Les chiffres annoncés par les pouvoirs publics sur le taux du chômage sont contestés par les associations qui s'occupent de ce dossier. Lors d'une conférence-débat, organisée, hier, au centre de presse El-Moudjahid, sur le thème, «Emploi et chômage, quelles alternatives !», les représentants de différentes associations ont critiqué les chiffres sur le chômage, annoncés par l'ONS et les membres du gouvernement. Selon M. Yassine Mechti, représentant de l'Association algérienne de sauvegarde de la jeunesse (AASJ), «les chiffres ne reflètent pas la réalité du chômage en Algérie». «En tant qu'association qui active sur le terrain, nous constatons que le phénomène est beaucoup plus important, surtout parmi les jeunes», a ajouté M. Mechti. Cependant, il a appelé à la prise en charge d'une façon sérieuse de ce problème qui, selon lui, «est la cause de tous les autres fléaux sociaux». «Le problème du terrorisme et celui de l'émigration clandestine qui ont pris de l'ampleur ces dernières années sont étroitement liés au chômage», a-t-il noté. Le représentant de l'AASJ déplore le manque de stratégie pour résoudre ce problème. Il a proposé de tenir des assises nationales de la jeunesse, où les différents acteurs concernés vont proposer des projets pour la prise en charge de la question du chômage et l'emploi précaire des jeunes. Aussi, pour garantir des chiffres fiables sur le taux de chômage, M. Mechti propose l'installation d'un réseau d'association, au niveau de toutes les communes du pays pour recenser le nombre de jeunes diplômés et non diplômés, qui sont touchés par ce fléau. Certes, l'idée proposée par le représentant de l'Association algérienne de sauvegarde de la jeunesse est intéressante. Néanmoins, cette association n'a donné aucun détail sur l'application de ce projet, ni sur la façon dont il sera géré. En outre, Mre Guemache Karima, avocate spécialisée dans les affaires de la femme et de l'enfant, a quant à elle, centré son intervention sur l'exclusion des jeunes du monde du travail et les discriminations qu'ils subissent. Elle a indiqué qu'«en excluant nos jeunes du monde du travail, nous avons touché à leur honneur, cependant il est normal qu'ils veulent tous quitter le pays». Elle estime que le problème des harraga, qui a fait couler beaucoup d'encre ces derniers mois, est étroitement lié au chômage. Il reflète le malaise de toute une génération et même un état de détresse. Mre Guemache a également souligné le manque d'information sur le véritable taux de chômage. Cet avis est partagé par Mme Dridi Nadia, présidente de l'Association nationale pour la promotion et la protection de la femme et de la jeunesse. En tant que représentante d'une association très active sur le terrain, elle estime qu'«il faut arrêter de faire des grands discours à l'éloge de la jeunesse et qu'il faut passer à l'action, car les jeunes veulent du concret».