Le dégel des relations entre l'Ethiopie et l'Erythrée ainsi que leur engagement en faveur de la paix a pris forme, lundi, par l'inauguration de l'ambassade érythréenne en éthiopie, un pas vers le rétablissement des liens diplomatiques entre les deux pays voisins de la Corne de l'Afrique décidés à mettre en œuvre pleinement l'accord de paix signé à Alger en 2000. Une importante réalisation qui va certainement aider les deux parties d'aller de l'avant sur le plan diplomatique et la concrétisation de leur aspirations communes, ont estimé les deux parties. Le président érythréen Issaias Afwerki, accompagné du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a ainsi inauguré lundi l'ambassade de son pays en Ethiopie, quelques jours après que les frères ennemis de la Corne de l'Afrique eurent mis fin à vingt ans d'hostilité. Le chef d'Etat érythréen a entamé il ya trois jours une visite historique en Ethiopie et il a promis à son début de poursuivre le rapprochement avec ce pays voisin.
Une époque de guerre, déjà lointaine Le séjour du président Issaias Afwerki en Ethiopie a permis de dévoiler la grande importance qu'accordent les deux pays à la paix et à sa réalisation afin de mettre un terme à vingt ans de conflit . Les déclarations et les promesses faites des deux camps dessinent un avenir radieux pour les ennemis d'autre fois. Les deux pays ont signé, la semaine dernière, une déclaration conjointe formalisant leur rapprochement et prévoyant une reprise du commerce, des transports, le rétablissement des liens diplomatiques ainsi que la mise en œuvre de l'accord d'Alger sur le respect de la frontière. Des vols directs reliant les deux capitales doivent reprendre cette semaine. "Nous ne sommes plus les peuples de deux pays. Nous sommes un", a déclaré Issaias Afwerki devant les élites politiques et culturelles dans un palais de la capitale éthiopienne construit à une époque où les deux voisins formaient une même nation. "Nous irons de l'avant ensemble", a poursuivi le chef de l'Etat érythréen en entamant samedi dernier une visite de trois jours en Ethiopie. Ce déplacement inédit survient après que M. Abiy eut effectué plutôt une visite à Asmara qui a permis de concrétiser une initiative de paix lancée par le chef du gouvernement réformateur éthiopien, arrivé au pouvoir en avril dernier. De 1998 à 2000, l'Ethiopie et l'Erythrée, deux pays voisins de la Corne de l'Afrique, étaient entrés dans un conflit armé qui a fait quelque 80.000 morts, notamment en raison d'un désaccord sur leur frontière commune. Le refus éthiopien d'appliquer une décision en 2002 d'une commission soutenue par l'ONU sur le tracé de la frontière a ensuite entretenu une longue animosité entre les deux pays. Mais le mois dernier, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé la volonté de l'Ethiopie d'appliquer pleinement l'accord de paix signé en 2000 à Alger avec l'Erythrée et les conclusions, deux ans plus tard, de la Commission internationale indépendante sur la démarcation de la frontière. L'Erythrée a obtenu son indépendance de l'Ethiopie en 1993.
La communauté internationale salue l'engagement pour la paix La signature de la Déclaration conjointe de Paix et d'Amitié entre l'Erythrée et l'Ethiopie et l'engagement des deux pays voisins à rétablir des relations diplomatiques ont été salués par la communauté internationale qui a encouragé tous les acteurs concernés à apporter leur aide à ce processus de paix. Cette déclaration est un évènement historique significatif, qui aura des conséquences positives étendues dans la Corne de l'Afrique et au-delà, a estimé le Conseil de sécurité de l'ONU. Les membres du conseil ont salué l'engagement de l'Erythrée et de l'Ethiopie à travailler ensemble à la paix, au développement et à la coopération dans la région, et se sont dits impatients de voir l'Erythrée participer activement au bloc commercial régional de l'Autorité intergouvernementale pour le Développement (IGAD). L'Erythrée s'est retiré de l'IGAD en 2007, mais y a été réadmis en 2011. Pour l'Algérie, elle accueille avec satisfaction la décision des deux pays de mettre en œuvre pleinement l'accord d'Alger signé le 12 décembre 2000 ainsi que les conclusions de la Commission sur la démarcation des frontières. Des développements "encourageants qui méritent tout l'appui de la communauté internationale sont de nature à contribuer au règlement définitif du conflit frontalier" entre les deux pays. Dans un message de félicitations adressé à son homologue érythréen, Asaias Afwerki, à l'occasion de la fête nationale de son pays, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a réitère sa détermination à poursuivre l'action avec Afwerki pour unifier les efforts communs en vue de concrétiser les objectifs de l'Union africaine (UA) dans les domaines de la paix, de la stabilité et du développement. Les récentes décisions annoncées par l'Ethiopie et l'Erythrée visant l'ouverture d'un "nouveau chapitre" dans leurs relations ont été également salué par le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, relevant que la paix entre les deux pays est "tributaire du respect complet de l'accord d'Alger". Le responsable africain a appelé "les deux parties à persévérer sur cette voie afin d'ouvrir un nouveau chapitre de coopération et de bon voisinage entre les deux pays", tout en félicitant "l'Ethiopie et l'Erythrée, ainsi que leurs dirigeants, pour ces mesures audacieuses et courageuses". Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a affirmé, tout en saluant l'adoption de la Déclaration conjointe de paix et d'amitié, que cette dernière offrira aux deux pays de la Corne de l'Afrique "l'opportunité de se concentrer sur leurs aspirations communes". Le chef de la diplomatie américaine a souligné que les Etats-Unis étaient prêts à soutenir ce processus en encourageant toutes les parties à travailler dans la transparence et la confiance.