L'Ambassadeur de France en Algérie, M. Xavier Driencourt, a considéré, lundi à Constantine, que le dossier mémoriel entre l'Algérie et la France "avance discrètement ou parfois trop discrètement, mais il avance", et ce, lors d'une visite effectuée dans cette ville. S'exprimant lors d'un point de presse, l'ambassadeur de France en Algérie, qui a rappelé que le Président français, Emmanuel Macron, aborde la question de la colonisation de "manière sereine et décomplexée", a indiqué que le dossier mémoriel entre la France et l'Algérie, enregistre "des avancées". Il a évoqué, à ce titre, la restitution des crânes des résistants algériens ainsi que des archives, précisant que le Président Emmanuel Macron a décidé d'avancer "rapidement" sur ce dernier sujet. Concernant le volet économique entre les deux pays, le diplomate français a considéré que le "marché algérien semble difficile, mais demeure avantageux pour les investissements français", ajoutant que "c'est surtout difficile pour les PME qui éprouvent du mal à identifier les bons partenaires". En ce sens, M. Driencourt qui a rappelé que plusieurs visites d'officiels français ont été effectuées en Algérie, a appelé à agir des deux côtés (français et algérien) pour un "partenariat durable". L'ambassadeur de France en Algérie a, par ailleurs, évoqué le problème de l'immigration illégale qu'il a qualifié de problème "majeur que tous les pays concernés doivent régler ensemble". Au cours de sa visite à Constantine, le diplomate a visité, entre autres, les trois universités de la wilaya, l'Institut français, le palais du Bey et l'entreprise des tracteurs agricoles (ETRAG), affirmant que Constantine dispose d'un important potentiel en matière de sous-traitance qui intéresse la France.
Essais nucléaires de Reggane Mémoire déchirée et avenir compromis. 58 ans après "les crimes atomiques" (essais nucléaires) de Reggane, perpétrés par le colonialisme français, plusieurs zones autour de cette région saharienne restent encore contaminées. Depuis cette funeste date du 13 février 1960 à nos jours, les populations de Reggane portent encore les séquelles de ces essais et souffrent des aventures insouciantes et destructrices de l'empire colonial français. Depuis, cette zone vierge, paisible et à la nature intacte a été transformée en un espace de désolation" où l'environnement, les êtres humains, la faune et la flore ont été à jamais affectés. L'exposition des populations à la radioactivité n'a, en effet, pas été sans conséquences sur leur état de santé. Les spécialistes ont, en effet, dénombré plusieurs maladies, jusque-là méconnues dans la région, notamment le cancer et la leucémie. L'environnement, lui aussi, n'a pas été épargné. L'exposition des zones oasiennes à la radioactivité, a provoqué un rétrécissement des terres agricoles ainsi qu'une baisse de débit des ressources hydriques souterraines et, dans certains cas le tarissement de puits. "La région du Tanezrouft, en est un exemple éloquent de cet état de fait, elle qui, après avoir été riche en sites verdoyants très prisés jadis par les caravanes commerciales, est devenue un vaste désert sur des centaines de kilomètres", témoignent les membres de l'association "13 février 1960" de Reggane. A en croire, les prévisions des spécialistes, les émanations radioactives devraient perdurer pendant des milliers d'années mettant les habitants de la région en constant danger.
Un "crime atomique" froidement perpétré ? Qualifier cette barbarie d'essais nucléaire, c'est tenter de décriminaliser se auteurs. Parler d'"Essais", c'est réduire l'hécatombe humaine qui s'en est suivie à "un pétard de laboratoire", insistait, ce mardi, un journaliste de la chaîne 3. En effet, comment parler d' "essais", quand on expose sciemment des êtres humains, tels des rats de laboratoire aux rayonnements nucléaires avec toutes les conséquences que l'on sait ? C'est que dans pareil cas, il ne s'agit en rien d'une " petite expérimentation scientifique ", comme cherche à le faire admettre l'Etat français. C'est d'un "crime atomique", non assumé, à ce jour, qu'il s'agit. Plus d'un demi-siècle après, il est temps que les autorités de l'Héxagone reconnaissent le mal profond qu'elles ont disséminé au Sahara algérien et qu'elles prennent leurs responsabilités, toutes leurs responsabilités en faisant notamment en sorte de dédommager les populations affectées. Celles-ci sont, par ailleurs, en droit de réclamer que les zones où ont été entrepris les multiples tirs nucléaires fassent l'objet de sérieuses mesures de décontamination. Cà n'est que justice.