Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a eu ce week-end une nouvelle discussion téléphonique avec la Première ministre britannique Theresa May, qui travaille à son "plan B" après le rejet massif par la Chambre des Communes de l'accord de Brexit négocié avec Bruxelles, a annoncé un porte-parole de l'exécutif européen. A Londres, une porte-parole du 10, Downing Street a déclaré que la dirigeante britannique a eu également une série d'entretiens avec des ministres de son gouvernement. Theresa May s'est par ailleurs entretenue jeudi dernier avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qui a rapporté que la dirigeante britannique lui avait dit sa conviction que le Brexit aurait bien lieu comme prévu le 29 mars prochain. Le chef du gouvernement néerlandais a ajouté qu'il avait pour sa part dit à son homologue britannique qu'il ne voyait pas comment l'accord négocié entre Londres et Bruxelles pourrait être "ajusté". Dans l'attente de la nouvelle initiative de May, les négociateurs européens, dit l'un d'eux, "regardent la BBC en mangeant du pop-corn". Mais les responsables européens ne cachent pas leur lassitude devant ce feuilleton qui n'en finit pas, plus de deux ans et demi après le référendum de juin 2016 par lequel une majorité d'électeurs britanniques ont choisi de sortir de l'UE. "Il est temps à présent d'en finir avec le Brexit", a déclaré à l'agence Reuters l'Allemand Manfred Weber, proche d'Angela Merkel et chef de file du Parti populaire européen (PPE) pour les élections européennes de la fin mai. "L'interminable processus du Brexit a consommé d'immenses ressources en temps, en argent, en expertise, une énergie politique précieuse, notamment en cette année électorale, et il nous a freinés dans l'élaboration d'un agenda véritablement positif pour l'avenir de l'Europe", a-t-il ajouté. Theresa May, qui s'est également entretenue avec le président du Conseil européen, Donald Tusk, a prévu d'autres contacts avec des partenaires européens tout au long du week-end, qu'elle s'apprête à passer le week-end dans sa résidence officielle de Chequers pour peaufiner son "plan B" qu'elle soumettra lundi au Parlement et qui sera soumis aux voix le 29 janvier.
Nigel Farage: les brexiters doivent se tenir prêts Pour l'heure, la dirigeante conservatrice refuse l'idée d'un second référendum ou d'élections législatives anticipées, et elle s'oppose toujours au Parti travailliste sur les moyens de sortir de l'impasse. Dans son édition de vendredi, le quotidien The Sun écrit toutefois que les services du 10, Downing Street ont produit une note sur l'organisation éventuelle d'un nouveau référendum dans le cadre des contacts de May avec la classe politique britannique. The Sun se dit "en mesure de révéler" que les douze élus Lib Dems, le mouvement libéral démocrate, à la Chambre des Communes envisagent de soutenir l'accord de retrait à condition que May organise ensuite un référendum. Cette option, poursuit le tabloïd, a pris corps après une entrevue entre le chef des Lib Dems, Vince Cable, et Theresa May. Cité par le Sun, un porte-parole de Downing Street a minimisé l'importance de cette note, "un document très court qui fixe de manière factuelle le nombre de mois qui serait nécessaire" à la tenue d'une nouvelle consultation populaire et n'est destiné qu'à illustrer la discussion, pas à marquer une position officielle du gouvernement. "Notre position bien sûr est qu'il n'y aura pas de second référendum, ainsi que la Première ministre l'a dit à de multiples reprises", ajoute-t-il. Nigel Farage, ancien chef de file du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip) qui fut l'un des artisans de la campagne du "Leave" lors du référendum de 2016, n'en a pas moins estimé qu'un report du Brexit, voire la tenue d'un second référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, étaient envisageables et a appelé les partisans du divorce entre Londres et Bruxelles à s'organiser. "Je crains que la Chambre des communes annule effectivement ce Brexit. Pour moi, l'issue la plus probable à tout ça est une prolongation de l'Article 50", a-t-il déclaré vendredi matin sur Sky. "Il pourrait y avoir un autre référendum", a-t-il ajouté. "Le camp du maintien est bien financé, bien organisé. Ils sont prêts pour un nouveau référendum. Ce serait une erreur de la part des eurosceptiques de ne pas faire la même chose", a-t-il ajouté.
Les demandes n'ont pas changé, selon le Telegraph Les demandes formulées par la Première ministre britannique dans le cadre de ses négociations avec les dirigeants européens n'ont pas changé, malgré le rejet de son plan de sortie de l'Union à la Chambre des Communes, rapporte vendredi le Telegraph. Theresa May réclame toujours l'instauration d'une durée maximale et contraignante pour le "backstop", la clause de sauvegarde censée éviter l'instauration d'une frontière entre la République d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, ainsi qu'un droit de retrait unilatéral ou la promesse qu'un accord commercial sera conclu avant 2021 pour éviter l'entrée en vigueur du "backstop", explique le quotidien. La Première ministre devait s'entretenir dans la journée avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.
Seul un second référendum justifierait un report du Brexit Seule la décision du gouvernement britannique d'organiser un second référendum pour trancher la question de la sortie de l'Union européenne justifierait un report du Brexit, a estimé vendredi le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn. Le Royaume-Uni doit quitter l'UE le 29 mars à minuit, au terme de la période de deux ans prévue par l'article 50 des traités européens, mais l'hypothèse d'un report du Brexit fait l'objet d'intenses spéculations depuis le rejet par le Parlement de Westminster de l'accord négocié par la Première ministre Theresa May avec Bruxelles. Un tel report nécessiterait d'être approuvé à l'unanimité par les Vingt-Sept et si de nombreux dirigeants européens ont souligné qu'il faudrait que Londres ait pour cela un plan de bataille convaincant, Jean Asselborn s'est montré plus précis sur ce que pourraient être les exigences des Européens. "Seule la décision d'organiser un second référendum pourrait nous inciter à prolonger l'article 50", a-t-il déclaré pendant une présentation, au côté du Premier ministre Xavier Bettel, des mesures prises par le gouvernement pour préparer le Luxembourg à un Brexit sans accord. Theresa May est catégoriquement opposée à la tenue d'un second référendum, qui ne recueille pas non plus la préférence de l'opposition travailliste. Mais le Parlement est tout aussi opposé à l'idée d'un "no deal" dont les conséquences seraient potentiellement très dommageables pour l'économie britannique, ce qui ne laisse pas de porte de sortie claire. "La balle est dans le camp de Londres. Il faut qu'ils nous disent ce qu'ils veulent", a commenté Xavier Bettel. "Nous nous retrouvons dans une situation où nous ne savons toujours pas dans quelle direction vont les choses (...) La responsabilité est à Londres." Quelque 6.000 Britanniques vivent au Luxembourg.