Le gouvernement indien a déclaré qu'il lèverait dans les prochains jours les mesures imposées dans l'Etat du Jammu-et-Cachemire pour restreindre la liberté de circulation des personnes et les communications. L'annonce a été faite par l'avocat du gouvernement lors d'une audience devant la Cour suprême, saisie par l'éditrice du journal Kashmir Times qui réclame le rétablissement des lignes de communication avec le territoire himalayen. Dans l'immédiat, le dispositif a été resserré à Srinagar, la principale ville du Cachemire, pour éviter que des manifestations suivent les grandes prières du vendredi. Deux journalistes de Reuters ont signalé le déploiement de forces de sécurité devant les mosquées de la ville. Des fourgons de police équipés de haut-parleurs sillonnent par ailleurs les rues de la ville en recommandant aux habitants de ne pas s'aventurer dehors. D'après la chaîne de télévision indienne NDTV, citant des sources anonymes, les écoles rouvriront probablement ce lundi. New Delhi a supprimé le 5 août dernier le statut particulier dont bénéficiait cet Etat du nord de l'Inde depuis l'indépendance, en 1947. Dans le même temps, les lignes téléphoniques, les accès à internet et les chaînes de télévision ont été suspendus. La liberté de mouvement de même que les rassemblements ont également été restreints. Plus de 500 dirigeants et activistes locaux ont été interpellés et les forces indiennes ont érigé de nombreux barrages routiers dans le territoire. Le gouvernement indien a justifié ces mesures par le souci d'éviter des troubles au Cachemire, le seul Etat de la fédération indienne à la population majoritairement musulmane. Les autorités indiennes, confrontées à une insurrection depuis des décennies dans cette région également revendiquée par le Pakistan, jugent que ce statut spécial a freiné le développement économique du Jammu-et-Cachemire. Dans un discours prononcé jeudi à l'occasion de la fête de l'indépendance, le Premier ministre indien, Narendra Modi, dont le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) a remporté les législatives du printemps dernier, a déclaré que ce statut d'autonomie avait favorisé la corruption et le népotisme et créé de l'injustice pour les femmes, les enfants et les minorités. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir ce vendredi à huis clos à la demande du Pakistan et de la Chine pour examiner la décision indienne.
Certaines liaisons téléphoniques rétablies Les autorités indiennes ont rétabli samedi les communications téléphoniques terrestres avec certaines régions du Cachemire, levant une partie des restrictions imposées le 5 août dernier, lorsque New Delhi a supprimé le statut d'autonomie dont jouissait l'Etat du Jammu-et-Cachemire. Dans la région du Jammu, à la population majoritairement hindoue, les liaisons de téléphonie mobile fonctionnent de nouveau dans certains districts. Autre signe de détente, pour la première fois depuis la révocation du statut spécial du seul Etat majoritairement musulman de la fédération indienne, les fourgons de police n'ont pas sillonné vendredi soir les rues de Srinagar, capitale d'été de l'Etat, pour appeler les habitants à rester chez eux. Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, qui ont éclaté vendredi soir et se sont poursuivis samedi, y ont toutefois faits six blessés, selon des sources médicales, mais le gouvernement local a assuré que la situation était "paisible". Les autorités indiennes démentent avoir imposé un couvre-feu dans la principale ville de l'Etat mais en de nombreuses occasions ses habitants ont reçu pour consigne de ne pas sortir. Réunis à huis clos, les Etats membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont exhorté vendredi l'Inde et le Pakistan à éviter les mesures unilatérales dans l'Etat du Jammu-et-Cachemire, sans adopter de déclaration en ce sens, malgré l'insistance de la Chine. "Le fait que cette réunion ait eu lieu montre qu'il s'agit d'un différend internationalement reconnu", s'est réjouie l'ambassadrice pakistanaise à l'Onu Maleeha Lodhia, dont le pays s'efforce d'internationaliser la crise que New Delhi présente comme relevant purement des affaires intérieures indiennes. Lors d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre pakistanais Imran Khan, Donald Trump a par ailleurs estimé que les tensions entre New Delhi et Islamabad devaient être désamorcées par le "dialogue bilatéral", rapporte la Maison blanche.