La Corée du Nord pourrait être en train de préparer un nouveau tir de missile balistique, a prévenu Séoul lundi en renforçant ses systèmes de défense après le plus puissant essai nucléaire jamais réalisé par Pyongyang, qui affirme avoir la bombe H. Séoul et Washington vont déployer en Corée du Sud davantage de lance-missiles Thaad (Terminal High-Altitude Area Defense), le bouclier américain qui provoque la fureur de Pékin, a annoncé le ministère sud-coréen de la Défense. La Corée du Sud a tiré aux premières heures hier une salve de missiles balistiques pour simuler une attaque contre le site d'essais nucléaires nord-coréen. Des photographies ont montré des Hyunmoo, missiles sud-coréens de courte portée en train de s'élancer dans le ciel après avoir été tirés de la côte orientale. Pyongyang a expliqué avoir fait exploser une bombe à hydrogène, fondée sur le principe de la fusion et bien plus puissante que la bombe atomique classique qui utilise le principe de la fission. Le Nord a aussi assuré avoir une bombe assez petite pour être montée sur un missile, que qu'a semblé confirmer le ministre sud-coréen de la Défense Song Yong-Moon. Pyongyang a réussi à miniaturiser l'arme nucléaire de façon à ce qu'elle puisse "être installée sur un missile balistique intercontinental", a déclaré Song Young-Moo au Parlement. Ce sixième essai nucléaire est un nouveau défi au président américain Donald Trump, alors que le Nord a réussi en juillet deux tirs de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) qui ont semblé mettre une bonne partie du continent américain à sa portée. Le Nord menace aussi d'envoyer une salve de missiles à proximité du territoire américain de Guam, dans le Pacifique. Des responsables sud-coréens ont informé le Parlement que la bombe avait une puissance estimée à 50 kilotonnes, soit cinq fois plus que le cinquième test nucléaire nord-coréen de septembre 2016, et plus de trois fois plus que la bombe américaine qui a ravagé Hiroshima en 1945. Des signes que la Corée du Nord "prépare un nouveau tir de missile balistique sont détectés avec constance depuis le test de dimanche", a averti le ministère de la Défense.
'Réponse militaire massive' Il n'a fourni aucune précision sur le moment où il pourrait avoir lieu mais a estimé qu'il pourrait s'agir d'un ICBM qui serait lancé dans le Pacifique afin de faire monter encore la pression sur Washington. Les Etats-Unis ont menacé dimanche le Nord d'une "réponse militaire massive" au cas où il menacerait leur territoire ou celui de leurs alliés. Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis a cependant souligné que les Etats-Unis ne recherchaient pas "l'anéantissement total" de la Corée du Nord. M. Trump a réuni en urgence ses conseillers à la sécurité nationale, s'est entretenu pour la seconde fois du weekend avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Mais pendant plus de 24 heures, il n'a pas parlé au président sud-coréen Moon Jae-In, reprochant au contraire à Séoul de mener une politique "d'apaisement". Le président américain fait le jeu de Pyongyang et risque d'affaiblir une alliance vieille de plusieurs décennies en s'en prenant à la Corée du Sud, en snobant ses dirigeants et en menaçant d'annuler l'accord commercial avec Séoul. En conséquence de quoi, les craintes sont vives à Séoul quant à l'avenir d'une relation vieille de plusieurs dizaines d'années. M. Moon, qui prône une forme de dialogue avec le Nord parallèlement à des sanctions pour le contraindre à revenir à la table des négociations, a demandé aux Nations unies d'adopter de nouvelles sanctions pour "isoler complètement" le pays. Mais M. Trump a critiqué son allié sur Twitter: "la Corée du Sud s'aperçoit, comme je le leur ai dit, que leur discours d'apaisement avec la Corée du Nord ne fonctionnera pas, ils ne comprennent qu'une chose!". Samedi, le président américain avait indiqué qu'il envisageait de retirer son pays de l'accord de libre échange avec le Sud, un texte qui selon les experts est un des piliers de la relation étroite entre deux pays qui sont alliés depuis près de 70 ans. Les attaques inattendues de Donald Trump contre la Corée du Sud ont surpris. Les experts sont convaincus que ses tweets intempestifs aggravent la situation en pleine crise internationale. L'essai nucléaire a été accueilli par un déluge de condamnations internationales, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres évoquant un test "profondément déstabilisateur". Le conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir en urgence hier.
'Solution pacifique' En Chine, les puissances émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont "désapprouvé fortement" l'essai nucléaire de Pyongyang, appelant à "une solution pacifique" des tensions. MM. Moon et Abe ont convenu de travailler pour renforcer les sanctions contre Pyongyang, qui pourtant semble n'avoir cure des sept trains de mesures punitives que lui a déjà infligés l'ONU. Alors que le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin évoquait de possibles nouvelles sanctions, le président Trump a brandi le menace d'arrêter "tous les échanges commerciaux" avec "tout pays faisant des affaires avec la Corée du Nord". De telles mesures auraient des conséquences pour la Chine qui absorbe environ 90% des exportations nord-coréennes. Mais les répercussions sur les Etats-Unis seraient également dramatiques car la Chine, deuxième économie mondiale, est le partenaire économique central de Washington. Les sismologues américains ont mesuré dimanche une secousse d'une magnitude de 6,3 près du principal site d'essais nucléaires nord-coréens. Elle a été ressentie dans certaines parties de la Chine et de la Russie, et suivie d'une réplique peut-être provoquée par un affaissement. D'après l'agence sud-coréenne Yonhap, qui cite les services de renseignements sud-coréens, ce test est le cinquième menée par le Nord dans le tunnel numéro 2 du site de Punggye-ri et il est "vraisemblable qu'il se soit effondré". Le Nord, qui justifie ses programmes nucléaire et balistique par la nécessité de se protéger des Etats-Unis, a en tout cas salué une "réussite parfaite". Quelques heures avant l'essai, le régime nord-coréen avait publié des photos montrant son dirigeant Kim Jong-Un en train d'inspecter un engin présenté comme une "bombe thermonucléaire à superpuissance explosive".