Les cours du pétrole reculaient mercredi en Asie, en raison des craintes sur les conséquences pour l'économie mondiale de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Vers 03H20 GMT, le baril de "light sweet crude" (WTI), la référence américaine du brut, pour livraison en août, perdait 57 cents, à 73,54 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent de la mer du Nord, principale référence sur le marché mondial, reculait de 75 cents à 78,11 dollars. La Chine a accusé les Etats-Unis de vouloir "détruire" le commerce entre les deux pays, après les nouvelles menaces de Washington d'imposer des droits de douane punitifs sur 200 milliards de dollars d'exportations chinoises. Ces menaces ne constituent pas une surprise car le président américain Donald Trump avait prévenu qu'il agirait de la sorte si Pékin optait pour l'escalade après la mise en œuvre la semaine dernière des premières mesures protectionnistes américaines portant sur 34 milliards de dollars. "Les prix des matières premières sous pression, emmenés par les marchés pétroliers, les investisseurs sachant parfaitement qu'une guerre commerciale totale soulèvera des inquiétudes sur la croissance économique mondiale susceptible de réduire la demande de pétrole", a déclaré Stephen Innes, analyste chez Oanda.
Les problèmes de production se multiplient Les cours du pétrole ont avancé mardi alors que les problèmes de production se multiplient à travers le monde, faisant craindre un déficit de l'offre dans un marché considéré comme étroit. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a fini à 78,86 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 79 cents par rapport à la clôture de lundi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat d'août a avancé de 26 cents à 74,11 dollars. Des tensions entre Royal Dutch Shell et des employés ont conduit mardi à la fermeture d'une plateforme norvégienne. Le débit concerné par ces perturbations est d'environ 23.000 barils de brut par jour. "Les quantités en jeu sont peu élevées mais elles viennent s'ajouter à la liste des pays qui connaissent des perturbations. Au bout du compte chaque petit événement dans un marché extrêmement étroit vient provoquer la nervosité des marchés", a observé Mike Lynch de SEER. Du côté du Canada, "l'offre va rester réduite" alors qu'une mine de sables bitumineux a dû arrêter son activité en raison de pannes, a notamment souligné Benjamin Lu, analyste chez Phillip Futures. "Selon les dernières informations de Syncrude (exploitant de la mine), une partie de la production devrait revenir dans la deuxième moitié de juillet, mais la mine ne repartira à plein régime seulement qu'en septembre", a relevé Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. En ajoutant les perturbations en Iran, au Venezuela, en Angola et en Libye, "même si l'Arabie saoudite a promis d'augmenter sa production, les investisseurs estiment que les réserves de brut vont s'amenuiser", a-t-il ajouté. Dans ce contexte, "la volonté des Etats-Unis d'empêcher l'Iran d'exporter son pétrole aggrave la pression haussière sur les prix" et représente une stratégie "paradoxale" de la part de Washington, a affirmé M. Lynch, dans la mesure où le président américain Donald Trump contribue à faire monter les prix tout en pestant contre leur hausse. "Il ne faut pas non plus complètement oublier qu'il y a d'autres sources de pétrole sur les marchés", ont tempéré les analystes de Barclays, qui estiment que les gouvernements de pays consommateurs pourraient débloquer leurs réserves de secours pour éviter que le prix trop élevé du baril ne pèse sur leurs économies. A cet égard, les observateurs du marché attendaient avec impatience les données hebdomadaires sur les réserves commerciales américaines qui offrent également un aperçu du niveau des réserves stratégiques. L'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) publiera ses chiffres mercredi, tandis que la fédération professionnelle fera état de ses données indépendantes mardi soir. Pour la semaine achevée le 6 juillet, les analystes tablent sur une baisse de 3,88 millions de barils des stocks de brut, d'un million de barils de ceux d'essence et sur une hausse d'un million de barils de ceux d'autres produits distillés (gazole et fioul de chauffage).