La Chine et les Etats-Unis ont engagé des négociations en coulisse pour améliorer l'accès des entreprises américaines au marché intérieur chinois, rapporte dimanche le Wall Street Journal. Ces discussions interviennent après des jours de tensions ayant avivé le spectre d'une guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales. Elles portent sur différents secteurs dont l'industrie manufacturière et les services financiers, affirme le quotidien des milieux d'affaires américains citant des sources anonymes. Elles sont menées par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin et le représentant au Commerce Robert Lighthizer côté américain et par Liu He, le "tsar" de l'économie en Chine. MM. Mnuchin et Lighthizer ont envoyé une lettre la semaine dernière à M. Liu dans laquelle ils demandent à Pékin de réduire les taxes imposées aux voitures américaines, d'acheter davantage des semi-conducteurs américains et de permettre un grand accès du secteur financier chinois aux entreprises américaines. M. Mnuchin envisage par ailleurs d'effectuer un voyage à Pékin pour mener à bien ces négociations, affirme encore le Wall Street Journal. "Je suis prudemment optimiste sur la possibilité d'un accord, mais si nous n'y parvenions pas, nous allons appliquer les taxes", a affirmé dimanche M. Mnuchin, sur la chaîne Fox News. Donald Trump a annoncé jeudi dernier que les Etats-Unis imposeraient de nouvelles taxes sur quelque 60 milliards de dollars d'importations chinoises, une nouvelle qui a secoué les marchés financiers. Dès le lendemain, la Chine a répliqué en dévoilant une liste de 128 produits sur lesquels elle appliquera des droits des douanes de 15% à 25% en cas d'échec des négociations entre les deux pays. Au total, ces nouvelles taxes pourraient porter sur 3 milliards de dollars d'importations chinoises.
Séoul accepte des concessions Séoul a reconnu lundi avoir accepté de réduire de 30% ses exportations d'acier vers les Etats-Unis ainsi que la prorogation de taxes américaines sur ses pick-ups pour obtenir la révision d'un traité de libre-échange avec Washington et échapper aux taxes américaines sur l'acier. La Corée du Sud et les Etats-Unis sont des alliés menacés tous deux par une Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire. Mais depuis son arrivée au pouvoir, le président américain Donal Trump n'a eu de cesse de menacer de jeter aux orties un accord de libre-échange conclu en 2012 avec Séoul. L'administration Trump a décidé en juillet de renégocier ce traité appelé KORUS. La semaine dernière, Washington a décidé d'imposer des taxes sur les importations d'acier en provenance de multiples pays, y compris la Chine, réveillant le spectre d'une guerre commerciale. Après des semaines de négociation, les deux parties sont parvenues à un accord "de principe" sur une révision de leur traité de libre-échange (FTA) et les taxes sur l'acier, a annoncé le ministre sud-coréen du Commerce Kim Hyon-chong. L'économie sud-coréenne est fortement dépendante du commerce extérieur et les Etats-Unis sont leur deuxième partenaire. Selon la nouvelle mouture du FTA, Séoul va davantage ouvrir son marché automobile aux constructeurs américains, et accepte de prolonger de 20 ans, jusqu'à 2041, des taxes américaines de 25% sur les pick-ups (véhicules à plateforme arrière). S'agissant de l'acier, Séoul accepte un quota annuel d'exportations vers les Etats-Unis de 2,68 millions de tonnes, soit 70% de la moyenne de ses exportations annuelles sur les trois dernières années. En deçà de ce seuil, l'acier sud-coréen sera exempté des taxes américaines. Au-delà, les exportations sud-coréennes seront pénalisées, a ajouté le ministre. Les négociations furent "féroces" mais "en tant que négociateur, je peux dire que je ne me suis pas senti en position d'infériorité", a-t-il affirmé. Ce n'est pas l'avis du professeur Heo Yoon, spécialiste du commerce international à l'Université Sogang.
Fourches caudines "Les Etats-Unis ont obtenu ce qu'ils voulaient. L'administration Trump avait besoin d'un résultat pour le montrer à ses partisans", a-t-il dit, prévenant qu'à l'avenir, Washington pourrait "imposer des taxes sur les semi-conducteurs", une exportation cruciale pour Séoul. "Je ne sais pas si nous avons encore une monnaie d'échange pour résister aux pressions des Etats-Unis", a ajouté M. Heo. Le président américain dénonçait de longue date un accord "horrible" et "tueur d'emplois", arguant qu'il était déséquilibré, le déficit commercial américain avec Séoul étant monté en flèche. M. Kim a précisé que le nombre de véhicules américains pouvant être importés en Corée du Sud sans avoir à passer sous les fourches caudines des règles de sécurité sud-coréennes sera doublé à 50.000. Les trois grands constructeurs américains, General Motors, Chrysler et Ford, ont exporté chacun moins de 10.000 véhicules en Corée du Sud en 2017, a-t-il dit, laissant entendre que la situation n'allait guère évoluer. A part l'exemption des taxes sur l'acier dans le cadre du quota déterminé, le ministre n'a pas identifié d'autre concession de Washington. Séoul a pu défendre sa "ligne rouge" en matière de produits agricoles et conserver certaines exemptions déjà en vigueur, a-t-il dit. Le ministre a toutefois dit s'attendre à de nouvelles turbulences commerciales avec Washington. "Il y a toujours des risques dans les échanges", a déclaré M. Kim. "Je crois que le président Trump aura deux mandats et qu'il restera huit ans à la Maison Blanche. A mon avis, il y a aura des risques pendant cette période". Les deux parties doivent se retrouver prochainement pour mettre la dernière main à l'accord révisé. La Corée du Sud figure parmi les sept partenaires exemptés temporairement des taxes imposées depuis vendredi par les Etats-Unis sur les importations d'acier et qui visent en premier lieu la Chine. D'après le département américain du Commerce, le déficit américain avec la Corée du Sud est passé de 7,7 milliards de dollars en 2012 à 18,6 milliards en 2015, avant de reculer à 10,3 milliards en 2017.