Le mutisme observé par la Banque centrale d'Algérie en matière de politique financière, a été sévèrement critiqué par M. Abdelmalek Serraï, expert et consultant international en économie. Selon lui, "la Banque centrale doit établir des rapports et les publier, pour orienter les opérateurs économiques nationaux et étrangers et pour éviter la spéculation sur les réserves de change". En marge d'une conférence-débat organisée, hier, au centre de presse "El Moudjahid", sur la crise des subprimes et ses effets sur les économies émergentes, Abdelmalek Serraï a appelé la Banque d'Algérie à plus de transparence en matière de communication sur la gestion et le placement des réserves de change. Ce matelas financier de plus de 110 milliards de dollars fait l'objet de toutes les spéculations, ce qui embrouille les pistes pour les opérateurs économiques et les investisseurs étrangers intéressés par le marché algérien. Pis encore, avec la crise financière internationale, le placement des réserves en bons du trésor américains, ou dans les établissements financiers mondiaux, sera une démarche périlleuse de la part de la Banque d'Algérie. Une institution qui se contente, de temps en temps, d'annoncer des chiffres sur la manne financière dont dispose l'Algérie, sans donner plus de détails sur la gestion de ce panier de devises et les taux d'intérêt qui reviennent à la Banque centrale. En outre, les réserves de change de l'Algérie, qui sont a priori, des avoirs en devises étrangères détenues par la Banque centrale et utilisées par les autorités monétaires pour réguler les taux de change, sont très convoitées. Les institutions financières internationales, très impliquées dans la crise des subprimes, font les yeux doux aux pays émergents exportateurs d'hydrocarbures, comme le nôtre, pour draguer leur manne financière. L'Algérie qui possède la coquette somme de 110 milliards de dollars a -t- elle pris un risque en plaçant ses réserves dans les banques internationales ou elle a fait le choix de financer les projets de modernisation des infrastructures avec les réserves de change ? Toute réponse à cette question serait pure spéculation, tant que la banque d'Algérie garde le silence. Pour rappel, en l'intervalle d'une année, le matelas de devises de l'Algérie a augmenté de plus de 32 milliards de dollars, soit une hausse de l'ordre de 42%. Ce niveau des réserves de change représente plus de 4 années d'importations de biens et services de l'Algérie, selon le rythme actuel du volume des importations. Les réserves de change de l'Algérie devraient fortement augmenter en 2008 grâce à la hausse des prix du pétrole. Selon les économistes, elle devrait atteindre 150 milliards de dollars à l'horizon 2010. En sept ans seulement, l'Algérie a multiplié par dix le niveau de ses réserves de change. De 10 milliards de dollars seulement en 2000, le compteur affiche ces derniers mois, le chiffre faramineux de 110 milliards de dollars ! Et même ce niveau est appelé, selon des analystes de la scène économique, à s'élever, d'autant que le prix du baril a atteint son seuil historique de 100 dollars au mois dernier.