Par : Abdelouahab F. En dépit des efforts déployés par les pouvoirs publics pour faire face aux aléas du changement climatique, la problématique demeure entière et loin de connaître un épilogue et le statu quo se reproduit chaque année car les carences et défaillances des infrastructures hydrauliques et topographiques ont été flagrantes lors des inondations ayant sévi dans plusieurs régions du pays, même au Sahara suite aux pluies orageuses qui s'y sont abattues. Il est, certainement, impératif que les services concernés de l'hydraulique prennent sérieusement les dispositions nécessaires pour éviter que les dégâts énormes occasionnés par les inondations ne réapparaissent, notamment par l'adaptation des infrastructures hydrauliques aux fins de bien gérer les risques majeurs à travers le pays auxquels les ouvrages doivent être adaptés. Tout simplement, parce que les ouvrages réalisés durant les années 80 pour drainer une crue dimensionnée à l'époque doivent être adaptés et les crues qui apparaissaient une fois par année reviennent dorénavant plusieurs fois dans l'année. Les infrastructures actuelles ne peuvent plus drainer à partir d'une certaine limite de telles quantités d'eau. Les nouvelles études de réalisation devraient prendre en considération les nouvelles données impliquant une récurrence des phénomènes météorologiques importants et leur imprévisibilité. Un chantier énorme a été ouvert à l'échelle nationale surtout concernant cette adaptation des infrastructures hydrauliques. Toutefois, les montants dégagés et les efforts consentis demeurent insuffisants pour arriver à éradiquer ce phénomène d'inondation. Ces opérations de lutte contre le phénomène accablant des inondations ont coûté les yeux de la tête aux pouvoirs publics, environ 200 milliards de dinars alloués en vain par le ministère de tutelle.
Le programme préventif tarde à être appliqué Quant à la chargée d'études et de synthèse auprès du même ministère, elle a rappelé à l'APS l'existence d'un programme préventif auquel contribuent l'ensemble des opérateurs concernés afin de curer les réseaux d'assainissement et de les préparer aux périodes de crues. Deux mois nous séparent de la saison hivernale, et le citoyen lambda craint toujours les sinistres énormes des inondations et se demande à quand la réalisation effective de ces projets pour mettre un terme à sa souffrance à chaque crue. " Qu'attendent les services concernés à longueur d'année pour entretenir les avaloirs et même de mieux gérer les oueds et les cours d'eau ? S'est interrogé un citoyen résidant un quartier inondé à Skikda où le 03 du mois de septembre écoulé, cette ville et bien d'autres, se sont réveillées les pieds dans l'eau. A Merj-Eddib, l'une des plus grandes cités de la ville, il a fallu dévier le trafic routier sur d'autres axes pour permettre aux citoyens de regagner le centre-ville. Les scènes de désolation étaient encore visibles, témoignant de la gravité des inondations de samedi. Elles témoignaient aussi de l'inefficacité de la prise en charge du sinistre. En plein déluge,deux agents communaux ont tenté, dans de lamentables conditions, de déboucher une canalisation en usant d'un simple brin de fer. Cela se passait à Merdj-Eddib, à côté de l'Agence foncière. "Et si les pluies diluviennes s'étaient prolongées dans le temps, que serait-il advenu de nous ?", s'interrogeaient les habitants de Skikda, en fustigeant les pouvoirs publics.Des citoyens qui semblent convaincus qu'en dépit de l'importance des 140 mm de pluie enregistrés, les responsables auraient tout de même pu anticiper en mobilisant les moyens humains et matériels nécessaires pour minimiser, au moins, les conséquences d'un tel déluge. "On a été abandonnés aux eaux, alors qu'ils (les responsables, ndlr) ont été destinataires d'un BMS qui prévoyait de telles précipitations", ajoute-t-on. Les citoyens n'ont d'ailleurs pas attendu longtemps pour exprimer leur colère et des appels furent lancés sur les réseaux sociaux pour l'organisation d'une manifestation citoyenne pacifique, pour demander le départ de l'ensemble des responsables de la wilaya et des élus locaux. A Constantine le sinistre était plus important , du moment qu'on a déploré deux morts suite aux inondations générées par les pluies diluviennes.Les fortes pluies qui se sont abattues sur Constantine, ont fait deux morts, selon un premier bilan provisoire de la Protection civile.
