Washington et Pékin ont renouvelé hier à Manille les pressions sur la Corée du Nord pour qu'elle renonce à ses ambitions nucléaires après un durcissement sensible des sanctions de l'ONU qui pourrait coûter à Pyongyang un milliard de dollars annuels, le texte a pour objectif de pousser Pyongyang à la négociation après ses tirs de missiles balistiques intercontinentaux en juillet. Au lendemain de l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'un texte visant à réduire d'un tiers les revenus des exportations de Pyongyang, les ministres des Affaires étrangères des principales puissances parties prenantes à la crise étaient présents à Manille en amont d'un forum régional de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean). Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson s'est dit encouragé par le vote. Mais des responsables américains ont prévenu que Washington voulait surveiller de près la Chine, principal allié et partenaire commercial de Pyongyang, afin de faire en sorte que les sanctions soient respectées. Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a rencontré dans la capitale philippine son homologue nord-coréen Ri Hong-Yo et appelé Pyongyang à cesser ses essais nucléaires et balistiques. La nouvelle résolution va "aider la Corée du Nord à prendre une décision bonne et intelligente", a déclaré le ministre chinois à la presse, selon la traduction de ses propos, tout en ajoutant qu'"il serait bénéfique pour la Corée du Nord de prendre une décision bonne et intelligente". M. Ri avait évité les journalistes. Mais dans un éditorial au ton incendiaire traditionnel des médias nord-coréens, publié avant le vote de l'ONU, le journal du parti unique au pouvoir a mis en garde contre toute agression américaine. "Le jour où les Etats-Unis oseront agacer notre pays avec une trique nucléaire et des sanctions, le continent américain sera projeté dans une mer de feu inimaginable", assure le journal. M. Tillerson devait s'entretenir hier avec M. Wang et le russe Sergueï Lavrov, dans le but de renforcer encore l'isolement diplomatique de la Corée du Nord et de réduire les risques de conflits. "C'est un bon résultat", a déclaré M. Tillerson au sujet du vote, avant de se réunir avec son homologue sud-coréenne Kang Kyung-Wha. Une haute responsable du département d'Etat, Susan Thornton, a souligné que Washington serait "attentif" sur l'application des sanctions, rappelant qu'après de précédentes résolutions, la Chine avait pu "relâcher la pression". Nouvelle riposte aux ambitions nucléaires nord-coréennes, c'est à l'unanimité que le Conseil de sécurité a adopté samedi ce texte qui représente un certain succès pour les Etats-Unis.
Charbon et crustacés Washington a su convaincre ses partenaires chinois et russe de renforcer la pression internationale contre un pays accusé d'être une "menace mondiale". Si la résolution est respectée, Pyongyang sera privé d'un milliard de dollars de recettes annuelles. Les nouvelles sanctions visent en particulier à empêcher les exportations nord-coréennes de charbon, de fer, de minerai de fer, de plomb, de minerai de plomb, de poissons et de crustacés. Dans leur globalité, les exportations nord-coréennes rapportent au pays chaque année trois milliards de dollars. Depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un fin 2011, la Corée du Nord avance à grand pas en vue de réaliser son objectif de porter le feu nucléaire sur le continent américain. Le jeune dirigeant a supervisé trois essais nucléaires et une flopée de tirs de missiles. Le dernier texte de l'ONU a pour objectif de contraindre Pyongyang à la négociation après deux tirs de missiles balistiques intercontinentaux en juillet qui mettent à sa portée une partie du continent américain. La gravité de la crise a été soulignée par H.R. McMaster, conseiller à la Sécurité nationale du président américain Donald Trump. Celui-ci a déclaré à la chaîne américaine MSNBC que le président américain étudiait des plans en vue d'une éventuelle "guerre préventive". "Il a dit qu'il n'allait pas tolérer que la Corée du Nord puisse menacer les Etats-Unis", a-t-il déclaré. Washington veut aussi s'assurer de l'engagement de Moscou à appliquer l'embargo en dépit de la très mauvaise passe que traversent leurs relations bilatérales. Le forum annuel de l'Asean proprement dit réunit à partir de lundi dans la capitale philippine les chefs de la diplomatie de 26 pays et de l'Union européenne pour évoquer les questions de sécurité en Asie-Pacifique.
La balle est désormais dans le camp nord-coréen Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté samedi à l'unanimité une résolution renforçant sensiblement les sanctions déjà imposées à la Corée du Nord, qui, si elle est respectée, devrait priver Pyongyang d'un milliard de dollars de recettes annuelles. Nouvelle riposte aux programmes balistique et nucléaire nord-coréens, le texte représente un certain succès pour les Etats-Unis qui ont su convaincre leurs partenaires chinois - premier soutien de Pyongyang - et russe de renforcer la pression internationale contre un pays accusé d'être une "menace mondiale". Proposée par les Etats-Unis, la résolution 2371 vise à interdire des revenus tirés des exportations nord-coréennes, notamment dans les secteurs du charbon, du fer et de la pêche. Cette nouvelle résolution a pour objectif de pousser Pyongyang à la négociation après son premier tir d'un missile intercontinental le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine. La Corée du Nord a procédé le 28 juillet au tir d'un second engin similaire. Le président américain Donald Trump a salué le vote unanime du Conseil de sécurité, soulignant que les nouvelles sanctions auraient "un très important impact financier" sur Pyongyang. "Un coût de plus d'un milliard de dollars pour la Corée du Nord", a-t-il estimé. La balle est désormais dans le camp nord-coréen qui "doit répondre" aux demandes internationales, a déclaré l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley. "Ce sont les sanctions les plus strictes contre un pays depuis une génération", a-t-elle lancé. Il est "plus que jamais urgent de mettre un terme aux programmes nucléaire et balistique nord-coréens et de ramener Pyongyang à la table des négociations", a renchéri son homologue français, François Delattre.
L'adoption de sanctions ne suffira pas seul Le nouvel ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, a toutefois souligné qu'"il sera impossible de résoudre ce conflit avec seulement l'adoption de sanctions". Il a réclamé "une approche globale" et "une stratégie politique". Les sanctions "ne peuvent être une fin en soi" mais plutôt "un outil pour pousser ce pays à des discussions constructives", a estimé le diplomate russe. Dans la résolution, la Corée du Nord est accusée de se livrer à un "détournement massif de ses faibles ressources" pour continuer à développer "des armes nucléaires et plusieurs programmes coûteux de missiles balistiques".