« L'agronome et la terre » est le titre d'un ouvrage sur le monde agricole et rural en Algérie écrit par l'ancien ministre de l'Agriculture Mohamed Elyas Mesli dans lequel il relance le débat sur le sort des terres publiques fortement parcellisées.La politique foncière est au cœur de l'essai d'Elyas Mesli. Les plus belles terres publiques , ce sont celles reprises aux colons en 1962. Elles sont aujourd'hui distribuées en exploitations collectives ou individuelles avec liberté de gestion pour les exploitants. Conséquence, « cette transition vers la privatisation » qui s'est bloquée depuis 1987 a provoqué une aggravation du morcellement des parcelles, déjà caractéristique de la propriété privée. Mohamed Elyas Mesli tire la sonnette d'alarme quant au morcellement des terres publiques. 350 000 exploitations (environ 45%) sont inférieures à 2 hectares. 62% des exploitations n'atteignent pas 5 hectares. La taille moyenne de l'exploitation est passée de 11,5 hectares en 1973 à 8,3 hectares actuellement. Elle était de 13,2 hectares en 1958 . Et la dégradation se poursuit. Pour l'ancien ministre de l'Agriculture (1991-1993) , une réforme du foncier agricole qui « sécurise» le statut de la propriété est urgente. Et pour l'auteur , très au fait de la réalité du monde agricole, aucune avancée significative dans l'amélioration des rendements n'est possible sans reconstitution de parcelles plus grandes. Ce sont les grandes exploitations agricoles initiées au machinisme moderne qui sont capables de développer et de relancer le secteur. Le débat est donc relancé pour une énième fois sur le sort des terres publiques en panne d'investissements. Leur vente, leur location, leur mise en concession , chaque option est évaluée par l'ancien ministre. Les politiques publiques ont pris un autre parti depuis huit ans. Elles ont injecté de l'argent pour équiper les exploitations, organiser un tournant très controversé vers l'arboriculture, développer l'irrigation au goutte à goutte. Un plan qui patine désormais dans une impasse avec l'explosion des importations de produits alimentaires en 2007 (+ 52%), explique l'auteur de « l'agronome et la terre ». L'ancien ministre de l'Agriculture propose également dans son livre une édifiante répartition de la pauvreté – environ 4 millions d'Algériens- fortement corrélée à la spécialisation agricole de la région. Les zones de céréaliculture sont celles qui souffrent le plus, selon lui. Leurs revenus se sont effondrés. «Un fellah possédant une exploitation de 6 hectares, cas de 17% du nombre total, situé dans une zone essentiellement céréalière, cas de 50%, ne saurait espérer un revenu annuel dépassant 60 000 dinars (600 euros) !», a t-il écrit.