De notre envoyée spéciale à Oran, Nassima Bensalem La consommation du bitume en Algérie s'accroît de plus en plus, tant pour la réalisation des projets initiés par le secteur des travaux publics que pour l'industrie en terme d'entretien et de rénovation.Les bitumes jouent un rôle économique important à la faveur de la croissance et de la multiplication des agglomérations et des réseaux routiers. C'est ainsi que les besoins en 2008 sont estimés à 2 millions de tonnes d'où la nécessité pour tous les opérateurs d'assurer la couverture de ces nouveaux besoins, c'est d'ailleurs ce qu'a annoncé, hier, le P-DG de Naftec M. Akli Remini lors de l'ouverture d'un séminaire international sur les bitumes qui se tient depuis hier à l'hôtel Sheraton d'Oran. Une manifestation de grande envergure organisée par Naftec, filiale de Sonatrach à laquelle ont pris part le ministre de l'Energie et des Mines M. Chakib Khelil et le P-DG de Sonatrach M. Mohamed Meziane. Il a souligné, dans ce même contexte, que «sur les seuls mois de janvier et février, 73 000 tonnes ont déjà été importées pour une valeur de 33 millions de dollars, ceci confirme la croissance des besoins futurs» avec, notamment, la réalisation du mégaprojet de l'autoroute Est-Ouest et la réhabilitation et l'entretien du réseau routier qui s'étend sur 110 000 km. Autrement dit, le marché connaît un véritable essor suite au lancement du projet du siècle et des 240 nouveaux ouvrages d'art ainsi que la réalisation de deux grandes rocades en cours de lancement.Les besoins du marché national n'ont été atteints, en 2007, qu'à hauteur de 855 000 tonnes par rapport à une demande avoisinant le 1 million de tonnes. La production de Naftec a atteint 335 000 tonnes, alors que les importations de Sonatrach pour le compte de Naftal et l'apport des opérateurs privés ont été respectivement de l'ordre de 310 000 et de 210 000 tonnes.Le P-DG de Naftec a fait savoir que «l'apport du secteur privé reste dynamique et occupe 40% de la part du marché». Il estime que l'écart constaté entre la demande et l'offre est dû essentiellement à l'insuffisance des niveaux de production et d'infrastructures de capacités de stockage existantes des opérateurs publics et privés. Dans le seul but de satisfaire la demande du marché en matière de bitume, Naftec a, selon M. Remini, «entrepris la modernisation de toutes ses installations de production de carburants lubrifiants et bien évidemment celles relatives à la production des bitumes». La mise à niveau engagée par Naftec est caractérisée par la signature, en 2007, de pas moins de 142 contrats pour un montant engagé de plus de 17 milliards de dinars. Lors du premier trimestre de l'année en cours, plusieurs contrats ont été signés, dont celui relatif à la rénovation de l'électricité de la raffinerie de Skikda, l'attribution du marché pour l'acquisition des licences de procédés et d'un package d'engineering pour la raffinerie d'Alger et l'ouverture des plis pour les offres techniques au titre de la réhabilitation et l'augmentation des capacités pour les raffineries de Skikda et Arzew.De son côté, le P-DG de Sonatrach, qui a présenté une communication à l'occasion du séminaire, a rappelé, quant à lui, que «depuis avril 2005, l'activité commercialisation du groupe Sonatrach assure la vente des bitumes fabriqués par Naftec et importe en outre une quantité de 310 000 tonnes pour le compte de Naftal». Cela dit, elle gère actuellement un portefeuille comprenant Naftal et près d'une vingtaine d'opérateurs privés qui contribuent à la satisfaction du marché à hauteur de 850 000 tonnes. M. Meziane a expliqué, dans ce même ordre d'idée, que «compte tenu du contexte économique de plus en plus favorable à l'ouverture du marché, ce nombre est appelé à évoluer à moyen terme», et que «les ventes de bitume réalisées en 2007 sont de l'ordre de 520 000 tonnes par Naftal et de 335 000 tonnes par des opérateurs privés», a-t-il précisé. Pour sa part, le premier responsable du secteur de l'Energie et des Mines, qui a voulu déterminer l'importance du marché de bitume, a souligné que «le réseau routier consomme 90% de la production mondiale des bitumes». Pour expliquer la forte demande nationale en la matière, il a indiqué que «cela s'explique par la nécessité de moderniser le réseau routier existant et la sauvegarde des infrastructures existantes routières et aéroportuaires, l'aménagement des grands centres urbains et bien d'autres travaux de maintenance et d'entretien de tous les ouvrages actuels et futurs». En revanche, il a précisé que «nous savons que l'offre en termes de quantité et qualité ne couvre pas suffisamment les besoins nécessaires exprimés par le marché». Pour ce qui est du séminaire, M. Khelil a estimé que «cette rencontre est un événement important à plus d'un titre puisqu'elle s'inscrit dans un contexte où la réflexion est donc amorcée sur l'organisation de ce segment de marché à l'effet de relever tous les défis qu'il génère».Le ministre a relevé le fait que les capacités de stockage portuaires existantes, qui sont de l'ordre de 55 000 tonnes, demeurent insuffisantes. Cependant, il a fait savoir que d'autres capacités de stockage sont en cours de réalisation à l'est du pays dont une aire pour une quantité de 230 000 tonnes en voie de réalisation par Naftal et 11 000 tonnes par les opérateurs privés. A l'ouest du pays, ces capacités en cours de mise en œuvre sont de l'ordre de 20 000 tonnes par des sociétés privées et 4 500 tonnes par Naftal. A ce sujet, le ministre a signalé que «d'autres efforts sont à consentir en terme de mise à disposition d'un produit de qualité». Il a d'ailleurs, appelé les opérateurs publics et privés à conjuguer leurs efforts pour pallier le déficit enregistré en termes d'offres induit par le marché national. En somme, les travaux de ce séminaire, contribueront à poser les problématiques auxquelles est confronté ce segment de produits raffinés et permettront, sans nul doute, à trouver les solutions les plus appropriées.