Les Bourses européennes ont terminé en hausse mardi une séance en dents de scie, le rebond entamé la veille après la trêve commerciale entre les Etats-Unis et la Chine montrant déjà des signes de fragilité face à la persistance de multiples incertitudes politiques et économiques. À Paris, le CAC 40, qui a perdu jusqu'à 0,2% en séance, a fini sur un gain de 0,16% (8,91 points) à 5.576,82 points; à Francfort, le Dax a progressé de 0,04%. L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,3%, le FTSEurofirst 300 0,45% et le Stoxx 600 0,37%. Le FTSE 100 de la Bourse de Londres s'est distingué avec un gain de 0,82% et il a atteint en séance son plus haut niveau depuis août 2018 à 7.565,27 points, profitant de la baisse de la livre sterling en réaction à des propos du gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, laissant entendre que la politique monétaire pourrait devoir être adaptée aux "incertitudes" actuelles. Jusqu'alors, la tendance sur les marchés boursiers était surtout influencée par un regain d'inquiétude sur les conflits commerciaux entre les Etats-Unis et leurs grands partenaires après la publication par l'administration américaine d'une liste de produits importés de l'Union européenne représentant quatre milliards de dollars (3,54 milliards d'euros) susceptibles d'être visés par des droits de douane dans le cadre du différend entre Washington et l'UE sur les subventions au secteur aéronautique. "Le commerce mondial reste au premier plan des préoccupations des investisseurs", constate David Madden, analyste de CMC Markets. "Donald Trump a maintenu une attitude dure face à la Chine et certains investisseurs craignent qu'il n'augmente la pression sur l'UE maintenant que le problème avec la Chine est en voie de résolution. " Wall Street évoluait sans tendance claire en matinée, oscillant entre hausse et baisse. Vers 15h50 GMT, le Dow Jones cédait 0,07%, le Standard & Poor's 500 0,04% et le Nasdaq Composite 0,18%. Le S&P de l'énergie perdait alors 1,74%. La matinée de mercredi sur les marchés européens était animée par les résultats définitifs des enquêtes PMI dans le secteur des services en attendant une série d'indicateurs américains, dont l'enquête ADP sur l'emploi privé, à 12h30 GMT, et l'ISM des services à 14h00 GMT.
Valeurs La plus forte hausse sectorielle du jour en Europe est pour le compartiment des services aux collectivités ("utilities"), qui s'est adjugé 1,92%. A l'opposé, le secteur du pétrole et du gaz a cédé 0,65% avec le repli marqué des cours du brut. A Paris, le groupe parapétrolier TechnipFMC (-3,71%) est lanterne rouge du CAC 40. Dans le secteur bancaire, Credit Suisse a cédé 0,63% après l'annonce du départ inattendu d'Iqbal Khan, le directeur général des activités de gestion de fortune du groupe. A Paris, Trigano s'est distingué avec un bond de 15,15%, de loin la meilleure performance du SBF 120, le marché ayant applaudi un chiffre d'affaires trimestriel meilleur que prévu et la perspective d'une hausse des ventes annuelles du spécialiste des camping-cars.
Wall Street progresse à peine Wall Street a fini mardi en légère hausse, l'élan donné par la trêve conclue ce week-end au G20 entre les présidents américain et chinois résistant difficilement au retour des tensions commerciales, cette fois avec l'Union européenne. Longtemps sans tendance, les indices ont progressé en fin de séance malgré un net repli des cours du pétrole, le marché s'inquiétant pour la demande mondiale, avec des sanctions en Bourse pour les acteurs du secteur. L'indice Dow Jones a gagné 69,25 points, soit 0,26%, à 26.786,68. Le S&P-500, plus large, a pris 8,65 points, soit 0,29%, à 2.972,98. Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 17,93 points (0,22%) à 8.109,09. L'administration américaine a publié lundi soir une liste de produits de importés de l'Union européenne représentant quatre milliards de dollars (3,54 milliards d'euros) susceptibles d'être visés par des droits de douane dans le cadre du différend entre Washington et l'UE sur les subventions au secteur aéronautique. Le S&P-500 a inscrit un record lundi après avoir signé son meilleur mois de juin depuis 1955 et son meilleur premier semestre depuis 1997 avec un gain de 17,3%. Une pause se dessine cependant avec les incertitudes sur le commerce mais également sur une éventuelle baisse de taux par la Réserve fédérale et sur les bénéfices des entreprises américaines au deuxième trimestre. "Nous devons attendre pour avoir un accord commercial, pour voir ce que fera la Fed et pour connaître les bénéfices, et nous devons attendre au moins deux semaines", explique Art Hogan, responsable de la stratégie de marché pour National Securities. "Je ne suis pas surpris du tout de voir le marché faire une pause."
Valeurs La tendance mardi a été portée par les secteurs défensifs, notamment les services aux collectivités ('utilities') (+1,24%) et l'immobilier (+1,82%). L'indice S&P de l'énergie a perdu 1,74% avec des replis de 1,06% pour Exxon Mobil et 1,71% pour Chevron dans le sillage de la dégringolade des cours du brut. Du côté de la technologie, Western Digital a pesé sur le Nasdaq en perdant 2,66% sur un abaissement par Benchmark de sa recommandation sur la valeur, à "vendre" contre "conserver".
Taux Le rendement des "gilts" britanniques à dix ans a cédé jusqu'à neuf points de base à 0,723%, au plus bas depuis octobre 2016, après les propos de Mark Carney. Le marché monétaire intègre désormais une probabilité de 57% d'une baisse d'un quart de point du taux directeur de la BoE d'ici à décembre, contre 41% en début de journée. Dans son sillage, le rendement des Treasuries américains à dix ans a piqué du nez pour descendre autour de 1,98%. En zone euro, le rendement du Bund allemand à dix ans était pratiquement inchangé en fin de séance à 0,363% après un nouveau plus bas à -0,37%.
Changes Le dollar est en légère baisse face à un panier de devises de référence et efface une partie des gains engrangés lundi en réaction à l'annonce de la trêve commerciale USA-Chine. L'euro se stabilise autour de 1,129 dollar après avoir touché en début de journée, à 1,1273, son plus bas niveau depuis le 20 juin. L'annonce de la proposition par les dirigeants européens de la candidature de Christine Lagarde à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) a eu peu d'effet sur la monnaie unique. La livre sterling, elle, recule nettement après les propos de Mark Carney: elle abandonne 0,25% face au dollar et plus de 0,35% face à l'euro. La livre sterling amplifiait son recul mardi face au dollar et à l'euro après des déclarations de Mark Carney, le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE), évoquant une possible réponse "à court terme" de la banque centrale aux risques que constituent à ses yeux les tensions commerciales et le Brexit. Vers 14h35 GMT, la devise britannique cédait 0,34% face au dollar à 1,2596, au plus bas depuis le 19 juin, et abandonnait 0,45% face à l'euro, qui remontait à 89,67 pence. Mark Carney a déclaré dans un discours qu'une guerre commerciale mondiale et une sortie sans accord négocié du Royaume-Uni de l'Union européenne constituaient des possibilités mais pas des certitudes. Et il a ajouté que l'incertitude "pourrait nécessiter à court terme une réaction de la politique monétaire". La prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la BoE est prévue le 1er août. La Bourse de Londres, qui profite généralement de la dépréciation de la livre, a amplifié sa progression: l'indice FTSE 100 gagnait 0,65% à moins d'une heure de la clôture. Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d'Etat britanniques à dix ans cédait plus de sept points de base à 0,737%.