Les territoires de la Tunisie, du Maroc et de l'Algérie sont une mine de phosphate aussi énorme qu'elle puisse faire du Maghreb le premier producteur du monde de ce produit. Les pays du Maghreb, avec plus de 50% de la production mondiale, peuvent contrôler naturellement les prix et l'offre de cette matière et de ses dérivés. Cette situation pousse certains optimistes à rêver d'un "Maghreb du phosphate". Et pourquoi pas d'une "Opep" du phosphate contrôlée par les Maghrébins. Ces mêmes optimistes insistent sur le fait que le Maroc et la Tunisie produisent pour plus de 25% du phosphate à l'échelle planétaire et que le Maroc est le premier exportateur du Monde, ajoutant que le Maroc a aussi de l'expérience hautement acquise dans la recherche, l'exploitation, le transport et le traitement de ce minerai. Ce capital expérience et les moyens financiers des autres pays tel que l'Algérie et la Libye, peuvent et doivent, conluent-ils, aller ensemble pour le bien des peuples du Maghreb. Ce soudain intérêt pour le phosphate maghrébin est également à chercher dans la volonté affichée par l'Algérie à devenir, dans un proche avenir, parmi les grands producteurs mondiaux. En effet, selon le Cabinet d'intelligence économique londonien, Oxford Business Group, dans sa dernière lettre publiée le 2 janvier dernier, consacrée à la production du phosphate en Algérie, elle passera à un niveau de production avoisinant les 30 millions de tonnes de phosphate par an, et engrangera des recettes en devises situées entre sept à huit milliards de dollars par an. Cependant, ce tableau idyllique, dressé par ces optimistes de la construction maghrébine, se trouve terni par, justement le Maroc qui pille le phosphate sahraoui au lieu d'exploiter ses propres richesses. En effet, en plus de la manne qu'il lui procure, le Maroc utilise le phosphate sahraoui comme une arme de pression sur les pays occidentaux. Pourtant, la charte des Nations unies déclare "inaliénables les richesses des territoires occupés, sans la consultation et l'accord préalable des populations de ces territoires". Pour rappel, l'ONU, à travers son Haut conseiller juridique, avait estimé que l'exploitation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental "constitue une violation du droit international". En outre, l'Assemblée générale des Nations unies condamne l'exploitation et la spoliation des ressources naturelles ainsi que toute activité économique portant atteinte aux intérêts des peuples des territoires occupés à l'instar du Sahara occidental. Ce phosphate marocain sur lequel devra se construire le "Maghreb du phosphate" peine à ce vendre. D'ailleurs, l'Australie, pour ne citer qu'elle, le boude en raison de son extraction sur le territoire sahraoui.