Les cours du pétrole ont terminé en petite baisse mercredi à l'issue d'une séance indécise, les acteurs du marché hésitant à s'engager à la veille d'un important sommet de l'Opep et de la diffusion d'un rapport sur les stocks américains. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a cédé 52 cents pour finir à 61,56 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. A New York, le baril de référence WTI pour livraison en janvier a perdu 36 cents pour clôturer à 52,89 dollars. "Il ne s'est quasiment rien passé aujourd'hui", a observé Matt Smith de la société de recherche ClipperData. Les échanges sont d'une part restés très limités aux Etats-Unis, où les marchés des actions et des obligations étaient fermés à l'occasion des obsèques nationales de l'ancien président Georges H. W. Bush. Surtout, a noté M. Smith, "on attend le début du feu d'artifice avec la réunion jeudi et vendredi de l'Opep", l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Les membres du cartel, ainsi que d'autres grands pays producteurs dont la Russie, doivent décider à Vienne s'ils prolongent ou non l'accord par lequel ils se sont engagés fin 2016 à réduire leur production. L'agence officielle russe TASS a affirmé que la Russie discutait d'une extension de l'accord de limitation de la production de pétrole jusqu'à fin 2019. Mais mardi, le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, avait semé le trouble en jugeant "prématuré" d'affirmer que l'Opep et ses partenaires s'accorderaient sur une baisse. En parallèle, le président américain Donald Trump a une nouvelle fois tenté de faire pression mercredi en demandant à l'Opep de ne pas réduire sa production. "Le monde ne veut pas voir, et n'a pas besoin, des prix plus élevés du pétrole", a affirmé le président dans un tweet. Depuis plusieurs semaines, les analystes s'interrogent sur son degré d'influence sur l'Arabie saoudite alors que le royaume peut difficilement se passer du soutien des Etats-Unis dans l'affaire Kashoggi, du nom du journaliste saoudien assassiné par des agents saoudiens. Autre élément ajoutant à l'incertitude autour de cette réunion, le ministre du Pétrole d'Oman Mohamed al-Romhi "a suggéré que des nouvelles coupes pourraient être décidées pour seulement trois à six mois plutôt que pour une année entière", a souligné Robbie Fraser de Schneider Electric. Les investisseurs étaient aussi dans l'attente de la publication jeudi du rapport hebdomadaire sur les réserves de pétrole aux Etats-Unis, repoussée d'un jour cette semaine en raison de la journée nationale de deuil décrétée en hommage à George H.W. Bush. Pour la semaine achevée le 30 novembre, les analystes tablent sur une baisse de deux millions de barils des stocks de brut, et sur une hausse de 1,75 million de ceux d'essence et de 1,5 million de ceux de produits distillés, selon la médiane d'un consensus établi par Bloomberg.
Recul en Asie Les cours du pétrole reculaient en Asie mercredi alors que l'Arabie saoudite a jeté le doute sur les intentions de l'Opep et que les investisseurs continuaient de s'interroger sur la réalité de la trêve commerciale entre Pékin et Washington. Vers 04h00 GMT, le baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en janvier, perdait 91 cents, à 52,34 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en février, cédait 1,10 dollar, à 60,98 dollars. Les prix avaient repris du poil de la bête en début de semaine après l'annonce par le président russe Vladimir Poutine que Moscou et Ryad s'étaient mis d'accord pour prolonger leur accord de limitation de la production après la fin de l'année. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires, dont la Russie, se réunissent à Vienne jeudi et vendredi, mais le ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh a tempéré les attentes du marché en jugeant qu'il était "prématuré" d'affirmer que le cartel s'accorderait sur une baisse des extractions. "Ce n'est pas un bon signal pour les cours", a déclaré Bob Yawger, de Mizuho Securities USA, à l'agence Bloomberg News. "Soit la demande n'est pas bonne, soit toutes ces déclarations sur les limitations de la production ne sont que vaines paroles". Les marchés recommencent à s'inquiéter pour la demande mondiale car le président américain Donald Trump est redevenu menaçant avec la Chine dans un tweet lancé quelques jours à peine après l'annonce d'une trêve commerciale entre les deux premières économies mondiales en marge d'un sommet du G20 à Buenos Aires.
Objections de Trump Les représentants de l'Opep présents à Vienne mercredi s'accordent à prévoir une réduction de leurs objectifs de production malgré la demande explicite de Donald Trump de maintenir leurs extractions en l'état. Face à la chute des prix de l'or noir, de plus de 30% sur les deux derniers mois, des ministres présents dans la capitale autrichienne à la veille d'une réunion de l'Opep ont affirmé vouloir trouver un accord de limitation de leurs extractions. Mais le groupe va devoir convaincre chacun de ses membres de se plier à sa décision, alors que l'Iran, troisième plus grand producteur de l'Opep, a déjà demandé une exemption. "Nous devons être exclus de toute décision de baisse de la production tant que les sanctions américaines illégales ne sont pas levées", a asséné Bijan Namdar Zanganeh, ministre du Pétrole, à son arrivée à Vienne mercredi soir. Son homologue nigérian Emmanuel Ibe Kachikwu s'était pour sa part prononcé pour une baisse de la production. Une telle mesure irait à l'encontre du souhait du président américain Donald Trump, qui a exhorté l'Opep de continuer de produire à des niveaux élevés pour maintenir les prix bas. Les ministres des deux géants de l'or noir, l'Arabie saoudite et la Russie, ont pour leur part fait profil bas, alors que les modalités de l'accord ne sont pas bouclés, notamment sur le niveau de baisse de chaque pays. Les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran sont vives, alors que la presse financière a rapporté que le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, avait rencontré un représentant américain chargé des relations avec l'Iran à son hôtel à Vienne mercredi. "Si les Etats-Unis veulent rejoindre l'Opep, nous considérerons la question", a plaisanté le ministre iranien avant d'affirmer que si les Etats-Unis "veulent faire pression sur l'Iran à travers l'Opep, ce n'est pas professionnel". Le Qatar a pour sa part claqué la porte de l'organisation en début de semaine, et son ministre, Saad Al-Kaabi, est arrivé à Vienne pour participer à ce qui devrait être sa dernière réunion. S'il affirme que la décision de quitter l'Opep n'a rien de politique et que son pays veut se concentrer sur le gaz, il a également reconnu s'être entretenu avec certains ministres qui font partie de l'Organisation... Mais pas avec celui d'Arabie saoudite. "Ils font un blocus contre mon pays, je ne pense pas qu'ils aient envie de parler avec nous", a-t-il ironisé. Ryad et ses alliés imposent à Doha un embargo depuis la rupture de leurs relations diplomatiques en 2017.