Désormais, le médicament est une préoccupation nationale. Plus d'un milliard de dollars, toujours en hausse pour les besoins de la population. Pris entre l'augmentation des prix des médicaments et le désir de donner au public un meilleur accès à des soins de santé abordables, le gouvernement a trouvé la solution : encourager la production et l'utilisation des médicaments génériques.Le 4 mars dernier, le gouvernement a approuvé des mesures visant à encourager la production et la distribution de médicaments génériques. Cette législation prévoit la création d'une Agence pharmaceutique nationale chargée de surveiller la disponibilité des médicaments, leur sûreté, leur qualité, d'assurer des inspections et le respect de la réglementation. Toutefois, le médicament générique rencontre un certain doute, et même une incertitude de la part des patients, et même des médecins quant à son efficacité. Ali Aoun, P-DG du groupe Saidal, qui était, hier, l'invité de l'émission "En toute franchise" de la radio nationale, a déclaré que cela est dû à une mauvaise interprétation du public. Selon Aoun, le médicament générique a la même composition chimique, donc le même principe actif. Le médicament, subit le même contrôle que l'original. La seule différence réside dans le prix. Ceci s'explique par le fait que quand le brevet tombe après une dizaine d'années, le "génériqueur" a le droit de reprendre le médicament et de le reformuler, et n'aura donc pas à payer la charge induite par la recherche. En revanche, et en ce qui concerne l'acceptation du générique, Ali Aoun dira que cette situation est due à des laboratoires de fabrication de médicaments princeps qui acceptent difficilement de céder les parts de marché au générique. En revanche, les prescripteurs, en l'occurrence les médecins, doivent également jouer leur rôle. Ceux-ci, doivent, selon le P-DG de Saidal, et au même titre que le malade, être sensibilisé, notamment sur l'image et la composition du médicament en Algérie, pour favoriser et encourager la consommation du générique, et participer ainsi à la diminution de la charge de la sécurité sociale, qui est passée de 7,6 % en 2006 à 18,8 % en 2007, et préserver l'économie du pays. Cependant, au plan économique, Ali Aoun dira que 80% des médicaments importés aujourd'hui par l'Algérie proviennent d'un seul pays. Et afin de réduire la facture qui dépasse les 1 milliard 300 000 millions de dollars, le gouvernement a décidé de favoriser l'industrie pharmaceutique nationale et s'assurer la coopération de concurrents étrangers afin de réduire le coût des médicaments dans le pays.Le plus important aujourd'hui, selon le P-DG de Saidal, c'est rattraper le temps perdu, encourager la production nationale et diversifier les sources d'importation.Par ailleurs, en ce qui concerne la production de l'insuline, le P-DG du groupe Saidal a affirmé que son entreprise s'est engagée pour la production de l'insuline sous forme de stylo jetable, au grand bonheur des diabétiques algériens. En plus de sa qualité alignée sur la dernière génération, le produit sera commercialisé 40% moins cher que les produits se trouvant actuellement sur le marché. Pour Ali Aoun, c'est un combat dur que doit subir, heure par heure, son entreprise. Car, faut-il le dire, Saidal fait face à 123 importateurs, des concurrents directs pour le groupe. "Nous sommes armés pour tenir tête à cette concurrence" dira-t-il. Preuve en est, le taux de croissance annuelle de Saidal est toujours à deux chiffres. Ce qui est rare pour une entreprise nationale algérienne. En ce qui concerne l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, le P-DG de Saidal a déclaré que son entreprise n'a pas peur de cette adhésion car, selon lui, "celle-ci (l'OMC) va permettre au plus solide de rester", notamment en ce qui concerne la qualité qui doit être conforme à des norme internationaux et un prix concurrentiel, deux critères que respecte largement le groupe Saidal. Concernant, par ailleurs, la mise à niveaux et la privatisation des entreprises, le P-DG de Saidal affirme qu'il est temps de passer à l'ouverture du capital de certaines entreprises, et mettre à niveaux d'autres. Le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements a été, récemment, destinataire d'un consortium d'étude et de conseil international chargé de dresser un état des lieux de cette industrie en Algérie. Ont été présentées au ministère les conclusions et recommandations dans la perspective d'une démarche de partenariat et d'ouverture du capital et du développement du groupe Saidal. "Saidal a besoin d'ouvrir son capital, mais de l'ouvrir à des partenaires qui apportent. Pour rentrer à Saidal, il faut payer cher, ce n'est pas une entreprise à brader" dira Ali Aoun à ce sujet. Cependant, le défi de Saidal à l'avenir est de mettre sur le marché des médicaments qui viennent compléter les schémas thérapeutiques qui sont aujourd'hui attribués à des médicaments importés. Il convient de rappeler toutefois, que le groupe Saidal occupe la 4e place sur le marché de la production pharmaceutique en Algérie en termes de chiffres d'affaires, mais occupe la 1re place en termes de volume de production annuelle, soit 135 millions d'unités de vente. Son capital social tourne autour de 2 milliards 500 000 millions de DA. Saidal emploie plus de 4 575 travailleurs, et gère 12 sites de production avec 3 sites de distribution, un centre de recherche et de développement, le centre nerveux du groupe. Celui-ci possède une large gamme de plus de 253 produits, enregistrés et commercialisés. Saidal est également présente à l'international, dans six pays africains, deux pays arabes, et au Mexique, à travers son produit un antibiotique vétérinaire.