La ville de Xi'an, capitale de la province du Shaanxi, accueille lundi le président français, Emmanuel Macron, qui effectue sa première visite d'Etat en Chine depuis son arrivée au pouvoir au printemps 2017. C'est le 4e président français à faire escale à Xi'an durant une visite en Chine. M. Macron est aussi le premier président de la République française à se rendre à Xi'an, point de départ de l'ancienne Route de la soie, depuis le lancement de l'initiative "la Ceinture et la Route", proposée par le président chinois Xi Jinping. M. Xi avait pour sa part choisi Lyon comme première escale de sa visite en France en 2014, alors que la ville est considérée comme point d'arrivée de la Route de la soie. Des experts chinois et français présents au forum 2018 du Charhar Institute sur les relations sino-françaises et sino-européennes, organisé le 4 janvier à Beijing, ont indiqué que quatre présidents français s'étaient rendus à Xi'an, illustrant l'importance qu'ils accordaient au respect de la civilisation chinoise et leur volonté de renforcer le développement des relations bilatérales sur la base de l'histoire ancienne et de la culture. Selon Dong Qiang, directeur de la Section française de l'Université de Pékin, la décision de M. Macron de se rendre d'abord à Xi'an indique qu'il reconnaît la civilisation chinoise et l'initiative "la Ceinture et la Route". Xi'an, qui portait le nom de Chang'an dans l'ancien temps, a connu le pouvoir de 16 dynasties. Le célèbre diplomate et voyageur Zhang Qian, originaire de Hanzhong (Shaanxi), a ouvert la Route de la soie qui a permis de créer un pont entre l'orient et l'occident. Cette longue route a vu des commerçants de différents pays échanger des marchandises transportées à dos de chameaux et des pèlerins voyager pour leurs cultes. Deux mille ans plus tard, la ville de Xi'an s'efforce de devenir pionnier de l'initiative "la Ceinture et la Route" pour renouer avec la prospérité connue à l'époque des Han et des Tang. Quatre présidents français, dont François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, ont nourri un attachement particulier à cette ville et à sa culture. En 2007, M. Sarkozy a lui aussi choisi Xi'an comme première escale et a visité le site des guerriers en terre cuite. M. Chirac est le président français qui s'est rendu le plus de fois à Xi'an. Il pouvait même raconter à sa délégation l'histoire des guerriers enterrés sans interprète. C'est aussi lui qui a qualifié ces guerriers en terre cuite de "huitième merveille du monde". Cette qualification a rendu ce vestige historique mondialement connu, et celui-ci figure désormais sur la liste du patrimoine culturel de l'UNESCO. L'ancien président Mitterrand a également manifesté sa curiosité et son admiration pour ce site regorgeant de soldats en terre cuite. Outre ces guerriers, M. Macron visitera aussi Dayanta (Grande Pagode de l'oie sauvage), dans le centre-ville. Xi'an est capable de rassembler différentes cultures et histoires et des hommes politiques, des militaires et des gens de tous les milieux et de tous les pays. Dans ce sens, l'importance de cette ville, ancien point de la Route de la soie pour la France, s'avère de plus en plus claire. L'initiative "la Ceinture et la Route" du président Xi Jinping a eu un écho et a obtenu le soutien de nombreux pays. Un grand nombre de trains chargés de marchandises vers l'Europe et la France roulent sur cette nouvelle Route de la soie, acheminant non seulement richesse et prospérité, mais aussi paix et bonheur. Le dirigeant chinois de la nouvelle ère et le président Macron s'efforcent d'approfondir les relations sino-françaises établies il y a 53 ans par l'ancien président Mao Zedong et le général de Gaulle. La délégation française accompagnant M. Macron est formée de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et de dirigeants de grandes entreprises. Elle vise à recourir au principe "la culture stimule l'économie", afin de promouvoir, de concert avec la Chine, le développement régulier et sain des relations commerciales sino-européennes.
Les relations progresseront avec stabilité et vitalité "Si la Chine et la France conjuguent leurs efforts en unissant leurs rêves, il ne fait aucun doute que les relations sino-françaises progresseront avec stabilité et vitalité", a estimé Ding Yifan, chercheur de l'Institut du développement mondial, rattaché au Centre de recherche du Conseil des affaires d'Etat chinois sur le développement, lors d'une interview accordée récemment à Xinhua. A l'invitation du président chinois Xi Jinping, le président français Emmanuel Macron entamera sa première visite d'Etat en Chine du 8 au 10 janvier. Durant cette visite, les deux chefs d'Etats feront le bilan de leurs relations bilatérales, définiront la direction de leur future coopération sur les plans politique, économique et culturel, et discuteront des moyens de renforcer leurs relations bilatérales. Ils échangeront également leurs points de vue sur les grandes questions internationales et régionales et discuteront du renforcement de la coopération pour défendre le multilatéralisme, construire une économie mondiale ouverte, améliorer la gouvernance mondiale et travailler ensemble pour faire face aux nouveaux défis de notre planète. Selon M. Ding, économiste et expert des relations franco-chinoises, "les réformes de M. Macron peuvent stimuler l'économie intérieure et donner plus de confiance au peuple français à court terme, mais à long terme, l'effet réel est incertain [...] Le plus grand obstacle de l'économie française se trouve dans le déclin de l'industrie manufacturière et des technologies de pointe". "Le marché offert par la Chine attire les entreprises françaises de toute taille. De nombreux accords commerciaux seront signés au cours de cette visite de M. Macron en Chine pour avoir un meilleur accès au marché chinois", a-t-il expliqué. Quant à la coopération sino-française sur la scène internationale, M. Ding a estimé que la Chine et la France avaient pour responsabilité commune de maintenir la paix et le multilatéralisme. Lors de leur rencontre, les deux présidents pourraient échanger leurs points de vue sur diverses questions internationales, telles que la situation dans la péninsule coréenne. Selon M. Ding, la coopération sur le changement climatique sera une priorité, d'autant plus que la France attache une grande importance à la protection de l'environnement. Toutefois, il existe encore certains défis auxquels les relations franco-chinoises sont confrontées. "D'une part, le gouvernement français veut solliciter l'appui de la Chine pour la construction européenne. Il souhaite aussi relancer l'économie intérieure par le biais d'une coopération mutuellement bénéfique avec la Chine. D'autre part, l'opinion publique française considère la forte compétitivité des entreprises chinoises comme une menace pour l'industrie locale. Certains Français imputent même le chômage et la faillite en France à la concurrence 'déloyale' des entreprises chinoises", a-t-il rappelé. "Il s'agit là d'une contradiction entre l'aspiration du gouvernement et la réaction de l'opinion publique", a-t-il poursuivi. "Au lieu de fermer la porte à la coopération et de s'accuser sans fondement, il faudrait renforcer activement le dialogue et prendre des mesures concrètes", a-t-il estimé. Le regain du protectionnisme et la non-reconnaissance du statut d'économie de marché de la Chine par l'Union européenne (UE) constituent les deux principaux facteurs qui perturberaient la coopération entre la Chine et l'UE, a déploré M. Ding. A l'heure où l'Allemagne est aux prises avec des problèmes internes, et que la France jouisse d'une réputation de puissance européenne stable, elle doit saisir l'occasion de la visite du président Macron en Chine, a estimé l'économiste, pour promouvoir le partenariat stratégique franco-chinois, ce qui renforcera non seulement la position française en Europe et dans le monde, mais contribuera aussi à éliminer des obstacles à la coopération sino-européennes.