La finance islamique a de plus en plus d'intérêt de la part des institutions financières. La finance islamique se développe étonnamment viteDepuis ses débuts, il y a une trentaine d'années, le nombre d'institutions financières islamiques dans le monde est passé d'une seule en 1975 à plus de 300 aujourd'hui dans plus de 75 pays. Elles sont concentrées dans le Moyen-Orient et l'Asie du Sud-Est (Bahreïn et la Malaisie étant les principaux centres), mais apparaissent aussi en Europe et aux États-Unis. On estime que le total de leurs avoirs dans le monde dépasse 250 milliards de dollars et qu'il augmente de 15 % par an (mais les données internationales restent fragmentaires).L'industrie de la finance islamique est encore très fragmentée. Les initiatives sont diverses mais sont éparses. Il existe assez peu d'entités capables de coordonner, d'harmoniser les différentes initiatives pour obtenir une certaine homogénéité. L'attrait de la finance islamique s'explique surtout par les excès de la finance globale. La finance islamique est un système de finance éthique cautionné par la religion (et fondé sur le principe que les activités économiques demeurent bénéfiques tant qu'elles sont exercées dans un cadre moral strict), la décision est d'autant plus aisée que le nombre de produits islamiques et d'institutions qui les offrent ne cesse de croître. La finance islamique a réussi, au gré d'une savante ingénierie financière, à trouver des substituts conformes à l'islam à tous les instruments de placement, des plus sûrs aux plus spéculatifs. C'est dans ce contexte que Stratégica finance, partenaire de Deutsche Bank, organisera jeudi prochain à l'Institut algérien des hautes études financières (IAHEF) un séminaire portant sur les obligations islamiques communément appelées sukuk.Les sukuk sont des titres d'investissement adossés à des actifs réels (biens et services). Ils représentent une quote-part indivise de propriété sur les actifs générateurs de flux financiers. Les sukuk font partie des produits financiers dont la structure et l'utilisation sont conformes aux principes de la charia, notamment l'interdiction de l'intérêt (Riba) et l'interdiction de spéculation (gharrar). L'intérêt pour les sukuk n'a cessé de se renforcer depuis dix ans, en particulier dans les pays du Golfe arabe et d'Asie du Sud est, en raison de l'augmentation des prix du pétrole et de l'accumulation de capitaux détenus dans les pays pétroliers.Le volume des sukuk émis est passé en l'an 2000 à 97,3 milliards de dollars US en 2007. Les principaux pays d'émission sont la Malaisie, Bahreïn, Qatar, les Emirats arabes unis, l'Arabie Saoudite et le Pakistan. Pour la seule année 2007, 119 émissions de sukuk ont été enregistrées pour un volume de 32,6 milliards de dollars US dont 58% dans les seuls pays du Golfe arabe. Ces transactions se répartissent en 88 sukuk corporate et 31 sukuk souverains.Le volume total des sukuk émis en 2007 se répartit principalement entre le secteur financier (31%) le secteur mobilier (25%) et l'énergie (12%). Les sukuk souverains financent le plus souvent des projets d'infrastructures, tandis que les sukuk émis par des entreprises financent des projets immobiliers ou industriels. Des émetteurs non musulmans s'intéressent à cet instrument car il permet de bénéficier d'une liquidité importante à des coûts compétitifs ; c'est ainsi que l'Etat allemand de Saxe-Anhalt a émis en 2004 des sukuk pour un montant de 149 millions de USD. Le Royaume-Uni, après avoir adapté sa réglementation fiscale, envisage d'émettre ses premiers sukuk en livres sterling durant l'année 2008. Le gouvernement japonais devrait aussi émettre 300 à 500 millions de USD de sukuk en 2008, à travers le Japan Bank for International coopération. Enfin, le Soudan est le premier pays africain à avoir émis des sukuk : en 2007, ce pays a levé 130 millions USD pour financier un projet de cimenterie sur le Nil. L'Algérie ne devrait pas rester en marge de ce phénomène. Parce qu'ils sont adaptés à une demande latente exprimée par une catégorie de la population, les sukuk ont un fort potentiel de pénétration et pourraient avoir des effets très bénéfiques sur la dynamique du marché financier local.