Le prix du pétrole new-yorkais, aidé par le regain de vigueur à Wall Street et le repli du dollar, a mis fin à une série de six séances consécutives de baisse tandis que le pétrole londonien s'est légèrement replié. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars, référence américaine du brut, a gagné 9 cents pour clôturer à 59,29 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Il avait reculé de 9,5% la semaine dernière, sa plus importante chute depuis janvier 2016. "Comme sur les autres marchés financiers, l'état d'esprit a changé et la tendance s'est inversée", a remarqué Matt Smith, de ClipperData. A Wall Street les indices sont repartis avec entrain à la hausse après une semaine chaotique, alimentant l'appétit des investisseurs pour les actifs plus risqués. Le dollar de son côté se repliait un peu face à un panier de grandes devises, rendant ainsi moins cher le baril libellé en dollar pour les acheteurs utilisant d'autres devises. Toutefois, a noté Kyle Cooper, du cabinet IAF Advisors, les cours du pétrole ont effacé la majorité de leurs gains en toute fin de séance. Et à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a terminé à 62,59 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 20 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Hausse "préoccupante" aux Etats-Unis "Après le fort repli de la semaine dernière, ce n'est pas un signal très positif", a commenté M. Cooper. "Peut-être les investisseurs sont-ils déjà en train de se positionner pour l'annonce d'une nouvelle hausse des réserves de produits pétroliers aux Etats-Unis dans le rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie attendu mercredi". L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a pour sa part, dans son rapport mensuel diffusé lundi, une nouvelle fois revu à la hausse ses prévisions de production américaine cette année, augmentation qualifiée de "préoccupante" par le cartel. L'Opep s'est en effet associée fin 2016 à 10 autres producteurs, dont la Russie, pour limiter la production. Cet accord, renouvelé jusqu'à fin 2018, ainsi que des perturbations involontaires de la production, notamment au Venezuela, ont fait grimper les prix du pétrole. Mais les industriels américains ont profité de cette opportunité pour développer leurs coûteuses exploitations de pétrole de schiste. Le nombre de puits actifs a encore augmenté la semaine dernière, selon le dernier décompte de l'entreprise de services pétroliers Baker Hughes. La production hebdomadaire aux Etats-Unis a récemment dépassé les 10 millions de barils par jour. "Les investisseurs s'inquiètent; ce qui a fait grimper les prix du brut depuis le mois de septembre, à savoir une demande mondiale robuste, des perturbations de la production et une discipline de l'industrie américaine, pourrait ne pas tenir", ont commenté les analystes de Goldman Sachs. Toutefois, a souligné Phil Flynn de Pruce Futures Group, "les producteurs répondent à la demande. Ils ne pompent pas juste pour le plaisir de pomper, les réserves de pétrole ont plongé aux Etats-Unis et la demande au niveau mondial est au plus haut". L'Opep a d'ailleurs aussi relevé dans son rapport mensuel sa prévision de demande mondiale de pétrole à 98,60 millions de barils par jour, soit une croissance de 1,59 million de barils par jour sur l'année.
L'Opep s'inquiète L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a une nouvelle fois revu à la hausse ses prévisions de l'offre américaine cette année, qui selon elle "demeure préoccupante", alors que les prix ont chuté la semaine dernière. Dans son rapport, l'organisation a revu à la hausse la croissance de l'offre non-Opep pour 2018, croissance qui devrait atteindre 1,40 million de barils par jour (mbj) (contre une croissance de 1,15 mbj attendue le mois dernier) pour atteindre une offre totale moyenne de 59,26 mbj. Les Etats-Unis ont majoritairement contribué à cette révision avec +0,16 mbj. L'Opep a ainsi souligné que "la hausse de la production aux Etats-Unis demeure préoccupante" alors que l'organisation et ses partenaires, dont la Russie, ont scellé fin 2016 un accord de réduction de leur production visant à rééquilibrer l'offre et la demande mondiale et à faire remonter les prix. Si les prix ont bien augmenté depuis, les producteurs privés américains, qui ne sont pas tenus par l'accord, en ont profité pour relancer de plus belle leurs exploitations de pétrole non conventionnel, qui sont redevenues rentables. En janvier, les 14 pays du cartel ont pompé un total de 32,30 mbj, soit une diminution de 8.000 barils par jour par rapport à décembre, selon des sources indirectes. La baisse de la production s'explique principalement par la chute des extractions vénézuéliennes (-47.300 b/j) provoquée par la crise économique et politique qui secoue le pays, et dans une moindre mesure par une production moins élevée en Angola. Elle a en revanche augmenté chez les deux plus gros producteurs du cartel, l'Arabie saoudite et l'Irak, ainsi qu'en Libye. Alors que les prix du pétrole étaient "au plus haut en plus de trois ans" fin janvier, selon le rapport du cartel qui se félicitait des "efforts de rééquilibrage" et de "la croissance économique soutenue", la dynamique a été brisée la semaine dernière. Le pétrole coté à Londres et à New York a ainsi connu sur la semaine sa plus forte chute hebdomadaire en deux ans, pénalisé par la volatilité à Wall Street et la hausse de la production américaine. Le baril de light sweet crude (WTI) et celui de Brent de la mer du Nord ont ainsi perdu respectivement 9,55% et 8,59% sur la semaine, retrouvant leurs niveaux de fin et mi-décembre. L'organisation a en outre légèrement relevé sa prévision de croissance mondiale à 3,8% en 2018 (+0,1 point), entraînant une révision à la hausse de la demande de pétrole, estimée à 98,60 mbj, soit une croissance de 1,59 mbj sur l'année.