Il ne reste qu'une vingtaine de jours pour que le mouvement populaire boucle sa première année. Cette insurrection citoyenne jugée de hirak béni par le président de la République Abdelmadjid Tebboune qui a des bonnes intentions apparentes depuis son investiture pour ouvrir les voies du dialogue avec tous les Algériens afin de trouver issue à la crise politique de notre pays qui perdure depuis près d'une année. Au 53ème vendredi, ce mouvement soufflera sa première bougie avec beaucoup d'acquis, notamment la chute de l'empire de l'ancien régime politique du président sortant Bouteflika, ce qui est une victoire pour ce peuple qui aspire perpétuellement le changement radical, les procès contre des anciens responsables impliqués dans des affaires de corruption. Reste à dire que ce mouvement doit travailler avec tous les Algériens et surtout les partis de l'opposition, selon les déclarations de Hakim Addad l'un des fondateurs de l'association RAJ (Rassemblement, Actions Jeunesse), actuellement poursuivi en justice pour ses activités au sein du Hirak. Dans un entretien accordé au journal électronique Maghreb Emergent, Hakim Addad a affirmé que la Hirak algérien, au-delà de sa revendication principale, appelant à la disparition du système actuel, réagit régulièrement aux décisions du pouvoir et affiche, à chaque manifestation, sa position.Pour ce qui est de la mise en considération des réactions du Hirak vis-à-vis des décisions prises par les pouvoirs publics , Hakim a avancé que le pouvoir, comme tout pouvoir dans le monde ne peut qu'appréhension d'un mouvement populaire comme celui-là. Et même si les manifestations ont attiré un peu moins de monde ces dernières semaines, le pouvoir a toujours peur du Hirak. Il est désormais obligé de réfléchir plus d'une fois avant de prendre une décision ou avant de faire une annonce quelconque. Et de poursuivre que l'appréhension des pouvoirs publics du Hirak s'avère plus que d'une opposition classique. Ce qui est logique, selon lui, du moment que le pouvoir sait comment répondre face à des méthodes classiques, mais avec le Hirak, les choses sont différentes. Le Hirak est capable de donner rapidement des réponses assez radicales. Il occupe la rue et utilise les réseaux sociaux pour se faire entendre. C'est une agora nationale, plus qu'hebdomadaire et qui ne semble pas près de s'essouffler.
Le Hirak, une force politique redoutable Selon Hakim , cette insurrection citoyenne est d'abord une richesse formidable de par sa pluralité et sa capacité à réunir des courants et des sensibilités différentes. C'est une réelle bénédiction pour l'Algérie. Il pense que c'est aussi une richesse pour l'opposition elle-même. Aujourd'hui, certaines voix se revendiquant du Hirak veulent enterrer les partis politiques et rejettent tout ce qui peut venir de ces partis. Et de préciser :" Je ne suis pas en train de dire que ces partis n'ont apporté que du positif, loin de là, mais je considère qu'on ne peut pas les jeter aux gémonies. Je vous dis cela sans être moi-même adhérent d'aucun parti. A mon avis, le Hirak devrait travailler avec ces acteurs politiques pour construire une réelle démocratie. ". Il ajoute qu'il existe un courant au sein du Hirak qui tente de faire taire les voix qui ne lui conviennent pas et pas seulement celles émanant des partis. Il peut aussi cibler des particuliers qui donnent des points de vue différents ou qui soulèvent des questionnements. Malheureusement, certaines personnes s'autoproclament porte-parole du Hirak. Il ne faut pas oublier que le Hirak est une force de mobilisation et de proposition.
L'émergence du hirak a prouvé l'échec de l'opposition politique du pays dans sa forme archaïque Hakim a affirmé qu'il s'agit d'une forme d'échec. Si la rue déborde depuis 11 mois, c'est parce que les partis politiques et les autres composantes de la société n'ont pas pu arriver à l'aboutissement de leurs programmes qui visaient le changement. Il a étayé par ailleurs que l'émergence du Hirak est venue combler une certaine incapacité de ces partis à concrétiser le changement souhaité. Mais ces partis restent une composante de la démocratie et il faut les accepter même si on n'est pas d'accord avec eux. Le hirak est-il en mesure de donner naissance à des partis politiques ? Addad a souligné que c'est l'une des richesses que ce mouvement peut apporter au pays." J'espère qu'il donnera naissance à de nouveaux partis politiques, mais également à de nouvelles associations, et à de nouvelles structures organisées qui feront l'Algérie politique, sociale, associative et syndicale de demain et d'après-demain." , a-t-il expliqué. Et d'ajouter que le Hirak peut aussi donner une nouvelle génération de journalistes et de journaux. Et que c'est une nouvelle Algérie qui est en train de naître et pour l'instant, les choses se font un peu de manière désordonnée, mais le changement se produira petit à petit.
Les points forts de cette insurrection populaire Selon la vision de Hakim Addad, ce Hirak avec sa pluralité, sa richesse, sa continuité ouvrant de nouvelles voies à une multitude de voix pour s'exprimer librement. Toutefois, selon lui, ce mouvement populaire doit franchir une nouvelle étape en se rapprochant des autres acteurs de la vie politique algérienne. Les hirakistes doivent organiser une sorte d'Etats généraux pour discuter des voies et moyens d'imposer les revendications du Hirak et d'esquisser les contours de cette nouvelle Algérie qu'ils veulent édifier. Aspirations de tous les Algériens.