Pour que les producteurs agricoles redeviennent compétitifs, leur pouvoir de négociation doit être renforcé dans la chaîne de valeur, aujourd'hui déséquilibrée. Un article de notre partenaire, EFEAgro. Le secteur agricole a été touché ces dernières années par de nombreux facteurs d'incertitude, tant sur les prix que dans le contexte des accords commerciaux internationaux, du Brexit ou du veto russe sur les exportations européennes. Une situation qui a fait chuter la rentabilité de la production agricole. Pour faire face à ces enjeux, les coopératives et organisations agricoles réclament que la Politique agricole commune (PAC) prévoit des mécanismes permettant au secteur de retrouver sa rentabilité. "La PAC doit remplir son rôle, c'est-à-dire de faire en sorte que les exploitations agricoles et d'élevage soient durables économiquement tout en maintenant le milieu rural en vie avec un niveau d'emploi adéquat", assure Fernando Burgaz, directeur général de Industria Agraria. La PAC "doit remettre sur un pied d'égalité les revenus agricoles et ceux des autres secteurs de production de l'UE". Pour Fernando Burgaz, la PAC doit se concentrer sur un certain nombre de points afin de renforcer les agriculteurs au sein de la chaîne de valeur. Il est nécessaire de "renforcer la capacité de négociation des producteurs en encourageant l'intégration de l'offre; favoriser l'articulation sectorielle, en dotant les organisations interprofessionnelles de meilleures capacités d'action; garantir le bon fonctionnement des relations commerciales entre les opérateurs de la chaîne et le contrôle des pratiques déloyales; et enfin, parvenir à un cadre concurrentiel juste et mettre en marche des outils efficaces pour gérer la volatilité du marché et prévenir les risques." Pour le responsable des relations internationales de Coopératives agroalimentaires, Gabriel Trenzado, "le déséquilibre du pouvoir dans la chaîne de valeur entre un secteur agraire 'atomisé' et des clients et fournisseurs 'concentrés' et la volatilité des marchés sont les causes du 'manque de rentabilité et de la difficulté d'investir dans l'avenir". Comme solution, Gabriel Trenzado propose "d'encourager l'intégration coopérative pour qu'elles deviennent des entreprises aux dimensions appropriées sur le marché, ou à travers d'Organisations de producteurs (OP). Des OP, précise-t-il, qui soient des entreprises, et non pas de simples organisations de négociation de prix, puisque ceux qui ne sont pas sur le marché ne peuvent pas résoudre les problèmes qui s'y trouvent. À l'association des jeunes agriculteurs (Asaja), José Ramón Díaz rappelle que les "réformes successives de la PAC ont éliminé ou réduit au minimum les mécanismes de réglementation du marché pour pouvoir faire face de manière plus efficace aux fluctuations de la production et de la disponibilité des produits et répondre à une demande croissante. " " À cet égard, il y a encore beaucoup de travail ", a-t-il ajouté. Miguel Blanco, secrétaire général de la COAG, une association de professionnels agricoles, insiste sur le fait que " face à des politiques orientées vers la dérèglementation généralisée, il est important de renforcer la règlementation de la colonne vertébrale du marché alimentaire, de la chaine agroalimentaire, qui doit être rentable et durable dans leur ensemble ". Pour cela, Miguel Blanco demande de donner aux producteurs les exceptions nécessaires en matière de concurrence et d'imposer une réglementation obligatoire unique pour toute l'UE qui interdise certaines pratiques abusives". Selon lui, il faut "parvenir à un équilibre entre les normes de concurrence, leur application et la réglementation du secteur". Pour l'Union des petits agriculteurs et éleveurs (UPA), "la volatilité des prix et la perte du pouvoir de négociation des agriculteurs dans une chaîne totalement déséquilibrée sont les deux causes principales de la perte de rentabilité du secteur. C'est donc l'un des problèmes à résoudre en priorité dans la prochaine réforme de la PAC." C'est également la raison pour laquelle l'UPA soutient l'inclusion des négociations collectives afin de renforcer la position du secteur primaire, ainsi que l'"établissement d'exceptions claires au droit de la concurrence, en autorisant ces négociations à être effectuées par les producteurs et les organisations du secteur" et en introduisant de nouveaux mécanismes de gestion.
Coût de production de base "Ces mécanismes devraient prendre en considération non seulement les prix du marché, mais aussi les coûts de production de base", a ajouté l'UPA, afin d'avoir un impact positif sur les accords avec les pays tiers, qui n'engendreraient dès lors pas de perte de compétitivité pour les producteurs nationaux. Le groupe de supermarchés Asedas a indiqué que, en matière de distribution, établir "des relations stables à long terme" avec le reste de la chaîne d'approvisionnement était "essentiel pour maintenir l'équilibre des prix. C'est une situation gagnant-gagnant." "La chaîne agroalimentaire espagnole est l'une des plus efficaces du monde et permet aux consommateurs de payer moins cher que la moyenne européenne, 6 % moins cher d'après l'eurobaromètre", a ajouté le groupe. Le groupe ACES, qui représente, entre autres, Carrefour express et Lidl, a souligné que "la logique de marché" était le meilleur moyen de s'assurer que chaque maillon de la chaîne reçoive une rémunération équitable pour le travail fourni. Cependant, son président, Aurelio del Pino, a indiqué qu'une intervention politique était nécessaire en cas de déséquilibres. Il a ajouté que la prochaine PAC devrait miser sur une "meilleure modernisation des infrastructures et une meilleure professionnalisation du secteur".