La Chine a sorti l'artillerie lourde mercredi dans son conflit commercial avec Washington, annonçant des droits de douane sur les importations américaines de nombreux produits dont le soja, l'automobile et l'aéronautique, qui pèsent lourd dans la balance. Quelques heures après la publication mardi par l'administration Trump d'une liste provisoire de produits importés susceptibles d'être soumis à de nouveaux droits de douane, Pékin a répliqué avec sa propre liste visant des importations du même montant annuel: 50 milliards de dollars. Ces nouveaux droits de douane marquent une nette escalade vers une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, qui avait pris soin jusqu'à présent de ne pas viser des importations majeures comme le soja et les automobiles. Le montant cumulé des produits visés par les deux pays atteint désormais les 100 milliards de dollars, soit environ 17% des 580 milliards d'échanges commerciaux bilatéraux enregistrés en 2017. "Les Etats-Unis ont violé leurs obligations internationales et mis la Chine dans une situation délicate", a expliqué le ministère chinois du Commerce en annonçant les nouvelles taxes. Seul bémol: le ministère a précisé que la date de l'entrée en vigueur de ces mesures serait annoncée ultérieurement. Pas moins de 106 familles de produits seront frappées de droits de douane de 25%, parmi lesquels automobiles, dont plusieurs types de 4X4, produits chimiques, whisky, cigarettes, soja et avions de moins de 45 tonnes, ce qui exclut a priori le géant Boeing des mesures de rétorsion chinoises. Pékin avait déjà annoncé des mesures de rétorsion contre des produits américains, mais en ce qui concerne le soja, l'enjeu est de taille: la Chine a acheté en 2017 pour 14 milliards de dollars de soja américain. C'est, en montant, le premier produit que le pays asiatique importe des Etats-Unis et le tiers des exportations américaines de soja. Mardi, Washington a publié une liste provisoire de produits chinois visés dans différents secteurs dont l'aéronautique, les technologies de l'information et de la communication ou encore la robotique et les machines. La liste provisoire identifie quelque 1.300 biens mais elle reste soumise à un processus d'examen d'au moins 30 jours avant la publication d'une liste définitive.
'Totalement infondé' En réponse, le ministère chinois du Commerce avait brocardé dans un communiqué "un comportement totalement infondé, typiquement unilatéraliste et protectionniste, auquel la Chine s'oppose en le condamnant fermement". L'ambassade de Chine à Washington a averti que Pékin saisirait la procédure des règlements des différends de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le président Donald Trump a signé le 22 mars "un memorandum ciblant l'agression économique de la Chine". Il avait alors évoqué des mesures punitives contre des importations chinoises d'un montant pouvant atteindre "60 milliards de dollars" pour mettre un terme à ce qu'il affirme être la concurrence "déloyale" de Pékin et le "vol" de propriété intellectuelle. Il avait chargé le représentant pour le Commerce (USTR) de lui soumettre une liste provisoire sous quinze jours, soit avant jeudi. Les Etats-Unis, dont la compétitivité dépend de leur capacité à innover, ont ouvert en août 2017 une enquête au titre de l'article 301 de leur législation commerciale sur des violations supposées des droits de propriété intellectuelle. Washington s'inquiète en particulier du système de coentreprises imposé par Pékin aux entreprises américaines: en contrepartie d'un accès au marché chinois, ces firmes sont obligées de partager avec des partenaires locaux une partie de leur savoir-faire technologique. L'annonce de mardi intervient alors que l'offensive commerciale entre Washington et Pékin était déjà montée d'un cran cette semaine. Le géant asiatique a en effet annoncé lundi avoir pris des mesures de rétorsion contre 128 produits américains dont des fruits et la viande de porc représentant quelque 3 milliards de dollars. Elles répondaient à l'imposition le 8 mars de taxes américaines de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium. M. Trump fait régulièrement du colossal déficit commercial américain (375,2 milliards de dollars en 2017) avec Pékin un cheval de bataille. Il a exhorté les responsables chinois "à réduire, immédiatement, ce déficit de 100 milliards de dollars".
Concurrence "déloyale" Le président Donald Trump a signé le 22 mars "un memorandum ciblant l'agression économique de la Chine". Il avait alors évoqué des mesures punitives contre des importations chinoises d'un montant pouvant atteindre "60 milliards de dollars" pour mettre un terme à ce qu'il affirme être la concurrence "déloyale" de Pékin et le "vol" de propriété intellectuelle. Il avait chargé l'USTR de lui soumettre une liste provisoire sous quinze jours, soit avant jeudi. Les Etats-Unis, dont la compétitivité dépend de leur capacité à innover, ont ouvert en août 2017 une enquête au titre de l'article 301 de leur législation commerciale sur des violations supposées des droits de propriété intellectuelle. Washington s'inquiète en particulier du système de coentreprises imposé par Pékin aux entreprises américaines: en contrepartie d'un accès au marché chinois, ces firmes sont obligées de partager avec des partenaires locaux une partie de leur savoir-faire technologique. L'annonce de mardi intervient alors que l'offensive commerciale entre Washington et Pékin était déjà montée d'un cran cette semaine. Le géant asiatique a en effet annoncé lundi avoir pris des mesures de rétorsion contre 128 produits américains dont des fruits et la viande de porc représentant quelque trois milliards de dollars. Il répondait à l'imposition le 8 mars de taxes américaines de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium. M. Trump fait régulièrement du colossal déficit commercial américain (375,2 milliards de dollars en 2017) avec Pékin un cheval de bataille. Il a exhorté les responsables chinois "de réduire, immédiatement, ce déficit de 100 milliards de dollars". De son côté, Pékin a estimé par la voix de son ministre du Commerce que "la coopération entre la Chine et les Etats-Unis, les deux plus grandes économies mondiales, est la seule option possible." Le conseil économique sino-américain, qui regroupe des entreprises américaines commerçant avec la Chine, a mis en garde mardi contre des actions qui pourraient se traduire par des recours à l'OMC donnant ensuite raison à Pékin.