Cherchell. Dans cette ville où subsiste une longue tradition culturelle dédiée à la musique arabo-andalouse, se trament quelques idées savoureuses.Faire de cette contrée qu'avait refondée, en l'an 25 av J-C, Juba II, un pôle artistique, mieux encore un havre dans lequel prospérerait dans une promiscuité sans faille, toute forme d'expression artistique. Comme il y a un début à tout, eh bien ! deux hommes ont commencé à le faire : l'un est bijoutier, l'autre est instituteur converti à ses heures perdues en artiste-peintre. Afin d'habituer les Cherchellois à goûter aux curiosités de la vie culturelle, le bijoutier a transformé sa boutique en galerie d'art. Alors qu'ailleurs, les salles sombres se transforment systématiquement en hangar et autres fast-foods, à Cherchell c'est l'inverse qui se passe ! Heureuse naissance qu'est cette petite galerie qui attend encore d'être baptisée. Elle se trouve dans une petite ruelle de la ville, comme un lampadaire à mille feux. Inaugurée par le frangin du sulfureux Baâziz, le peintre Bakhti Abderahmane, cette petite galerie donne un avant-goût de ce que va être la septième édition du Festival des arts plastiques qui se déroule, à chaque fin du mois d'août, à la bibliothèque de Cherchell. L'artiste, qui se situe dans la mouvance surréaliste, est, comme on le voit sur sa peinture, largement inspiré par la culture africaine. Couleur ocre, visage foncé, sa peinture est aussi une expression d'une réalité de sa ville. Bakhti Abderahmane fait dans le figuratif. Ses nuances sont tantôt celles de la Méditerranée, tantôt celles de l'Afrique, ce vivier de glorieuses civilisations antiques. Autodidacte, l'artiste avoue qu'il ne pratique, à aucun moment, l'autocensure, mais donne plutôt libre cours à son subconscient. Il peint par geste nerveux, parfois lucide, l'idée de l'instant. Les Yeux de Leïla est l'un des titres de ses tableaux qui rappellent la mythique légende orientale de Madjnoun-Leïla. Clin d'œil aussi à toute cette culture arabo-andalouse préservée dans cette ville qui porte encore comme un vestige, les “Bellombras”, ces arbres plus que centenaires qui sont restés debouts.