Les députés de la Chambre des communes ont adopté lundi soir une motion destinée à leur donner les moyens de chercher à dégager une majorité sur le Brexit après les deux échecs cuisants subis par la Première ministre Theresa May pour faire ratifier son Accord de retrait. Cet amendement, déposé par l'élu conservateur Oliver Letwin et adopté par 329 voix contre 302, modifie l'agenda parlementaire pour donner aux élus de Westminster le temps d'organiser des votes indicatifs sur les différentes options offertes par le Brexit. Les députés vont maintenant voter mercredi sur une série d'options sur le divorce entre Londres et Bruxelles et dire s'ils sont d'accord sur des liens plus étroits avec les Européens et ensuite tenter d'inciter le gouvernement à aller dans cette voie. L'adoption de cet amendement témoigne à quel point Theresa May a perdu de son autorité politique bien qu'elle ait affirmé que son gouvernement ne se sentirait pas lié par les résultats de ces votes indicatifs de mercredi. "Aucun gouvernement ne peut signer un chèque en blanc en s'engageant sur une solution sans savoir ce qu'elle est", avait dit Theresa May avant le vote. "Aussi je ne peux engager le gouvernement à mettre en œuvre le résultat d'un quelconque vote de cette chambre", avait-elle dit. Incapable de faire adopter l'accord approuvé en novembre par les négociateurs britanniques et européens, Theresa May avait demandé la semaine passée à ses partenaires un report du Brexit jusqu'au 30 juin. Ces derniers, lassés par les atermoiements de Londres, lui ont donné un sursis de 15 jours jusqu'au 12 avril et un délai jusqu'au 22 mai, avant les scrutins des élections européennes, si elle parvient à faire approuver l'Accord de retrait dans les prochains jours. Theresa May a annoncé plus tôt dans la journée qu'elle renonçait pour l'instant à organiser un troisième vote à la Chambre des communes sur son accord de Brexit, faute d'un nombre de voix suffisant en faveur du texte. "Je continue de croire que la meilleure option pour le Royaume-Uni est de quitter l'UE le plus tôt possible avec un accord, soit le 22 mai", a déclaré la Première ministre britannique devant les parlementaires. "Mais à mon grand regret, je suis arrivée à la conclusion qu'à ce stade, il n'existe pas à la Chambre un soutien suffisant pour soumettre de nouveau l'accord à un troisième vote." D'après le journal The Sun, Theresa May a indiqué à certains parlementaires favorables au Brexit qu'elle envisagerait de démissionner en échange d'un vote de la Chambre des communes en faveur de l'accord de retrait que la Première ministre a négocié avec Bruxelles.
L'UE accélère ses préparatifs en vue d'un "no-deal" L'Union européenne estime qu'une sortie sans accord du Royaume-Uni de l'UE est de plus en plus probable et accélère ses préparatifs, dit-on lundi à Bruxelles. "Nous sommes préparés à ce scénario", déclare l'un des responsables européens interrogés sur les mesures d'urgence envisagées par les Vingt-Sept en cas de "no-deal". Ces hauts fonctionnaires se sont rendus dans les 27 Etats membres de l'UE post-Brexit afin de coordonner au mieux les décisions. La France, la Belgique et les Pays-Bas sont en train de recruter jusqu'à 2.100 personnes pour effectuer des contrôles douaniers et réglementaires supplémentaires, précisent-ils. Les pays membres mettent également en place une vingtaine de nouveaux points d'inspection frontaliers dans le but de réduire au maximum les risques de perturbations dans les transports. Les dirigeants européens, qui étaient réunis jeudi et vendredi à Bruxelles, ont reporté la date du Brexit du 29 mars au 22 mai si la Chambre des communes ratifie l'Accord de retrait la semaine prochaine ou au 12 avril dans le cas contraire. Londres doit aussi informer l'UE avant le 18 avril de son intention ou non de participer au prochain budget communautaire. "Nous ne voulons pas d'un 'no deal' mais si cela doit se produire, alors il faut le faire vite", déclare un responsable européen. "On peut comparer cela à un plâtre. On peut l'enlever très lentement et cela fait mal pendant un moment. Ou bien on l'enlève très vite et c'est fini." "Cela ne veut pas dire que les choses vont être faciles et sans heurts", ajoute un autre responsable. "On s'attend à un long temps d'attente pour les biens et les personnes lorsqu'il faudra franchir la frontière pour aller sur le continent." Les préparatifs des pays les plus exposés comme la Belgique ou l'Irlande sont loin d'être achevés, ont indiqué des diplomates après le Conseil européen de la semaine dernière. Il n'y a en particulier aucune solution en vue pour éviter le rétablissement de contrôles à la frontière entre la République d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord.