Pour un véritable décollage de l'économie nationale dans une nouvelle République, cette dernière doit se libérer d'une dépendance à une rente pétrolière, un atout mal-exploité. Cette problématique économique a été décortiquée scrupuleusement par le professeur universitaire Mohamed Achir, docteur en économie qui revient sur ce phénomène qui n'a cessé de bafouer l'économie nationale. Il précise que dans son plan d'action, le gouvernement parle du recul important, de plus 50%, des recettes de la fiscalité pétrolière entre 2012 et 2019. Les recettes collectées au titre de la fiscalité ordinaire s'élèvent, elles, à 3110 milliards de dinars, soit 60% des dépenses de fonctionnement. Est-il possible de réussir le redressement d'une économie complètement déréglée et qui ne vit que de la rente pétrolière ? Il ajoute qu'une stratégie globale et ordonnée permettant une formation cumulative de véritables fondamentaux liés à une économie de la production doit être de mise pour que le redressement de l'économie nationale puisse se faire dûment.
Les finances publiques entre hier et aujourd'hui: Le professeur en économie n'a pas manqué de comparer l'état des lieux des finances publiques entre hier et aujourd'hui pour montrer que durant des années , ces finances publiques ont été dépensées sans réelle planification et sans générer un effet d'entraînement susceptible de relancer surtout les filières du secteur industriel et de transformation agroalimentaire. Ce sont les activités spéculatives, fort réputées dans les économies rentières, à l'instar des services, commerce, importations, promotion immobilière, etc. qui se sont bien relancées et arrosées par une manne financière de plus de 1000 milliards de dollars depuis l'an 2000. Toutefois , actuellement , c'est malheureusement l'Etat qui se rapproche de la quasi-faillite de ses finances publiques. Les déficits courants et structurants du budget de l'Etat risquent à moyen terme de paralyser le fonctionnement de ses missions régaliennes et provoquer inévitablement des ruptures dans plusieurs services publics. Le projet du budget pour 2020 prévoit encore un déficit de 1500 milliards de dinars. Il avancé en outre que les recettes de la fiscalité ordinaire prévue ne dépassent pas les 3000 milliards de dinars, soit de quoi réellement couvrir juste la masse salariale de la Fonction publique qui avoisine les 2900 milliards de dinars.
Le déficit de la CNR frôle les 700 milliards de dinars: L'économiste a déclaré que la Caisse nationale des retraites (CNR) enregistre un déficit qui s'élève à à -700 milliards de dinars, et le déficit du Trésor s'élèvera à -11,4% du PIB. Quant au taux de la croissance, il est estimé à 1,8% en 2020, soit un taux qui est largement inférieur à la moyenne de la croissance réalisée par les pays africains en 2018, avec un taux de 3,5% et un taux de 5,7% dans l'Afrique de l'Est, (source : BAD). Une véritable impasse économique et budgétaire qui risque de mener le pays vers des ajustements douloureux, à l'instar de ceux que recommandent les institutions de Bretton Woods (le FMI et la BM). Le gouvernement prévoit la création de banques spécialisées et d'un fonds souverain pour l'habitat, la petite et moyenne entreprise et les start-up pour une modernisation du système financier: Professeur Mohamed Achir a élucidé que ce gouvernement semble, en revanche , écarter toute ouverture du secteur bancaire au privé parce qu'il pense que la transition du système bancaire et financier algérien amorcée depuis le début des années 1990, à travers notamment la loi 90-10 du 14 avril 1990 relative à la monnaie et au crédit, n'a pas franchi un pas aussi important vers la modernisation, la commercialité des banques publiques et l'instauration d'une véritable pratique bancaire. Ces objectifs visés à travers la promulgation de plusieurs textes juridiques et instructions de la Banque d'Algérie n'ont pas produit les effets escomptés. Précisant que les mesures d'assainissement des portefeuilles des banques publiques et le renforcement de leurs fonds propres ont certes contribué au renforcement de leur sécurité, mais sans pour autant moderniser leurs pratiques et diversifier davantage leurs produits au niveau national et international. Dans tous les cas, trois décennies après la loi 90-10, en passant par l'ordonnance 03-11 du 26 août 2003, le débat est toujours centré sur la nécessité absolue d'une réforme profonde du système bancaire algérien. Pour les actions annoncées dans ce cadre, il est impératif de les insérer dans une réforme économique globale et structurelle de l'économie algérienne. Il faudrait également évaluer d'une manière exhaustive l'opportunité et l'utilité de la création des nouvelles structures ou institutions bancaires et financières. Car le problème, à mon avis, est dans le contenu de l'existant et non pas dans l'existant tout seul.
Les institutions bancaires et financières doivent être réformées: Il a étayé que l'Algérie a des institutions bancaires et financières qu'il faut réformer et redynamiser. La CNEP-banque, à titre d'exemple, peut accompagner l'Etat dans son programme de l'habitat avec de nouvelles formes orientées surtout vers la captation de l'épargne des souscripteurs. Le Fonds national d'investissement (FNI) nécessite également une évaluation de ses actions et une modernisation de ses modes de financement de l'activité économique privée et des programmes publics du développement.
Il faut des décisions courageuses et relancer même le débat sur l'opportunité de l'ouverture du capital social des banques publiques Et de poursuivre qu'on ne peut pas développer une économie sans l'appui d'un système bancaire et financier moderne et qui fonctionne selon les normes et pratiques internationales. L'insertion du système bancaire algérien dans la sphère financière mondiale est susceptible de constituer un catalyseur de diversification des sources et modes de financement des entreprises algériennes et faciliter l'internationalisation de leurs activités de production ou de commercialisation. A son avis , les réformes doivent également réhabiliter le pouvoir monétaire de la Banque d'Algérie et limiter les interventions successives du pouvoir exécutif dans la gestion de la politique monétaire. En somme, il faudrait des décisions courageuses et relancer même le débat sur l'opportunité de l'ouverture du capital social des banques publiques qui ne sont pas forcément dédiés au financement des programmes stratégique de l'Etat. La bancarisation de l'économie et la modernisation des moyens de paiement à travers surtout les instruments électroniques représentent des leviers importants pour la mobilisation de l'épargne et la réduction de la sphère de la transaction de l'économie informelle. Par ailleurs, la modernisation de l'administration fiscale et de l'administration des Douanes s'avère indispensable pour réduire le poids de l'économie informelle dans le PIB qui est estimé à 45%.