La crise économique mondiale nourrit l'intérêt pour la finance islamique laquelle présente de plus en plus d'attrait. C'est dans ce sens que l'hebdomadaire jeune Afrique a dédié un dossier à la finance islamique en Afrique. Selon la publication les concepts de finance islamique à l'image de " Charia compliant " (compatible avec les préceptes du Coran), est devenue courante dans le monde bancaire, pas seulement au Moyen-Orient, mais également en Europe, au Maghreb et en Afrique subsaharienne. Jeune Afrique rappelle que la finance islamique enregistre un taux de croissance annuel de près de 15 %. Avec une prédilection pour l'Afrique du Nord. Plus au sud, le Soudan, avec plus d'une vingtaine de banques islamiques captant près de 80 % du marché, fait figure d'exemple en la matière. La Mauritanie, la Gambie, la Guinée, le Sénégal, le Liberia, le Niger, le Kenya et Djibouti ont aussi accordé des licences bancaires à des institutions islamiques. " Le rayonnement du Moyen-Orient en Afrique, via ses chaînes de télévision satellite, a beaucoup joué ", explique Zoubeir Ben Terdeyet, consultant et initiateur du Forum africain de la finance islamique, dont la deuxième édition se tient à Casablanca du 31 mars au 2 avril. La publication précise que près d'une quarantaine d'institutions financières opèrent à ce jour sur le continent, qui compte 412 millions de musulmans, contrôlant autour de 18 milliards de dollars d'actifs d'après le cabinet de notation Moody's… Soit 8 % seulement du marché bancaire. Le marché potentiel est estimé à 235 milliards de dollars. C'est dire s'il existe une grande marge de progression en Afrique. Pour Jeune Afrique, en ces temps de crise une finance qui assure bannir la spéculation et les intérêts, qui est déconnectée de la débâcle des crédits et autres subprimes empoisonnées, a de quoi séduire. Contrairement à la finance conventionnelle, qui est périodiquement frappée par des crises plus ou moins sévères, la fin ance islamique est maintenant considérée comme un système financier stable capable de promouvoir la croissance et la création d'emplois stables. Elle exclut l'intérêt, la spéculation, le marché secondaire de la dette et se base sur les activités de production et de commerce réelles. Elle est immunisée contre l'expansion de l'usure et la spéculation, qui sont des caractéristiques de la finance conventionnelle et qui ont déstabilisé même les systèmes financiers les plus avancés. finance islamique est stable par nature Deux principes fondamentaux sous-tendent la finance islamique : le premier est qu'un système financier islamique est basé sur le commerce et la production et non sur l'intérêt, qui est banni ; le deuxième est qu'un système financier islamique basé sur le commerce sera immunisé contre l'instabilité, alors qu'un système basé sur l'intérêt est en soi instable et sujet à des pertes et à des crises répétitives. Un système financier islamique est défini comme un système où il n'y a pas d'actifs sans risque et où toutes les transactions sont basées sur le partage du risque et par conséquent du profit ou de la perte. De ce fait tous les actifs financiers sont des créances courantes et il n'y a pas d'instruments de dette avec un taux d'intérêt fixe ou variable. De ce fait le taux de rendement des actifs financiers est en premier lieu déterminé par le rendement du secteur réel. Dans une économie en croissance, les banques islamiques obtiennent toujours des rendements nets positifs. Dans un tel système seule la Banque centrale a le monopole de la création monétaire. Le taux d'intérêt ne peut être utilisé comme instrument de politique monétaire. La Banque centrale ne refinance pas les banques, comme c'est le cas en finance conventionnelle. Elle n'achète pas et ne vend pas d'instruments financiers aux banques. La Banque centrale doit appliquer des plafonds quantitatifs aux agrégats monétaires. Une telle politique a été efficace pour le maintien de la stabilité financière et l'exclusion des booms spéculatifs et de l'inflation même pour un système financier conventionnel. L'injection de liquidités se fait lorsque la Banque centrale procède à l'achat de devises, de l'or, ou de la dette de l'Etat non basée sur l'intérêt, mais indexée sur l'or, ou sur un panier de produits de base, ou sur un portefeuille d'actifs réels créés par l'Etat. Enfin, en finance islamique le crédit doit être basé sur l'épargne réelle. Les flux monétaires sont générés par les ventes de biens et services et transitent par le système bancaire pour les besoins des paiements ou des investissements. Les banques ne se concurrencent que pour les opportunités d'investissement réel, leurs ressources sont réinvesties dans des activités réelles. De ce fait la croissance économique est durable et ne comporte pas d'impact négatif sur la justice sociale puisque l'inflation ne peut pas être utilisée pour appauvrir les créanciers et les salariés et enrichir les débiteurs et les spéculateurs. Isma B.