Le pétrole était orienté à la hausse hier matin en Asie, sans toutefois compenser les fortes pertes enregistrées la veille, sur fond d'inquiétudes quant à l'offre mondiale. Vers 04h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en février, progressait de 14 cents à 52,10 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le prix du baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mars, gagnait 19 cents à 55,13 dollars. "Le marché attend toujours confirmation de la mise en œuvre de l'accord de l'Opep", a déclaré Jingyi Pan, analyste chez IG Market. Le 1er janvier, le cartel a fait entrer en vigueur deux accords, l'un en son sein et l'autre avec des pays extérieurs comme la Russie, pour réduire la production générale, mais des doutes demeurent sur leur concrétisation, faute de données concrètes avant la fin du mois. En conséquence, les cours, qui avaient profité ces dernières semaines de ces accords, ont pâti lundi d'éléments défavorables venus du cartel. "On s'attend à une hausse des réserves (américaines) de pétrole cette semaine", a ajouté Jingyi Pan. Toute hausse des réserves pétrolières aux Etats-Unis est interprétée comme un recul de la demande de la première économie mondiale, ce qui pèse sur les cours. Pris par quelques inquiétudes Les cours pétroliers ont fortement baissé la veille, le marché se laissant envahir par la crainte d'une offre élevée chez différents pays producteurs, même si certains observateurs jugeaient ce repli accentué par des considérations techniques. Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a perdu 2,03 dollars à 51,96 dollars sur le contrat pour livraison en février au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a cédé 2,16 dollars à 54,94 dollars sur le contrat pour livraison en mars à l'Intercontinental Exchange (ICE). "Une certaine incertitude règne sur la capacité des pays producteurs à mettre en œuvre des baisses de production", a mis en avant Gene McGillian, de Tradition Energy, en référence aux pactes conclus fin 2016 par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le cartel a fait entrer en vigueur le 1er janvier deux accords, l'un en son sein et l'autre avec des pays extérieurs comme la Russie, pour réduire la production générale, mais des doutes demeurent sur leur concrétisation, faute de données concrètes avant la fin du mois. En conséquence, les cours, qui avaient profité ces dernières semaines de ces accords, ont pâti lundi d'éléments défavorables venus du cartel. En premier lieu, "on a pris connaissance de chiffres élevés sur les exportations irakiennes", notamment du terminal de Bassorah dans le Sud, a rapporté M. Yawger. Certes, ces chiffres remontent à décembre, mais ils font craindre un manque de volonté de l'Irak, à qui les accords de l'Opep imposent une forte baisse de production alors qu'il avait semblé traîner des pieds lors des négociations. "Parmi les pays qui se sont engagés à réduire leur production, l'Irak pourrait être le premier à excéder ces quotas dès le début", a expliqué M. Yawger. "C'est vraiment ce qui inquiète le marché." Les observateurs s'inquiétaient aussi des intentions de l'Iran, même s'il est exempté de réduire sa production après avoir fait son retour l'an dernier sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions, car des articles de presse ont fait état de ventes élevées à l'international le mois dernier. "De plus, ce qui commence à faire consensus, c'est que la production va augmenter aux Etats-Unis, comme en témoigne l'accélération des forages depuis six mois", a ajouté M. McGillian. Selon un décompte établi chaque vendredi par le groupe Baker Hughes, le nombre de puits en activité aux Etats-Unis a encore augmenté la semaine dernière, laissant craindre que les producteurs américains profitent de la place laissée par l'Opep et les autres signataires des accords de baisse de l'offre. Bons signes Reste que "le marché continue à se maintenir entre 50 et 55 dollars", a relativisé M. McGillian. Plusieurs analystes avançaient que le repli de lundi obéissait largement à des raisons techniques, les investisseurs évitant de pousser leur avantage après un bond des cours au plus haut depuis un an et demi. "Il faut garder à l'esprit que c'est un marché sur lequel il y a eu beaucoup de paris à la hausse", ce qui