Quelques bilans des inondations dans différentes wilayas Les deux victimes sont un homme et une femme âgés respectivement de 50 et 30 ans, toujours selon la Protection civile. Les deux personnes se trouvaient à l'intérieur de leurs véhicules sur la RN 27, au niveau de la localité El Kantouli.Quant aux blessés, ils ont été évacués en urgence aux établissements hospitaliers les plus proches, a indiqué notre source. " Nos interventions se poursuivent toujours dans différents endroits, surtout au niveau de la route nationale. Le nombre des véhicules emportés par les eaux est très important et à ce moment nous n'avons pas encore le nombre exact de ces voitures, ni le bilan final des dégâts matériels ",Par ailleurs, d'autres quartiers des hauteurs de Constantine, notamment Daksi et la BUM ont subi également les inondations. Le bilan des dégâts n'est pas encore connu. Les services de la Protection civile ont mobilisé 70 sapeurs-pompiers, 12 camions d'interventions et 6 ambulances dans plusieurs quartiers des régions touchées par ces inondations. Les eaux torrentielles accumulées dans la descente d'El Menia, se sont déversées très vite dans la vallée d'El Kantoli prenant de court les véhicules qui roulaient sur la RN27, provoquant une catastrophe beaucoup plus grave que celle de Tébessa.Des dizaines de personnes ont été prises en otage par les eaux en furie et livrées à la terreur. Les images de la catastrophe postées sur les réseaux sociaux montrent parfaitement l'ampleur de la catastrophe. Il a fallu l'intervention de l'ensemble des effectifs de la daïra de Constantine et celle limitrophe de Hamma Bouziane. A Jijel, La commune de l'Emir Abdelkader, a subi des inondations du fait des fortes averses qui se sont abattues . Ces inondations ont été causées par la crue de l'oued Mencha qui longe la localité. Sept habitations ont été touchées par les infiltrations d'eau. Si aucun dégât corporel n'a été enregistré, les habitants ont subi des dégâts matériels notamment en ce qui concerne le mobilier domestique. Des personnes ont été sauvées in extremis de la furie des eaux, alors qu'un agriculteur qui a vu ses champs complètement inondés, a retrouvé son véhicule à quelques centaines de mètres après avoir été emporté par les eaux. Les autorités de wilaya, ont à cette occasion, dépêché une délégation pour venir en aide aux familles concernées. Ainsi, des kits alimentaires, 90 couvertures, 50 couettes ainsi que 49 matelas ont été distribués aux familles concernées. D'un autre côté, une cellule de proximité composée de psychologues a été dépêchée pour apporter un soutien psychologique aux familles touchées. A M'sila et Tamanrasset six personnes ont été emportées par les crues.Plusieurs localités du sud et de l'ouest du pays ont été inondées, des exploitations agricoles ont été ravagées. Des dizaines d'interventions de la Protection civile ont été nécessaires. Pas moins de quatre personnes ont été emportées par les crues de l'oued Sbiseb (oued El-Djayah), commune de Bouti-Sayah, soit à 87 km du chef-lieu de la wilaya de M'sila, suite aux fortes précipitations qui se sont abattues dans la nuit de mardi à mercredi, dans la région d'El-Hodna. Les cadavres de quatre des personnes disparues, quatre hommes répondant aux initiales L. L., L. H., B. S., et B. A., âgés respectivement de 32, 21, 23 et 35 ans et originaires de la région, deux ont été retrouvés mercredi soir et les deux autres jeudi matin, rejetés par l'oued Sbiseb, précise-t-on de même source. Les quatre victimes étaient à bord d'une voiture quand elles ont été surprises par les crues. Les fortes précipitations suivies d'orages ont également causé la coupure à la circulation routière de la RN60-A, reliant M'sila à Médéa, à hauteur du village Ben Dhiab, commune de Sidi-Aïssa, et de la RN8, reliant M'sila à Bouira, au centre-ville de la localité de Sidi-Aïssa, en raison du débordement des oueds Dhiab et Laghra. La wilaya de M'sila a connu, à plusieurs reprises, des crues mortelles dont celles de 2006 et 2007 qui avaient causé la mort d'une vingtaine de personnes. 37 communes sur les 47 que compte la wilaya de M'sila sont exposées aux risques d'inondations. Ces risques viennent du fait que ces localités se trouvent à 300 mètres d'altitude, alors que les montagnes du Hodna et de l'Atlas saharien qui les entourent culminent à plus de 1 000 mètres. Ces communes sont en outre traversées par un réseau hydrographique dense, constitué de cours d'eau dont les débits peuvent être très importants durant la saison des pluies. Les dernières chutes de pluie enregistrées dans la wilaya de Tamanrasset depuis le début de ce mois ont causé des dégâts importants. Selon l'officier chargé de la communication et de l'information à la direction de la Protection civile de la wilaya, plus de 16 interventions ont été déjà effectuées suite aux appels de détresse lancés par les citoyens et les services compétents, particulièrement dans les localités traversées par les oueds, à savoir Outoul, Tanghakli, In-M'guel, Assourou, Tabarkat et le centre-ville de Tamanrasset où l'on a enregistré des pertes matérielles et humaines. Le bilan dressé fait mention de 2 morts et 18 personnes sauvées dont deux touristes français. Ces derniers, souligne notre source, étaient à bord d'un véhicule 4x4. Ils ont été emportés par les eaux alors qu'ils tentaient de traverser l'oued Tanghakli, à 17 km de la ville de Tamanrasset. Pour n'évoquer que ces localités, plusieurs autres villes ont été affectées par ces sinistres. Si ce ne sont que des averses orageuses automnales qui ont provoqué ces dégâts, que dira-t-on des pluies qui duraient par le passé plus d'une semaine enregistrant une pluviosité trop élevée, les dégâts seront plus importants. Alors, les pouvoirs publics sont alertés pour la énième fois pour prendre les choses au sérieux car il s'agit des vies humaines qui sont en péril. Et il y a péril en la demeure, dit-on.