L'inflation sur un an en mai aux Etats-Unis a atteint un sommet en six ans, s'installant autour de la cible de la banque centrale (Fed), ce qui devrait conforter celle-ci dans son intention de poursuivre une hausse des taux d'intérêt graduelle. Sur le mois, l'indice des prix basé sur les dépenses de consommation, mesure préférée de la Réserve fédérale américaine pour observer l'évolution des prix, a augmenté de 0,2%, comme s'y attendaient les analystes, portant la progression à + 2,3% sur un an, a dévoilé le département du Commerce vendredi. L'inflation est ainsi passée pour la première fois depuis mars 2012 au-dessus de la barre des 2% l'an, où elle stagnait depuis deux mois. Si la hausse des prix de l'énergie a aidé, l'inflation annuelle sous-jacente --sans les secteurs volatils de l'alimentation et de l'énergie-- a elle aussi atteint un sommet en six ans à 2%, touchant également l'objectif de la Fed. Sur le mois, les prix hors énergie ont augmenté de 0,2%. Cette progressive remontée de l'inflation devrait convaincre les membres de la Fed de poursuivre un resserrement graduel de ses taux directeurs. La Réserve fédérale a relevé les taux deux fois cette année et deux autres hausses de 25 points de base sont a priori attendues d'ici la fin de l'année alors qu'ils se situent actuellement entre 1,75% et 2%. "Avec cette inflation qui montre de la résilience autour de la cible de 2% de la Fed, nous continuons à anticiper un total de quatre relèvements des taux en 2018 à moins que la politique commerciale ne gâche ces plans", souligne Gregory Daco d'Oxford Economics. La prochaine réunion monétaire de la Fed est prévue les 31 juillet et 1er août. Pour autant, les analystes s'attendent plutôt à une hausse en septembre.
Consommation décevante Le département du commerce a également publié vendredi l'évolution des dépenses et revenus des ménages. Ceux-ci ont augmenté en mai davantage (+0,4%) que les dépenses de consommation qui ont été décevantes, selon l'indice PCE publié vendredi. La progression des dépenses des ménages a ralenti à 0,2% en mai après avoir fait un bond de 0,6% et 0,5% en mars et avril. Les analystes s'attendaient à une consommation plus dynamique (+0,4%). Mais pour Gregory Daco d'Oxford Economics, la progression de la consommation au deuxième trimestre va être solide et remonter autour de 2,8%, au lieu de 0,9% au premier trimestre, ce qui va tirer la croissance du PIB d'avril à juin. En mai, ce sont les ventes de biens durables qui ont ralenti (-0,1%), tirées vers le bas par des ventes automobiles plus faibles. "Une partie de la mollesse des ventes reflète une chute des ventes automobiles et des dépenses moindres dans les services d'utilité publique", comme l'électricité, ont estimé les analystes de Capital Economics. Les dépenses dans les services ont, eux, augmenté de 0,2% comme en avril tandis que les revenus des ménages ont accéléré comme prévu de 0,4% en mai après +0,2% en avril (révisé en baisse). Le dynamisme du marché de l'emploi semble pousser les salaires à la hausse, a également noté Michael Pearce, de Capital Economics, soulignant que le taux d'épargne a ainsi pu remonter un peu à 3,2%. Le revenu disponible après impôt a enfin augmenté de 0,4%, sa plus forte hausse depuis janvier.
La croissance révisée en baisse à 2% La croissance économique des Etats-Unis a été révisée en baisse au premier trimestre, décevant les attentes des analystes, selon l'estimation finale du département du Commerce publiée. Le Produit intérieur Brut (PIB) américain n'a finalement progressé que de 2% en rythme annuel pendant cette période, au lieu de 2,2%, selon l'estimation précédente. Les analystes s'attendaient à ce que cette évaluation soit confirmée. Pour le deuxième trimestre, les économistes prévoient un bond de l'expansion grâce aux réductions d'impôts de l'administration Trump. La première estimation en sera publiée le 27 juillet. De janvier à mars, la consommation, locomotive traditionnelle de la première économie mondiale, a affiché une médiocre progression de 0,9%. C'est le rythme le plus faible depuis le milieu de 2013. Les exportations, cheval de bataille de l'administration Trump, ont finalement progressé moins que prévu (+3,6% au lieu de +4,2% précédemment estimé), la déception des ventes de marchandises (+3,4% au lieu de +5,4%) n'étant pas compensée par de meilleurs contrats dans les services. Alourdissant le solde des échanges, les importations ont en outre progressé plus rapidement (+3,2% au lieu de +2,8%). La reconstitution des stocks a été moins solide qu'anticipé. Au rang des bonnes nouvelles, les investissements non-résidentiels des entreprises ont grimpé plus que prévu (+10,4%) avec une progression des revenus des droits de propriété intellectuelle (+13,2%). Les dépenses du gouvernement ont apporté aussi une contribution positive augmentant de 1,3%. Signe de l'installation d'une inflation un peu plus soutenue, l'indice des prix PCE, hors énergie et alimentation, a progressé de 2,3% au premier trimestre, sur un an. Cet indice trimestriel est le plus élevé en sept ans, alors que l'inflation est obstinément restée toutes ces années sous la barre des 2% l'an souhaitée par la banque centrale américaine (Fed). Davantage que sur les chiffres du premier trimestre qui sont déjà anciens, l'intérêt des économistes se focalise sur les résultats du deuxième trimestre qui s'achève cette semaine. Le secrétaire au Trésor de Donald Trump, Steven Mnuchin, un des architectes de la réforme fiscale destinée à doper la croissance, a assuré mercredi qu'"un très bon chiffre se profilait". Il a repris à son compte la prévision de la Fed d'Atlanta qui tablait mercredi sur un bond de la croissance de 4,7% en rythme annuel au deuxième trimestre.