l'expose à des replis dès que le ton de l'actualité apparaît moins favorable, a remarqué M. Yawger. De fait, parallèlement aux mauvaises nouvelles de l'Irak ou de l'Iran, d'autres pays producteurs ont envoyé des signaux a priori positifs, sans que le marché paraisse y réagir. "Le marché ne réagit plus à des annonces de baisse de production chez des pays de la péninsule arabique", notamment l'Arabie saoudite et le Koweït, a souligné dans une note Tim Evans, de Citi, citant aussi des annonces semblables en Russie. "Beaucoup d'acteurs du marché sont déjà passés à l'achat dans l'idée que le marché allait se rééquilibrer et les prix monter" et risquent donc de mettre fin à ces spéculations en repassant à la vente quand bien même les accords seraient bien respectés, a-t-il conclu. La Russie abaisse la production La Russie a abaissé sa production pétrolière de 100.000 barils par jour (bpj) environ début janvier, par rapport au mois précédent, conformément à un accord passé avec l'Opep en vue de réduire les extractions mondiales. La production de pétrole et de condensats a été de 11,1 millions bpj en moyenne du 1er au 8 janvier, selon les deux sources, contre 11,21 millions en décembre et 11,247 millions en octobre, niveau de référence pour calculer les coupes en accord avec l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Cette réduction intervient alors que la Russie connaît une vague de froid, en particulier en Sibérie occidentale, sa principale région productrice, où les températures peuvent descendre jusqu'à -60°C. Le ministre de l'Energie Alexandre Novak a dit que le nouvel objectif de production était de 10,947 millions bpj, précisant que la Russie voulait réduire la production de 200.000 bpj au premier trimestre puis de 300.000 bpj, comme cela a été convenu avec l'Opep. Au sein même du cartel, l'Arabie saoudite a réduit sa production de 486.000 bpj au moins, à 10,058 millions en janvier, respectant ainsi pleinement le compromis passé entre l'Opep et de producteurs hors Opep, selon une source du Golfe. Pour autant, beaucoup d'analystes pensent que la production pétrolière russe augmentera cette année et atteindra même un niveau sans précédent en raison de l'entrée en service de nouveaux gisements. "Nous pensons que la production de brut et de condensats russe ne diminuera que progressivement par rapport aux niveaux de production notables de septembre à décembre 2016 et atteindra l'objectif de réduction annoncé de 300.000 bpj à la fin du premier semestre 2017", écrivait la semaine dernière le consultant JBC Energy. "D'une année sur l'autre, toutefois, nous pensons que la production de brut russe augmentera de 170.000 bpj à 11,14 millions bpj en moyenne en 2017". Engagements encourageants Le ministre koweïtien du pétrole a indiqué lundi que les engagements de réduction de production annoncés par certains des principaux producteurs mondiaux de pétrole, dans le cadre d'un accord visant à faire remonter les prix du brut, étaient encourageants. "Jusque-là, tous les producteurs du Golfe, l'Irak et la Russie ont annoncé leurs engagements à réduire leur production. Ils représentent entre 60 et 70% des baisses promises", a déclaré Essam al-Marzouk, dont le pays dirige un comité chargé de surveiller la mise en place de la baisse de l'offre des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Les membres de l'Opep étaient tombés d'accord en novembre de réduire leur production de 1,2 million de barils par jour (mbj) à partir du 1er janvier. En décembre, des producteurs non membres du cartel, emmenés par le plus grand producteur mondial de brut, la Russie, avaient décidé de faire de même à un niveau de 600.000 barils par jour. Ces réductions visent à permettre au marché de se rééquilibrer alors que la surproduction pèse sur les cours. "Nous nous attendons à ce que le respect des réductions soit conséquent en raison de leur impact à la hausse sur les prix", a ajouté M. Marzouk lors d'une conférence de presse après une rencontre avec le secrétaire général de l'Opep Mohammad Barkindo. Le ministre koweïtien a par ailleurs expliqué que les mécanismes de contrôle des réductions des membres de l'Opep et pays non-Opep n'étaient pas encore finalisés mais le seraient lors de la prochaine réunion du comité, les 21 et 22 janvier à Vienne.