L'industrie du blé vit actuellement une crise sans précédent qui, si elle perdure, pourrait faire doubler, voire tripler le prix du pain d'ici quelques mois. Une situation qui risque de toucher tous les pays du monde, y compris les pays développés. Et nul n'est à l'abri. Il semblerait que la globalisation aura raison même de nos boulangeries. Ce sont les effets néfastes de la mondialisation. Dans beaucoup de pays déjà, les minoteries ont déjà des difficultés à s'approvisionner et doivent augmenter considérablement le prix de leur farine pour y arriver. Les boulangeries paient donc plus cher, et elles doivent refiler la facture au consommateur.Les pays pauvres sont particulièrement affectés par la flambée du cours du blé, qui a plus que triplé depuis dix mois sur les marchés internationaux. L'exemple de l'Egypte est édifiant. La demande de pain subventionné progresse régulièrement en Egypte depuis quelques mois, alimentée par la hausse des prix qui rend le pain au prix normal inaccessible pour la moitié de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Les bagarres devant les boulangeries de pain subventionné sont devenues quotidiennes en Egypte et font la Une des journaux. Au moins 15 personnes qui tentaient d'acheter du pain sont mortes dans plusieurs régions d'Egypte. Il y a encore quelques jours, la police a été envoyée dans la banlieue de Hélouan, au sud du Caire, pour empêcher que les funérailles de deux jeunes hommes ne finissent en vendetta généralisée. Les deux victimes ont été tuées lors d'une bagarre pour le pain qui a dégénéré en bataille rangée entre deux familles qui a également fait 17 blessés. Dans une tentative de remédier à la crise, le président égyptien Hosni Moubarak a appelé les forces armées et le ministère de l'Intérieur à intervenir dans la production et la distribution du pain. L'exemple de l'Egypte ne risque pas d'être un cas isolé. Plusieurs pays sont au bord de la crise, si ce n'est les subventions publiques, comme c'est le cas en Russie , en Ukraine et dans beaucoup de pays africains. Pour ce qui est des consommateurs européens, ces derniers n'ont pas encore été trop affectés par la crise. La raison est fort simple: les grandes chaînes d'alimentation ont signé des contrats avec des boulangeries, ce qui a eu pour effet de geler les prix pour un certain temps. "D'ici à ce que les contrats viennent à échéance, les boulangeries perdent de l'argent. De leur côté, les grandes chaînes d'alimentation continuent de faire des profits sur les ventes de pains et elles peuvent même en augmenter les prix sans devoir verser d'argent supplémentaire aux boulangeries" expliquera un économiste. Et c'est très grave, comme situation. Autant dire que de nos jours, le pain tend à devenir de plus en plus un produit de luxe !