Les Nations Unies doivent mettre fin au blocage du processus de paix au Sahara occidental en organisant un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, ont indiqué jeudi des pétitionnaires à la Quatrième Commission de décolonisation de l'ONU, soulignant qu'il était temps pour l'organisation onusienne de se "libérer des intérêts égoïstes" de quelques pays. Le député français, Jean-Paul Lecoq, connu pour son soutien à la cause sahraouie, a souligné qu'"en acceptant le cessez-le-feu proposé par l'ONU, les Sahraouis avaient placé leur confiance dans la force de la diplomatie". Mais avec le blocage du processus, il y a le risque de voir "une troisième génération de Sahraouis sacrifiée sur l'autel de la Realpolitik grandit", a-t-il dit. "En jetant l'éponge de la diplomatie", les Sahraouis pourraient envisager des voies moins pacifiques. "Le plus cynique, a-t-il ajouté, est que les hésitations et les blocages au sein de l'ONU favorisent largement le Maroc". Le pétitionnaire a ensuite dénoncé le pillage des ressources naturelles du Sahara occidental "aussi bien par le Maroc que par les entreprises multinationales". M. Lecoq s'est dit alarmé par "une situation d'injustice chronique, la proximité avec l'instabilité sahélienne, et le désœuvrement d'une grande partie de la jeunesse sahraouie". L'élu français a averti que "toutes les conditions sont aujourd'hui réunies pour que la situation bascule dangereusement" dans la région. "L'heure est venue pour que l'ONU se libère des intérêts égoïstes de quelques pays et qu'elle mette fin à ce conflit en organisant un référendum d'autodétermination", a-t-il déclaré. Intervenant de son côté, M. Stefano Vaccari, président du groupe interparlementaire italien d'amitié avec le peuple sahraoui, a souligné à plusieurs reprises que le peuple sahraoui attendait depuis 26 ans l'organisation d'un référendum sur le statut du Sahara occidental, rappelant qu'il était "le seul moyen pour rétablir la loi internationale dans cette zone". Il a ensuite accusé le Maroc d'avoir dressé de nombreux obstacles pour empêcher la tenue de ce référendum. M. Vaccari a espéré que la résolution finale de l'ONU sur cette question saura mettre fin à "l'un des derniers processus de décolonisation encore en cours dans le monde". Prenant la parole au cours de ce débat consacré essentiellement à la question sahraouie, Kamal Bazai, de Projekt Gruppe Westesahara, a dénoncé les violations des droits de l'homme commises par le Maroc. "Les prisonniers politiques sahraouis et les manifestations sont réprimés", s'est-il indigné devant la quatrième commission chargé de la décolonisation. M. Bazai a appelé les Nations unies à "ne pas oublier l'occupation du Sahara occidental par le Maroc", soulignant que "le processus de décolonisation n'a pas été achevé et que le peuple du Sahara occidental attend toujours le référendum d'autodétermination". Le pétitionnaire a estimé que le mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) devrait inclure la surveillance des droits de l'homme, réclamant, par ailleurs, la libération des prisonniers sahraouis.
La volonté marocaine de contrôle de démographie dénoncée S'exprimant lors de la cinquième séance consacrée à la décolonisation des territoires non autonomes, Ahmed Mohamed Fall, de Natural ressources Watch a évoqué la réalité des territoires occupés. Il a dénoncé la politique économique du Maroc et "la volonté de contrôle de la démographie pour faire des Sahraouis une minorité sur son territoire ". "La pêche constitue une grande partie du secteur économique marocain mais les Sahraouis n'en bénéficient pas", a-t-il relevé. "Nous ne possédons que 2,7% des terres agricoles, et il n'y a qu'une dizaine de Sahraouis qui travaillent dans le phosphate", a-t-il indiqué. M. Fall a appelé le Conseil de sécurité à "déterminer une date pour le référendum ou alors laisser le peuple sahraoui obtenir son indépendance, même au prix d'une lutte armée ". Pour sa part, Karim Mustapha de Referendum Now, a expliqué que le Maroc cherchait à pousser les Nations Unies à "déclarer ce conflit comme ingérable, mais avait échoué". "Le peuple du Sahara occidental croit en l'autorité des Nations Unies, contrairement au Maroc. Exercez votre rôle et n'oubliez pas votre responsabilité morale, nous faisons appel à votre conscience humaine", a-t-il ajouté. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non-autonomes, donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur octroi de l'indépendance aux pays et peuple coloniaux, le Sahara occidental, dernière colonie d'Afrique, est occupé par le Maroc depuis 1975, soutenu par la France.
Dénonciation des "sévices subis" par des prisonniers politiques sahraouis dans les geôles marocaines D'autre part, lors du débat de la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, une avocate représentant des prisonniers politiques sahraouis a dénoncé "les sévices subis par ses clients dans les prisons marocaines". Aucun autre des territoires dont cette commission est saisie ne connaît de telles violences massives dirigées contre un peuple qui exerce pourtant une lutte pacifique", a martelé l'avocate, qui a dénoncé des "crimes de masse contre le peuple sahraoui". Le débat centré sur la question de décolonisation du Sahara Occidental et des autres territoires non autonomes comme les Iles Turques et la Polynésie française, devrait s'étaler jusqu'au 10 octobre. Après le débat sur la décolonisation, la commission se penchera du 25 au 30 octobre sur la question des opérations de maintien de la paix et le 31 octobre sur celle des missions politiques spéciales. La commission prévoit également d'examiner en novembre le dossier de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ainsi que le rapport du Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés.