La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a salué dimanche à Bagdad les progrès vers l'unité réalisés par le pouvoir irakien, en dépit d'une menace de "guerre ouverte" lancée par le chef chiite radical Moqtada Sadr. Au cours d'une visite surprise à Bagdad, Mme Rice a estimé "que l'Irak traversait une période propice, dont il fallait remercier le Premier ministre (Nouri al-Maliki) et le pouvoir irakien uni". Condoleezza Rice se rend dans le Golfe pour appeler les pays arabes à aider à la reconstruction de l'Irak dans le cadre des efforts américains pour contrer l'influence de l'Iran dans ce pays. Après des entretiens lundi à Bahrein avec ses homologues du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe les six monarchies de la région, la chef de la diplomatie américaine participera mardi à Koweit à une conférence internationale des voisins de l'Irak. Outre les voisins arabes de l'Irak, la conférence de Koweit, la troisième du genre après celles de Charm el-Cheikh en mai et d'Istanbul en novembre 2007, doit rassembler la Turquie, l'Iran, la Syrie, les membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) et d'autres pays industrialisés membres du G8. "Ce dont l'Irak a le plus besoin, et c'est ce que je vais dire au Koweit, c'est d'un plus grand soutien de ses voisins", a déclaré jeudi Mme Rice au cours d'une conférence de presse. Montrer à l'Irak qu'il est le bienvenu dans le monde arabe "suffira à commencer le protéger de l'influence de l'Iran, qui est néfaste", a-t-elle ajouté. Elle a précisé qu'elle demanderait aux dirigeants arabes sunnites du Golfe (Arabie Saoudite, Koweit, Emirats Arabes Unis, Bahrein, Oman et Qatar) de "respecter leurs promesses" de renforcer leurs liens diplomatiques, économiques, culturels et sociaux avec le gouvernement irakien, contrôlé par des chiites. Dimanche en Irak, elle a estimé qu'il y avait "une consolidation du centre dans la politique irakienne", propre à rassurer les pays arabes sunnites sur les intentions d'un gouvernement dominé par des chiites. Les Etats-Unis ont fait de la réconciliation entre les différentes factions irakiennes une condition impérative de la stabilisation en matière de sécurité, susceptible de justifier une réduction de leur contingent prévue avant juillet. Mme Rice a rencontré le Premier ministre Nouri al-Maliki et le président Jalal Talabani. Au moment de ces rencontres, des explosions ont secoué la "zone verte", l'enclave fortifiée au centre de Bagdad qui abrite le gouvernement et l'ambassade américaine et qui est visée régulièrement par des roquettes tirées par des miliciens chiites. L'étape irakienne de Mme Rice --qui a ensuite gagné Bahreïn-- est intervenue alors que le chef radical Moqtada Sadr a menacé samedi de déclencher un soulèvement de ses partisans si les attaques des troupes irakiennes et américaines contre son mouvement se poursuivaient. Le commandement américain en Irak a répondu qu'il était en mesure de parer à une offensive de la milice sadriste, l'armée du Mahdi, qui compte quelques 60.000 combattants. Interrogée sur la menace de Sadr, Mme Rice a estimé qu'il était difficile de comprendre "ses motivations et ses intentions". Elle a assuré qu'il se trouvait en Iran. Depuis des jours, des affrontements intermittents opposent les troupes irakiennes et américaines aux miliciens chiites dans Sadr City, qui abrite plus de deux millions d'habitants. Dimanche, au moins 19 personnes ont été tuées à Bagdad dans ces affrontements, selon des sources militaires et hospitalières. Les combats, qui ont recommencé dans Sadr City le 6 avril, ont fait quelque 150 tués et des dizaines de blessés, en majorité des civils.