La compagnie américaine Innophos a annoncé dans un communiqué l'arrêt des achats de minerai de phosphate sahraoui, une décision constituant un nouveau revers pour le Maroc qui poursuit le pillage illégal des ressources du Sahara occidental. "Dans le cadre de l'engagement d'Innophos à l'égard de la responsabilité sociale globale et de la bonne gestion des entreprises, Innophos ne participera plus indirectement à la chaîne d'approvisionnement en matières premières provenant de la région du Sahara Occidental en Afrique. " Client clé du phosphate du Sahara occidental, Innophos Holdings a cessé ses achats directs auprès de l'exportateur marocain au Sahara occidental, mais a maintenu son approvisionnement en phosphate sahraoui auprès de la compagnie canadienne d'importation de fertilisants PotashCorp, baptisée aujourd'hui Nutrien INC après sa fusion avec un autre importateur canadien Agrium INC. "La compagnie n'a pas effectué des achats directement (du Sahara occidental) depuis trois ans", a précisé Innophos dans son communiqué. Par cette décision, Innophos met fin à son implication dans la commercialisation illégale des ressources sahraouies. L'observatoire des ressources du Sahara occidental, a révélé dans son rapport 2016 sur le commerce mondial des phosphates du Sahara Occidental, que la compagnie américaine Innophos avait été un acheteur clé de phosphate provenant du Sahara occidental. Les deux usines de Nutrien INC, et Innophos à Geismar en Louisiane sont reliées par un pipeline transportant les dérivés de phosphate. La compagnie américaine avait admis dans son dernier rapport annuel de 2016 l'achat du minerai conflictuel à travers PotashCorp. "Nous sommes également soumis à des risques découlant des conditions sociales et politiques locales dans les juridictions d'où provient le minerai de phosphate qui soutient nos activités", a souligné le groupe dans son rapport. "Le minerai de phosphate utilisée par PCS (PotashCorp) pour approvisionner en MGA (Merchant Grade Acid) notre usine de Geismar, en Louisiane est l'objet de ces conditions politiques et sociales au Sahara occidental, où PCS s'approvisionne en minerai de phosphate, territoire qui a connu une longue histoire de bouleversements sociaux et politiques", a-t-il constaté. Lundi, l'Association pour la surveillance des ressources et la protection de l'environnement au Sahara occidental (AMRPENWS) a salué la décision de la compagnie américaine, qualifiant cette démarche de nouvelle victoire pour la question sahraouie.
Une décision saluée L'Association pour la surveillance des ressources et la protection de l'environnement au Sahara occidental (AMRPENWS) a salué la décision de la société américaine (Innophos holdings) qui a suspendu ses opérations d'importation du phosphate provenant du Sahara Occidental, qualifiant cette démarche de nouvelle victoire réalisée par la question sahraouie. Reprenant des informations communiquées par le site "Business Wire news", l'association a indiqué dans un communiqué diffusé par l'Agence de presse sahraouie (SPS), que "dans le cadre des acquis réalisés par la question nationale au double plan continental et international, la société internationale "Innophos Holdings", cotée à la bourse Nasdaq, a annoncé sa décision de suspendre définitivement l'importation du phosphate originaire du Sahara Occidental, et ce, dans le cadre de son initiative stratégique pour la réorganisation de ses politiques et son engagement en faveur de la responsabilité collective des sociétés". L'AMRPENWS rappelé dans ce sens que la société américaine a suivi l'exemple d'une firme canadienne, son fournisseur principal en phosphate, impliquée dans l'importation de la moitié du phosphate sahraoui depuis 2013 et qui a décidé, suite à d'importantes pressions, d'arrêter sa contribution au pillage des ressources sahraouies. " Nous saluons cette courageuse décision et nous la considérons comme une nouvelle victoire qui vient s'ajouter aux victoires réalisées par le peuple sahraoui. Nous appelons la société américaine à présenter ses excuses au peuple sahraoui pour toutes ses anciennes activités. " L'Association avait appelé, récemment, l'ONU et le Conseil de sécurité à intervenir en urgence pour mettre fin au pillage du phosphate sahraoui estimé à plus de 61.000 tonnes. Elle a réitéré, à ce titre, sa détermination à poursuivre "l'observation et le suivi, voire la mise à nu des pratiques de ces navires, non seulement au Sahara Occidental, mais également à travers tous les ports du monde et par tous les moyens", mettant l'accent sur le fait que toute activité étrangère exercée à l'intérieur du Sahara Occidental est "une consécration et une légitimation" de l'occupation et de la souffrance du peuple sahraoui. Un nouveau rapport annuel de l'Observatoire des ressources du Sahara Occidental (WSW), publié en avril 2018, avait révélé qu'une quantité de plus de 1,5 million de tonnes de phosphate provenant du Sahara occidental occupé pour une valeur de plus de 142 millions de dollars, a été exportée illégalement par le Maroc en 2017. En 2017 "un volume de 1,59 million de tonnes, d'une valeur estimée à 142,74 millions de dollars ont été expédiés illégalement dans 27 vraquiers", souligne le 5eme rapport "P pour Pillage" de 48 pages de WSRW sur le phosphate du Sahara occidental. Au total, 6 entreprises dans 5 pays à l'échelle internationale ont importé du phosphate provenant du Sahara occidental en 2017, et environ 70 entreprises dans le monde ont été identifiées comme possédant ou exploitant les navires qui effectuent les transports du minerai. En 2012, il y avait 15 importateurs dans 12 pays.