Les cours du pétrole ont clôturé jeudi en baisse d'environ 5% à New York comme à Londres, reprenant, après une journée de répit, leur dégringolade dans le sillage des marchés boursiers. "On savait déjà que l'offre de brut sur le marché mondial était abondante avec la production des trois grands géants que sont les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et la Russie, à des niveaux records", rappelle Robert Yawger de Mizuho. "Mais maintenant, alors que les marchés boursiers sont en train de plonger, on a aussi le sentiment que la demande va baisser dans la mesure où les gens n'auront plus autant d'argent dans leurs poches", ajoute-t-il. Les Bourses mondiales, Wall Street en tête, étaient de fait teintées de rouge jeudi, au lendemain des annonces de la Banque centrale américaine dont le discours moins accommodant que prévu a frustré des investisseurs. Le baril de WTI pour février, la référence aux Etats-Unis, a perdu 2,29 dollars pour terminer à 45,88 dollars, son plus bas niveau depuis juillet 2017. Il a abandonné 40% depuis début octobre. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a clôturé à 54,35 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,89 dollars par rapport à la clôture de mercredi et au plus bas depuis septembre 2017. Il a perdu 37% en un peu plus de deux mois. "La situation n'est pas bonne, les investisseurs se retirent en masse du marché, ou alors parient sur une baisse", avance M. Yawger. Doutes sur l'Opep Alors que le WTI avait chuté de 6,6% et le Brent de 5,6% mardi, les cours avaient un peu rebondi mercredi grâce notamment à une nette baisse des stocks de produits distillés aux Etats-Unis. "Mais ce sentiment positif n'a pas duré longtemps, le retour de l'aversion au risque sur les marchés des actions entraînant les prix du pétrole à leur plus bas de l'année", constatent les analystes de Commerzbank. "Même la garantie du ministre saoudien du Pétrole Khaled al-Faleh que l'offre devrait diminuer d'ici à la fin du premier trimestre 2019 et que les producteurs pourraient étendre leurs réductions en avril n'arrivent pas à empêcher le déclin des prix", ajoutent-ils. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires ont en effet convenu au début du mois de réduire leurs extractions d'environ 1,2 million de barils par jour (mbj), pour enrayer la chute des prix du baril d'or noir. Mais ces coupes ne seront mises en œuvre qu'à partir de janvier. Et les marchés semblent de plus en plus douter de la capacité de l'Opep à vraiment endiguer le flux de pétrole. Et ce, au moment où les nuages sur la croissance économique mondiale s'amoncellent. "On est en pleine guerre commerciale, les marchés des actions s'effritent, la Banque centrale américaine ne gère pas du tout, et on va peut-être se retrouver avec une paralysie partielle des administrations aux Etats-Unis", énumère M. Yawger. "Tous ces facteurs négatifs déboulent au même moment et pèsent, du coup, fortement sur les prix."
Baisse en Asie Les cours du pétrole sont repartis à la baisse en Asie, les craintes sur l'excès d'offre mondiale et le reflux de la demande reprenant le dessus dans un contexte de recul des marchés d'actions consécutif au relèvement de ses taux par la Fed. Vers 03h30 GMT, le baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en février et dont c'était le premier jour comme contrat de référence, perdait 81 cents, à 47,36 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, également pour livraison en février, cédait 72 cents à 56,52 dollars. La veille, les cours avaient nettement rebondi avant que la classique problématique offre/demande ne reprenne le dessus. Les investisseurs s'inquiètent depuis début octobre de voir à la fois se multiplier les signes d'un ralentissement de l'économie mondiale, qui se traduirait par une baisse de la demande en énergie, et parallèlement la recrudescence de la production de brut dans certains pays. L'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) a fait état d'un recul moins important que prévu des stocks de brut américain, et ce après des prévisions annonçant une augmentation de la production du pétrole de schiste américain. "Les inquiétudes quant à la surabondance de l'offre restent le facteur clé qui pèsent sur les cours", a déclaré Margaret Yang Yan, analyste chez CMC Markets à Singapour. Les cours du brut sont à l'unisson des places financières mondiales qui ont reculé, Wall Street en tête, après le relèvement de ses taux par la Réserve fédérale américaine pour la quatrième fois cette année. "Les perspectives d'une croissance molle au niveau mondial pèsent aussi sur les cours car la demande en énergie va probablement rester limitée, a ajouté Mme Yang Yan. Les investisseurs s'inquiètent en particulier des niveaux records atteints par le production d'or noir en Russie comme aux Etats-Unis. Ils se posent aussi des questions quant à la capacité de l'Opep et de ses alliés de respecter leur accord visant à réduire leurs extractions en 2019.