Depuis l'attaque attribuée au régime syrien qui a tué au moins 33 de ses soldats à Idleb jeudi, la Turquie multiplie les initiatives diplomatiques. Le président Recep Tayyip Erdogan est en quête de soutien chez ses alliés occidentaux et multiplie les initiatives diplomatiques. Mais c'est encore avec son homologue russe Vladimir Poutine, parrain du régime de Damas, qu'il va devoir négocier une sortie de crise. Les deux hommes doivent se rencontrer la semaine prochaine. Depuis l'attaque d'Idleb, les autorités turques ne désignent qu'un coupable et ne frappent qu'une cible : les forces du régime de Bachar el-Assad. Pourtant, sur les réseaux sociaux et dans la presse d'opposition, des experts militaires et d'anciens diplomates avancent une autre version des faits : ce serait l'aviation russe qui aurait provoqué la mort d'une trentaine de soldats turcs, et Ankara se tairait pour ménager Moscou. Une chose est sûre, le président turc Recep Tayyip Erdogan a sous-estimé le soutien que son homologue russe Vladimir Poutine était prêt à fournir au régime de Damas, et sa réticence à chercher la désescalade à Idleb. Mais c'est avec lui qu'il a eu son premier entretien téléphonique après l'attaque. Les deux hommes sont convenus de se rencontrer prochainement. Le Kremlin, qui rechignait il y a quelques jours à organiser une telle rencontre, invoquant l'agenda chargé de Vladimir Poutine, avance désormais la date du 5 ou 6 mars. La question de la présence militaire turque en Syrie sera certainement posée. L'enjeu va bien au-delà d'Idleb : la Turquie sait qu'un retrait sans condition de ses troupes dans cette province pourrait précipiter, à terme, un retrait des autres territoires du nord syrien passés sous son contrôle depuis 2016. D'où son refus de céder aux pressions et aux attaques, alors que plus de 50 soldats turcs ont perdu la vie à Idleb depuis le 3 février.
Le chef de l'État turc réclame l'aide de l'Otan La Turquie appelle l'Otan à imposer une zone d'exclusion aérienne dans le nord-ouest de la Syrie pour protéger des frappes du régime et de l'aviation russe les trois millions de civils d'Idleb et les milliers de soldats turcs déployés sur place. Sauf que, dans les faits, cette zone d'exclusion aérienne existe déjà, mais sous contrôle russe. Les avions et les hélicoptères de combat turcs n'ont en effet pas accès au ciel d'Idleb. C'est d'ailleurs ce qui explique en partie le lourd bilan de jeudi : lorsque le convoi turc a commencé à être attaqué, aucune force aérienne n'est venue à sa rescousse. Moscou n'a même pas autorisé le vol d'hélicoptères pour évacuer les blessés, qui ont dû être transportés par la route jusqu'au premier hôpital turc, 70 kilomètres plus loin. La Turquie réclame que les Etats-Unis ou des Etats européens lui " prêtent " des systèmes de défense antiaérienne. Elle voudrait surtout que des avions de l'Otan soient déployés au-dessus de la zone, ce qui signifie que des avions de l'Otan risqueraient d'être confrontés à des avions et des missiles syriens et russes… Mais ce soutien militaire est improbable, en raison des tensions multiples entre Ankara et ses alliés occidentaux, et surtout de leur réticence à s'enliser à leur tour dans le bourbier syrien. Depuis hier, Recep Tayyip Erdogan semble donc prendre la mesure de son isolement international en même temps qu'il multiplie les coups de téléphone…