Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mercredi à l'unanimité une résolution poussant à arrêter "toutes les guerres en Afrique d'ici 2020", un objectif qui repose sur un engagement des pays africains datant de 2013 et non concrétisé jusqu'à présent. Le but d'une "Afrique sans conflit" figurait dans une déclaration solennelle adoptée le 26 mai 2013 lors du 50e anniversaire de l'Organisation de l'Union africaine. En 2019, les plus importantes opérations de paix de l'ONU continuent d'être situées en Afrique, au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo, en Centrafrique ou au Mali. "Il appartient essentiellement à l'Union africaine, à ses Etats membres, à leurs populations et à leurs institutions, y compris leur société civile, de construire une Afrique sans conflit", souligne la résolution de l'ONU. Le Conseil de sécurité "exprime son appui aux initiatives visant à trouver des solutions africaines aux problèmes africains, tout en reconnaissant que la coopération et les partenariats internationaux sont nécessaires pour accélérer les progrès vers la réalisation de cet objectif continental", précise le texte. L'Organisation des Nations unies et l'Union africaine sont aussi "appelées à redoubler d'efforts pour coordonner leur action de façon complémentaire dans toutes les formes de réponse aux conflits, de la prévention et de la médiation au relèvement post-conflit et au développement, en passant par le maintien et la consolidation de la paix". A cet égard, un projet de résolution initié fin 2018 par l'Afrique sur un co-financement par l'ONU d'opérations de paix africaines reste dans l'impasse. Pour "jeter les bases solides d'une paix et d'une stabilité durables", l'ONU "engage les Etats membres de l'Union africaine à renforcer la bonne gouvernance, notamment l'élimination de la corruption, le renforcement des institutions démocratiques, le respect des droits de l'Homme et la responsabilité", indique par ailleurs la résolution adoptée mercredi.
L'importance d'une plus grande représentativité de l'Afrique Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a rappelé mardi l'importance d'une plus grande représentativité de l'Afrique au sein du Conseil de sécurité des Nations unies "dans un monde en pleines turbulences". "On ne peut pas parler de paix et de stabilité au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU en l'absence de l'Afrique. La revendication africaine va ainsi vers une plus grande représentativité de l'Afrique au sein de cette institution onusienne", a déclaré M. Messahel sur les ondes de la radio "Chaîne III", lors d'une émission sur les réalisations de la Diplomatie algérienne entre acquis et défis à venir. Il a fait référence à "la résolution ou le consensus d'Ezulwini, une stratégie de l'UA, des pays africains pour revendiquer une correction historique" vu qu'au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, la plupart des pays africains n'étaient pas membres des Nations unies. Le consensus d'Ezulwini est une position sur les relations internationales et la réforme des Nations unies, approuvée par l'Union africaine. Il appelle à un Conseil de sécurité plus représentatif et démocratique, dans lequel l'Afrique, comme toutes les régions du monde, est représentée. "Ce que nous avons revendiqué ce n'est pas uniquement une réforme du Conseil de sécurité mais une réforme globale du système des Nations unies", a souligné M. Messahel, notant que l'Afrique "est très mal représentée notamment au Conseil de sécurité des Nations unies". "L'Afrique aujourd'hui continue à travailler sur ça", a-t-il affirmé, rappelant que lors du dernier sommet de l'Union africaine (UA), "nous avons réitéré notre position donc deux postes permanents avec droit de véto et un élargissement des postes non permanents". "Donc c'est une revendication qui est légitime, dans un monde également en pleines turbulences", a-t-il souligné, affirmant dans ce sens : "Nous croyons et surtout nous pays africains, nous croyons en les Nations unies. Répondant à une question "si l'on peut penser disposer du droit de véto face aux différentes résistances de pays notamment les grandes puissances", M. Messahel a indiqué que "c'est une longue histoire, ça peut demander une émission pour rappeler qu'au sommet de Maurice en 1975, la question de la suppression du droit de véto était évoqué par les Africains parce qu'il y' avait l'utilisation abusive du droit de véto". "A l'époque, a-t-il ajouté, comme vous le savez, l'agenda du Conseil de sécurité était beaucoup plus un agenda consacré aux conflits en Afrique, à la lutte contre l'apartheid, à la décolonisation, et souvent le droit de véto était utilisé abusivement, donc à l'époque déjà en 1975 on avait demandé la suppression du droit de veto". Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a enfin indiqué: "Maintenant il y a un processus de négociations et on verra comment il va aboutir, tant que ce droit de véto est maintenu nous revendiquerons des postes permanents et droit de véto. Si demain un consensus se dégage vers l'abolition du droit de véto et bien l'Afrique ne pourra que s'aligner".
Guterres salue la coopération ONU-UA La coopération entre les Nations unies et l'Union africaine est un "vecteur stratégique fondamental pour la paix, la sécurité et le développement", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Il y a un vent d'espoir dans le continent africain", a affirmé M. Guterres lors d'un point de presse samedi à l'issue de sa rencontre avec le président de l'Union africaine. Selon lui, ce vent d'espoir est "à la fois lié aux initiatives conjointes de l'Union africaine (UA) et des Nations unies (ONU), et aux initiatives de chefs d'Etat et de gouvernement africains". M. Guterres s'est ainsi félicité du programme de l'UA pour éliminer les armes en 2020 et de la nouvelle impulsion de la diplomatie pour la paix de l'ONU. Il a salué l'accord historique conclu cette semaine, sous l'égide de l'UA avec l'appui de l'ONU, en République Centrafricaine, ainsi que de l'accord signé par Salva Kiir et Riek Machar au Soudan du Sud. Il s'est également félicité de l'initiative prise par le nouveau Premier ministre éthiopien qui a proclamé la paix entre l'Ethiopie et l'Erythrée, des relations entre l'Erythrée et la Somalie et des rapports entre Djibouti et l'Erythrée. Le chef de l'ONU a signalé que les deux organisations avaient "complètement aligné" leurs agendas de développement.