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Très volatil : Le pétrole résiste grâce aux promesses de l'Arabie saoudite
Publié dans Le Maghreb le 05 - 01 - 2019

L'offre pétrolière a chuté en décembre dans des proportions jamais vues depuis janvier 2017, premiers signes concrets de l'action saoudienne sur la réduction de sa production, une information qui a permis aux cours du pétrole de finir à la hausse jeudi sur le marché new-yorkais Nymex, à contre-courant du repli des marchés actions et malgré les craintes sur l'économie mondiale.

Les cours du pétrole ont terminé en hausse jeudi sur le marché new-yorkais Nymex, résistant à la baisse des marchés actions et aux craintes sur l'économie mondiale grâce aux signes d'une réduction de la production de l'Arabie saoudite.
Selon une enquête Reuters, l'offre pétrolière de l'Opep a baissé en décembre par rapport au mois précédent dans une proportion jamais vue depuis janvier 2017, quand avait pris effet un premier accord de réduction de la production. Le contrat février sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 55 cents, soit 1,18%, à 47,09 dollars le baril et le Brent de mer du Nord a pris 1,04 dollar (1,89%) à 55,95 dollars.

La grande volatilité des cours, signe que l'inquiétude règne
La séance a été volatile : le Brent a évolué entre des extrêmes de 56,30 et 53,93 dollars le baril tandis que le WTI a oscillé entre un plus haut du jour de 47,49 dollars et un plus bas de 45,35. "Le pétrole fluctue au gré des inquiétudes sur l'offre et la demande. Aujourd'hui on retient surtout la situation de l'offre, qui semble tendre vers un resserrement, plutôt que le risque d'une baisse de la demande", explique Phil Flynn, analyste chez Price Futures Group à Chicago.

En 2019, l'Opep et la Russie réduiront l'offre de 1,2 million de bpj
Selon l'enquête Reuters, l'Opep a pompé pour 32,68 millions de barils par jour (bpj) le mois dernier, un chiffre en baisse de 460.000 bpj par rapport à novembre et le plus fort recul mensuel depuis janvier 2017. Cela donne à penser que l'Arabie saoudite et certains de ses alliés ont agi unilatéralement pour réduire l'offre puisque l'accord formel de l'Opep sur la réduction de la production en 2019 n'a officiellement pris effet que mardi.
L'"Opep+", expression qui désigne l'Opep et ses alliés, en premier lieu la Russie, a décidé en décembre de réduire son offre de 1,2 million de barils par jour en 2019. Sur ce total, l'effort demandé à l'Opep est de 800.000 bpj. Selon l'enquête, l'Arabie saoudite, à elle seule, a réduit sa production de 400.000 bpj en décembre, alors que celle-ci avait atteint un record de 11 millions de bpj en novembre.

Coup de poker
Comment et pourquoi le cours du baril de brut s'est effondré entre 2014 et 2016, contre (presque) toute attente. Entre économie et géopolitique, une vertigineuse enquête dans le monde très fermé des rois du pétrole pour comprendre les fluctuations des cours de l'or noir. En septembre 2012, un jeune analyste français des marchés pétroliers, Alexandre Andlauer, publie une étude choc, annonçant la chute prochaine des cours du pétrole. Une analyse à contre-courant alors qu'après le troisième choc pétrolier, en 2008, qui a vu le cours du baril flamber à près de 150 dollars, on agite plus que jamais la menace du "peak oil": l'épuisement des ressources, redoutée depuis les années 1970. Pourtant, dès la fin 2013, le monde regorge de pétrole, confirmant le scénario du franc-tireur. En deux ans, le baril de brut va perdre 70 % de sa valeur.
Différents facteurs ont contribué à ce "contre-choc" pétrolier, mais Jean Crépu révèle ici le plus décisif : un bras de fer joué en sous-main, et perdu, par l'Arabie saoudite, suivie à contrecœur par ses partenaires de l'Opep, contre leur rival américain et ses producteurs de pétrole de schiste. La flambée des cours après 2008 a en effet permis aux États-Unis d'exploiter leurs immenses réserves en la matière, la technologie très coûteuse d'extraction étant devenue accessible...

Un monde de brut
De la nouvelle ruée vers l'or du Texas, qui voit pousser les villas des oil workers du schiste, aux bureaux feutrés des grands marchands de la planète, entre Bourse de New York et les cercles très fermés du pouvoir russe ou saoudien, Jean Crépu retrace comme un thriller cette formidable partie de poker économique et géopolitique en nous ouvrant ses coulisses. La troisième manche a vu en 2018 la production américaine égaler pour la première fois celle de Riyad, tandis que la Russie, jusque-là observatrice, s'est rapprochée de l'Opep.
Mais alors que le robinet du brut semble ainsi pouvoir couler longtemps encore, le revirement amorcé par la Norvège, qui a choisi d'utiliser sa manne pétrolière pour miser sur les énergies renouvelables, préfigure peut-être l'avenir. Car n'en déplaise à Donald Trump, le monde de l'énergie, sous la menace du changement climatique, a commencé lui aussi à évoluer, et la demande en pétrole pourrait diminuer plus vite que prévu.


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