Par Rachid Mahi Après le pétrole, voici la flambée des denrées alimentaires. Et après on pourra aussi spéculer sur l'eau, l'air...? Et cela jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des spéculateurs sur notre terre? Le pétrole bon marché et abondant, principal moteur de cette fameuse révolution verte n'est plus aussi abondant et bon marché que nous pouvions le penser il y a dix ans. L'humanité se trouve confronté à un triple défi. La population mondiale augmente. Elle s'enrichie et désire consommer de plus en plus. Et pour finir la fin du pétrole n'est plus un concept abstrait. Il va donc falloir trouver une réponse rapide à au moins un de ces problème. D'aucun prétendent que les mécanismes financiers ne sont pas tout à fait étrangers à ce phénomène qui risque de conduire à une des plus grandes crises du nouveau millénaire. La forte progression des prix du riz sur les marchés internationaux fait craindre la famine dans bon nombre de pays. L'avertissement de la Banque mondiale n'est que le dernier en date. La genèse du phénomène est pourtant à trouver bien en amont de la flambée des prix du pétrole. Depuis 2000, sur les huit grandes récoltes de blé effectuées au niveau mondial, sept d'entre elles se sont révélées déficitaires. La consommation dépasse la production. Cette raréfaction de l'offre s'est trouvée en partie amplifiée par la montée des prix du pétrole à partir de 2003. Les biocarburants, qui étaient assez coûteux à produire, sont brusquement revenus à la mode. Du coup, le cours du colza, du maïs et du blé n'y ont pas résisté, affichant des hausses extraordinaires sur les trois dernières années sur le marché à terme de Chicago. Aussi, les cours du blé ont quasiment triplé. Idem pour le maïs. Dernière denrée touchée: le riz. C'est que ces hausses ont des répercussions en cascade. La hausse du prix du pain, causée par la flambée des cours du blé, a provoqué des troubles en Egypte, l'un des pays exportateurs de riz. Du coup, le pays a décidé d'arrêter ses exportations. Il n'est pas le seul. La nouvelle, a immédiatement provoqué une flambée des cours, la tonne de riz thaï ayant bondi de 580 dollars à 760 dollars en une seule séance à Chicago. Depuis, c'est l'inquiétude en Asie. De son côté, le Fida (le Fond international pour le développement de l'agriculture) a averti: le maintien de la production mondiale de riz par habitant est "un défi quasi insurmontable d'ici à 2010.