Les citoyens sont sortis à Alger pour le 27ème vendredi consécutif, réitérant leurs revendications liées au changement du système, au départ de ses symboles et au jugement de tous les corrompus. Comme à leur habitude, les manifestants se sont donné rendez-vous au centre-ville de la capitale où ils ont scandé des slogans appelant à l'édification d'un Etat de droit, à l'indépendance de la justice et à la lutte contre la corruption.
Les manifestants qui ont emprunté les principales artères de la capitale, à l'instar de la Grande-Poste, la place Maurice Audin et le Boulevard Zighout Youcef, où un important dispositif sécuritaire a été déployé, ont également exprimé leur attachement à l'unité nationale et leur rejet de toutes les manœuvres susceptibles de porter atteinte à la cohésion du peuple algérien. La lutte contre la corruption a été vivement réclamée par les manifestants, qui ont insisté sur l'éradication de ce phénomène, appelant à juger tous les corrompus et à récupérer les fonds détournés et les biens dilapidés. Brandissant le drapeau national, les citoyens ont entonné en chœur "djeich-chaâb khawa khawa" (armée et peuple sont frères), "Djazaïr horra démocratia" (Algérie libre et démocratique) et "Silmia, silmia" (pacifique, pacifique), tout en exprimant leur détermination à poursuivre ces marches jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Des manifestants ont, pour leur part, réclamé, lors de ce 27ème vendredi de mobilisation, l'urgence d'organiser une élection présidentielle "libre et transparente" pour mettre fin à la crise qui secoue le pays. Ces nouvelles marches interviennent au moment où l'instance nationale de dialogue et de médiation, présidée par Karim Younes, poursuivait ses rencontres de consultation avec les partis politiques, les organisations nationales et les dynamiques de la société civile pour tenter de trouver les solutions permettant une sortie de crise. Ces rencontres ont été l'occasion de formuler plusieurs propositions, dont celles de fixer la date de la présidentielle dans les plus brefs délais et de garantir les conditions nécessaires pour la tenue d'une élection régulière et transparente, en sus de l'installation d'une instance nationale indépendante pour la surveillance de cette élection. La majorité des intervenants ont proposé de remplacer le gouvernement actuel par un gouvernement technocrate formé de compétences nationales. Ils ont également appelé à la libération des manifestants arrêtés lors du Hirak dans plusieurs wilayas, exigeant d'écarter du dialogue toute personne impliquée dans des affaires de corruption. Il est à noter que la marche à Alger s'est déroulée dans le calme et, comme à l'accoutumée, les manifestants ont commencé à se disperser aux environs de 17h00 cédant la place aux jeunes bénévoles qui ont, dans un geste de civisme et de citoyenneté, commencé à nettoyer les lieux.
Revendiquer le respect de la volonté populaire Des citoyens dans différentes wilayas du pays ont marché pacifiquement en ce 27ème vendredi consécutif pour réitérer leurs revendications appelant notamment au "changement du système" et au "respect de la volonté du peuple" tout en insistant sur la lutte contre la corruption, ont constaté les correspondants de l'APS. Les citoyens des wilayas dans l'est du pays ont battu le pavé des différentes artères des villes dans le calme et la sérénité au milieu de dispositifs sécuritaires déployés à différents points sensibles de ces villes afin d'éviter tout éventuel dérapage. Des groupes, dont certains citoyens étaient enveloppés dans l'emblème national, ont appelé la justice à poursuivre son travail de lutte contre la corruption et la récupération des fonds dérobés. Les manifestants, moins nombreux que vendredi dernier dans certaines wilayas, ont sillonné les rues de leurs villes brandissant des banderoles sur lesquelles étaient écrits : "Silmiya, silmiya" (Pacifique, pacifique), pour appeler à l'application des articles 7 et 8 de la Constitution qui stipulent que "Le peuple est source de tout pouvoir". D'autres groupes parmi les manifestants criaient "al sabi'a wa thamina" (le 7ème et le 8ème) en référence aux articles 7et 8 de la Constitution, affichant leur détermination à poursuivre leur mouvement jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Dans le centre du pays, la mobilisation était au rendez-vous de ce 27ème vendredi à Tizi-Ouzou et Béjaïa où des citoyens ont revendiqué le "départ de l'ancien système", la "lutte contre la corruption" et "l'instauration d'un Etat démocratique". Encouragés par la fraîcheur relative du climat, les manifestants ont sillonné les principales artères de ces villes en scandant les principaux slogans adoptés depuis le début du mouvement populaire, le 22 février dernier. A Boumerdès, Blida, Chlef et Djelfa des dizaines de citoyens ont également manifesté, réclamant le "déracinement de la corruption à tous les niveaux" et le "jugement de tous les responsables de la crise que vit le pays". Les manifestants ont réclamé à travers leurs slogans "le respect de la volonté populaire", "l'application des articles 7 et 8", ainsi que l'amorce d'un réel développement du pays en valorisant les compétences nationales. Dans l'ouest du pays, les participants à la marche populaire pacifique ont scandé des slogans glorifiant les martyrs de la Révolution du 1er novembre 1954, et appelé à un consensus entre les différentes franges de la société et de la scène politique, idéologique et culturelle afin de sortir de la crise actuelle. Les manifestants ont appelé à "l'application de l'article 7 de la Constitution pour une Algérie libre, démocratique et moderne", "le pouvoir au peuple", et leur "refus de dialoguer avec les résidus du système", soutenant que "c'est au peuple de choisir son président". Ils ont réclamé la "libération des personnes arrêtées lors des marches pacifiques", ainsi que "la dissolution de certains partis politiques". Ils ont également insisté sur la continuité des marches pacifiques, jusqu'à la satisfaction de toutes les revendications du mouvement populaire, appelant à l'instauration d'un Etat de droit et la protection des droits et des libertés. Dans leurs slogans les manifestants ont également appelé avec force à l'unité du peuple algérien. Entre autres slogans, également, les jeunes du hirak ont loué la "lutte contre la corruption", appelé à des "élections propres et honnêtes" et à "une autorité indépendante pour l'organisation et la surveillance des élections". Dans le sud du pays, principalement dans la ville d'Ouargla, des groupes de citoyens se sont rassemblés dans l'après-midi au niveau de la place "Souk Lahjar", avant d'organiser une marche pacifique et un rassemblement à la place du 27 février 1962. Les manifestants ont insisté dans leurs slogans sur la "lutte contre la corruption et le jugement des corrompus au niveau local et national", "le recouvrement des fonds dérobés" et le "départ des figures de l'ancien système". En raison des fortes chaleurs, enregistrées actuellement dans la plupart des régions du Sud, les organisateurs de ce mouvement populaire, à l'instar des wilayas d'Adrar, El Oued et Tamanrasset, préfèrent attendre la période après la prière d'El-Asr pour organiser des marches avec les mêmes revendications politiques. Dans le cadre des activités de "Manaber El-Hirak" (tribunes du Hirak), des débats politiques ouverts sont animés autour des réformes et le changement politique escompté.