“Selon les estimations officielles, à partir de 2020, l'Algérie passera à un niveau de production avoisinant les 30 millions de tonnes de phosphate par an, et engrangera des recettes en devises situées entre sept à huit milliards de dollars par an.” C'est ce qui relève le Cabinet d'intelligence économique londonien, Oxford Business Group, dans sa dernière lettre publiée le deux janvier dernier, consacrée à la production du phosphate en Algérie. Oxford Business Group souligne que l'Algérie vient de lancer un projet de grande envergure visant à faire du pays un des principaux producteurs de phosphate au monde. À terme, le projet permettra la création de 50 000 postes et rapportera des milliards de dollars en termes d'exportation. Le cabinet d'intelligence économique londonien souligne que le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, s'est félicité du niveau de production réalisé l'année dernière, à hauteur de 1,5 million de tonnes, soit plus du double en l'espace de six années. L'envolée du prix des minerais pousse l'Algérie à optimiser ses richesses naturelles. Dans le cadre du projet, Ferphos, principale société de minerais de fer et de phosphate, verra ses capacités de production et de transformation augmenter sensiblement. Le projet, soutenu par le ministère de l'Energie et des Mines ainsi que le ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, entend hisser l'Algérie au troisième rang mondial des producteurs de phosphate à l'horizon 2020, derrière les Etats-Unis et la Chine. Oxford Business Group rappelle les propos de Lakhdar Mebarki, P-DG du groupe Ferphos, estimant que que les premiers indicateurs étaient positifs. “Le volume des exportations jusque-là réalisées nous a confirmé qu'il y a une bonne place pour le phosphate algérien sur le marché international”, a-t-il dit. Néanmoins, Mebarki a fait état des difficultés rencontrées par Ferphos dans le cadre de son expansion internationale, étant donné la concurrence de plus en plus rude. Oxford Business Group indique que Ferphos a répondu favorablement à l'appel lancé par Chakib Khelil pour optimiser la production de phosphate. La société semble être en mesure d'atteindre son objectif pour 2007 fixés à 2 millions de tonnes quand on sait que fin octobre, 1,85 million de tonnes ont pu être produites. La société a déclaré qu'elle projetait d'augmenter sa production à hauteur de 4 millions de tonnes d'ici fin 2010. En vue de doubler sa capacité de production à l'horizon 2010, la société a fait part de son intention de construire une nouvelle unité de transformation à Bouchegouf, à 450 km à l'est d'Alger, qui sera dotée d'une capacité de transformation de 2 à 3 millions tonnes de phosphate par an. De surcroît, deux autres complexes sont également prévus dans les environs de Mdarouche et de Jijel. Cette dernière, située à quelque 350 km à l'est de la capitale, sera dotée d'une capacité de transformation de 12 à 14 millions de tonnes. Les installations seront toutes situées dans les environs du complexe minier de Djebel Onk, dans la wilaya e de Tébessa. Ces complexes industriels seront alimentés en puisant dans les réserves de phosphate du pays, qui sont estimées à hauteur de 2 milliards de tonnes, ce qui est suffisant pour alimenter l'industrie à son niveau actuel de production pendant une période de 65 ans. L'unité de Bouchegouf permettra non seulement l'extraction du phosphate brut, mais aura aussi la capacité de transformer le minerai en engrais, créant ainsi de la valeur ajoutée aux exportations. Ferphos, qui a déjà reçu l'accord initial du Conseil des participations de l'Etat (CPE), est dans l'attente du feu vert final pour pouvoir créer une société mixte en partenariat avec une société étrangère, a déclaré Mebarki. Le principal défi que devra relever Ferphos réside dans les défaillances du système de transports. Le réseau ferroviaire desservant les régions de prédilection de Ferphos ne parvient pas à couvrir les besoins de Ferphos. Selon la presse locale, Ferphos ne réussit à transporter que 1,2 million de tonnes de phosphate par an par voie ferrée, et a par conséquent dû créer sa propre société de transport ferroviaire pour acheminer les 800 000 tonnes restantes. Le port d'Annaba, à partir duquel Ferphos réalise la majeure partie de ses exportations, a aussi besoin d'être modernisé. S'il lui est difficile de gérer les 2 millions de tonnes présentement exportées, les 4 millions de tonnes prévues dans à peine deux ans, le seront encore moins. “Néanmoins, le 15 décembre dernier, le gouvernement s'est engagé à consacrer une enveloppe de 18 milliards de dollars pour moderniser le réseau ferroviaire du pays, y compris l'ouverture d'une nouvelle ligne à Tébessa, ce qui devrait faciliter la tâche à Ferphos”, souligne Oxford Business Group. Synthèse M. R.