaines de milliers de partisans de toute la région, dont beaucoup sont en proie au chômage et à l'absence d'opportunités économiques et contrariés par la succession des scandales impliquant les associés du régime", souligne le Washington Post. Le quotidien cite l'exemple d'un plan d'investissement public de 600 millions de dollars destiné à la région et dont l'essentiel des dispositions n'ont pas été mises en œuvres à ce jour. Les projets menés à terme au Rif n'ont pas profité aux populations de cette région mais à une poignée de notables et d'associés du régime. La majorité des habitants de la région vivent grâce aux envois de fonds de la diaspora rifaine à l'étranger et au Trafic de drogue et la contrebande, rapporte le Washington Post en indiquant que les revendications exprimées par Zefzafi et ses partisans sont partagées par les autres régions du Maroc en particulier celles concernant " la nécessité de mettre fin à la corruption et aux pratiques prédatrices des capitalistes locaux ". Le Washington Post souligne, à ce titre, les tentatives du gouvernement marocain pour pervertir le Hirak en le présentant comme mouvement séparatiste, financé de l'étranger. "Le gouvernement marocain a rapidement profité de l'inexpérience de Zefazafi et a présenté le mouvement comme une menace sécuritaire séparatiste ( ), alors que sur le Net les activistes rejettent les voix pro-régime en tant qu'(esclaves de la monarchie) qui décrivent les manifestants comme un groupe ethnique, raciste et séparatiste, financé par des intérêts étrangers hostiles", constate l'analyse. "Alors que le régime semble pour le moment avoir le contrôle des choses mais qui dépend de l'optique négatif donné au mouvement, et de sa perception par la population comme un projet culturel sécessionniste", explique l'analyse. "Cependant, si la perception change ou si un personnage public émerge ailleurs dans le pays, le régime pourrait ne pas être en mesure de tenir les rênnes facilement dans le futur", prédit le Washington Post.