Au moment où le chef de l'Etat et le Premier ministre s'attèlent à la préparation du scrutin présidentiel fixé pour le 4 juillet prochain, sur l'impératif de "maintenir tous les canaux de concertation et de dialogue ouverts avec toutes les instances et partenaires concernés par l'élection du 4 juillet ", c'est encore le mouvement citoyen qui se manifeste pour le douzième vendredi consécutif pour réclamer aux autorités des mesures plus appropriées, plus transparentes et en rapport avec les attentes politiques et démocratiques du peuple. Acte XII du Hirak, les manifestants ont prouvé à ne pas lâcher la pression sur les décideurs. Menées par une jeunesse avide de démocratie et d'épanouissement, les marches de ce vendredi ont retransmis leur message : ne jamais cesser de battre le pavé pour faire aboutir le changement radical et profond du système politique, le départ des symboles et racines de l'ancien pouvoir (1999-2O19), autant de persistance pour montrer à tout le monde que " la pression sociale ne baissera pas ". Déterminés, les manifestants ont crié leur rejet à ne pas épouser les démarches du chef de l'Etat en ce sens. Pour eux, il eût été mieux pour les décideurs politiques du moment d'épouser les revendications populaires et non le contraire. Un contraire qui rappelle un pouvoir qui avait pour but, par vocation politique unilatérale de faire de la société algérienne un marche-d'pied pour sauver son effondrement. Au cœur des préoccupations populaires calmes, une voie démocratique qui permet d'accéder à une nouvelle ère démocratique dont la transparence et les solutions idoines à la sortie de crise seraient une lueur d'espoir plutôt que des solutions de façades, donc. Au regard de la persistance-résistance citoyenne relevée ce vendredi pour exiger la prise en considération de la parole du peuple, le rejet par une majorité du dialogue prôné par le chef de l'Etat, les solutions constitutionnelles avancées par le Haut Commandement de l'ANP, les propositions éparses de sortie de crise, il est très difficile pour le chef de l'Etat de rallier à son agenda une société de plus en plus politisée. Reste à savoir également quels peuvent être l'impact et l'influence des revendications, voire les exigences renouvelées par le Hirak ce vendredi sur la prochaine sortie du vice-ministre de la Défense nationale, puisque le mouvement populaire refuse d'avaliser les solutions actuelles à la crise comme il s'est refusé vendredi à toute hégémonisme sur l'essentiel de ses revendications. A quelques iotas prés, le Hirak tient à ce que ses exigences soient reprises dans leur intégralité sans subir de correction majeure afin que le mal de la crise, au lieu de résorber, empire. C'est déjà un dilemme politique qui inquiète. L'acte XII du mouvement citoyen a refusé catégoriquement les conceptions défendues par le chef de l'Etat et qui apparaissent dans le communiqué de la présidence de la République jeudi à la suite de l'audience qu'il a accordée au Premier ministre portant sur " l'examen de la situation politique et économique du pays ". Audience qui intervient après que dans ce même espace dans notre édition de mercredi nous nous sommes interrogés sur l'absence de la tenue d'un Conseil des ministre, la complémentarité et la coordination entre le chef de l'Etat et le Premier ministre). Selon ledit communiqué, le Premier ministre, a présenté " un exposé exhaustif sur le déroulement des préparatifs de la prochaine élection présidentielle, à savoir la révision exceptionnelles des listes électorales, la poursuite du retrait des formulaires de candidatures ainsi que les dispositions liées à liées aux aspects matériels mises en place par le gouvernement ". A cette occasion, le chef de l'Etat a souligné " l'impératif de respecter les délais et les échéances prévus par la Constitution et les lois de la République, en assurant les conditions et mécanismes nécessaires pour le bon déroulement de cette importante échéance, en toute transparence, régularité et objectivité ".Le chef de l'Etat a également insisté sur l'impératif de " maintenir tous les canaux de concertation et de dialogue ouverts avec touts les instances et partenaires concernés par l'élection du 4 juillet ", lit-on encore dans le communiqué de la Présidence. Les lignes maîtresses des actions politiques ainsi esquissées ne rejoignent pas la plateforme du Hirak. Selon ce qui a été soulevé vendredi par les marches populaires, elles divergent totalement, à savoir, essentiellement, le départ de toutes les racines de l'ancien pouvoir et l'amorce d'un véritable diagnostic de la crise politique, crise de confiance. Deux facteurs tenus pour responsables de la situation dramatique que vit l'Algérie depuis deux décennies de suite. Aux yeux du mouvement citoyen comme aux yeux des observateurs, d'ailleurs, une telle démarche des décideurs escamote ce qui est essentiel : les revendications légitimes du peuple, qui sont pourtant à l'origine de la naissance spontanée du Hirak depuis le 22 février dernier pour la rupture totale avec le système politique en vogue en Algérie depuis vingt ans. L'accélération de la " Révolution populaire " en ce vendredi XII est autant de lignes pour la poursuite des manifestations contre l'ordre politique qui est imposé, les conceptions manichéennes de la situation actuelle ; L'intérêt du mouvement citoyen renouvelé vendredi aux quatre coins de l'Algérie a été donc de favoriser un réel changement et pour qu'il échappe à la stratégie des clans et des politiques. Cette façon pacifique, correcte et courageuse des Algériens de voir leur rôle et leurs revendications d'aujourd'hui être pris en charge, dont ils ont clairement interprété depuis le 22 février 2O19. ont insisté depuis douze marches populaires, exigent leur prise en considération et entrent en application pour des horizons nouveaux (politiques, démocratiques, économiques et sociaux). Or, il semble que jusqu'ici l'avis populaire ne soit pas, pour le moment partagé par l'ensemble de l'équipe aux commandes du pays. Certains, en effet, ne se sont pas détachés du déjà archaïque politiquement, des conceptions qui ne sont pas nécessaires et utiles comme voie pour dépasser le stade actuel de la crise, le tout avancé en évident désaccord avec le peuple. Il est à s'interroger si le civisme et le calme du mouvement de masse auront-ils servi de fait ?Par son mot d'ordre absolu pour le changement radical : une revendication des plus pacifique à travers le monde qui devrait aider à comprendre l'Algérie de demain et donc la transformer. L'émergence du mouvement citoyen, sa réception partout à travers l'ensemble des couches de la population, y compris par la communauté algérienne vivant à l'étranger, les revendications légitimes qu'il véhicule, les réflexions qu'il suscite chez la jeunesse, les arguments, les prétextes qu'il fournit à de nouveaux horizons, etc., toute cette somme de demandes à satisfaire est démocratique, réponse et répliques contre un pouvoir longtemps hors du coup. C'est la reconnaissance d'un état de fait. L'Algérie vit depuis vingt ans cette grande contradiction. Elle est provisoirement insurmontable. Seule la réhabilitation de la parole du peuple pourra abolir à jamais cette flagrante contradiction, en créant les conditions objectives de la démocratie, du dialogue collectif du sens, en abolissant les obstacles entre le peuple et l'Etat et le faire, en toute transparence, en transformant les acteurs en théoriciens de leurs actes.