Le directeur du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a estimé à propos de la crise alimentaire mondiale que "le pire est peut-être devant nous", et qu'il y a même "des risques de guerre".Interrogé sur Europe-1 sur les émeutes de la faim dans de nombreux pays, il a estimé que "lorsqu'il y a des situations aussi dramatiques, ça met en cause la démocratie dans les régimes" même si "parfois ce n'est pas de leur faute". "Les populations, assez légitimement, se tournent vers leur gouvernement, les critiquent, font tomber des gouvernements démocratiquement élus (...). Lorsque la tension va au delà de la remise en cause de la démocratie, il y a des risques de guerre", a-t-il affirmé, observant que "l'Histoire est pleine de guerres qui se sont commencées à cause de problèmes de ce genre". "Malheureusement, le pire est peut-être devant nous", a-t-il jugé, "tout cela est extrêmement grave, il faut que la planète s'en saisisse". Préconisant une augmentation de la production agricole mondiale pour faire face aux besoins grandissants notamment de la Chine et de l'Inde, le patron du FMI a mis en garde contre la "tentation du protectionnisme" pour les pays producteurs de denrées alimentaires, "Une des manières de résoudre les questions de famine, c'est au contraire d'augmenter le commerce international, d'augmenter les flux", a-t-il assuré. Dénonçant la "spéculation financière qui vient nuire à la situation des prix" alimentaires, il a également estimé que les biocarburants posaient un "vrai problème moral" dans ce contexte. Estimant que le Programme alimentaire mondial (PAM) devait intervenir dans un premier temps, Dominique Strauss-Kahn a affirmé que le FMI devait intervenir à "long terme", afin de "réorienter les politiques économiques". Pour les pays fortement touchés, le FMI est "en train de réviser (ses) procédures d'accès parce qu'elles étaient peu orientées vers la crise alimentaire", a précisé DSK. "C'est notre mission que leur commerce extérieur soit rééquilibré grâce à des appuis du FMI".