Analysant la flambée des prix des matières premières sur le marché international, l'ancien ministre de l'Agriculture, M Lyes Mesli estime celle-ci était prévisible. “ Les experts internationaux comme les nationaux l'ont dit et écrit depuis plusieurs années. Donc, nous sommes dans un monde de prédateurs où le fort ‘'mange'' le faible. C'est une réalité qu'il faut connaître et qu'il faut avoir en tête ”, a-t-il déclaré jeudi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Est-ce qu'on va pouvoir dépasser la situation ? S'interroge-t-il. Il ne le pense pas parce qu'il “ faut recréer cette agriculture pour cela, il faut le faire dans le long terme. Celui qui plante un arbre n'est pas forcément celui qui le récolte. Si on ne comprend pas cela, on ne comprendra jamais la problématique de la politique agricole. Il y a de fait une politique à long terme. ” Il dira également que “pour recréer l'agriculture, il faut d'abord stabiliser le monde rural, il faut stabiliser le fellah, régler le problème du foncier. Depuis l'indépendance et même avant, nous ne faisons que réformes sur réformes. Jusqu'à quand ? Est-ce qu'un jour on va stabiliser le fellah du secteur public et du secteur privé. Les gens ne sont pas sans savoir que la plupart des terres des propriétés Melk (terres de propriétaires algériens) n'ont pas de titre de propriété. Dans cette condition comment peuvent-ils commercer avec les banques ou avec autrui ? Il faut par conséquent avoir des titres probants. Est qu'on est prêt à aller vers cela !”, explique M. Mesli. L'ancien ministre de l'Agriculture souligne que le gouvernement devrait prendre des mesures pour assainir cette situation. Dans ce cadre, il met l'accent sur la stabilisation du monde agricole, régler le problème de la dette, régler le problème du statut des terres publiques. “ Il faut à mon sens qu'on comprenne une bonne fois pour toute qu'il faut qu'il y ait entre le preneur, c'est-à-dire l'exploitant et le propriétaire, et encore mieux, si c'est l'Etat, un contrat qui lie les deux parties qui ont des droits et des devoirs. Ce n'était ni le cas de l'autogestion, ni de la révolution agraire, ni de la loi 97-19 ”. M Mesli ne pense pas que ce soit le cas de la “ concession ” que préconisée par le gouvernement. “ Il faut un titre probant. Un contrat entre les deux parties. C'est cela pour moi la stabilisation sur les terres publiques et pour les terres privées, il faut donner les titres de propriété ”. A travers ses propos, M. Mesli exprime son opposition à la procédure de concession. “ Pour moi, ce n'est pas la durée qui compte, lorsque j'ai quelque chose, je sent qui je suis stable dans ma décision de travailler la terre, c'est ça qui est fondamental”. Pour lui, le plus important, c'est la “ stabilité. Celui qui travaille la terre, se sent bien chez lui. Pour cela, il faut qu'il y ait des devoirs de la part des deux parties. Est-ce que la future loi va exiger qu'il y ait des droits et des devoirs pour chaque partie, pourquoi pas ”.“ Il va falloir viser quelque chose pour combler le déficit de la production. Quel type d'agriculture veut-on avoir ? Il faut former les gens, rajeunir la population et assainir la situation en donnant les titres de propriétés aux gens et à partir de là, on peut mettre en œuvre la politique qu'on a choisie et certainement, il y aurait des résultats positifs ”, soutient-il “ Si vous donnez de l'argent et de l'autre côté vous dilapidez la terre, cela ne sert à rien. Lorsqu'on dilapide la terre, on n'a pas une bonne politique agricole, malheureusement, c'est ce qui s'est passé depuis très longtemps. Comment faire pour faire prendre conscience à nous tous que la terre est quelque chose qu'on ne peut pas retrouver. Je ne pense pas que nous sommes suffisamment conscients. Nous avons des vœux pieux, nous tous, mais nous ne sommes pas conscients ”, conclura-t-il.