L'accélération du processus de privatisation des entreprises publiques algériennes n'est pas un acte irrationnel. Elle doit, en effet, se faire d'une manière pragmatique et étudiée et ce, dans l'optique d'en tirer le plus d'avantages, faisant ainsi de la défense des intérêts nationaux le seul guide des "choix stratégiques" du pays. La privatisation et l'ouverture du marché algérien ne veulent, en aucun cas, signifier le bradage de ce qui est stratégique dans le secteur public et encore moins la liquidation des richesses du pays, d'autant plus que son économie dépend, faut-il le dire, quasi-totalement des hydrocarbures. Ainsi donc, les opérations de privatisation et d'ouverture du capital doivent accroître l'intérêt des investisseurs étrangers pour le marché algérien qui a connu, depuis un bout de temps, l'entrée en activité de grands groupes étrangers dans les secteurs des télécommunications, des banques, de l'eau. Dans une déclaration faite à la presse, le ministre des Participations et de la promotion des investissements, M. Abdelhamid Temmar, était plus qu'explicite sur ce point. Selon lui, il n'y aura pas de recul sur la privatisation des entreprises publiques algériennes, bien au contraire, la cadence sera accélérée. Et pour preuve, le processus de privatisation, qui pour l'heure a touché 400 entreprises, dont 80 ont été vendues aux collectifs de travailleurs, est toujours de mise. En effet, une quinzaine d'entreprises publiques sera proposée toutes les deux semaines au Conseil des participations de l'Etat (CPE) pour pouvoir privatiser, dans les plus brefs délais, les quelque 300 entreprises éligibles à la privatisation. Pour rappel, le Conseil des participations de l'Etat, qui s'est réuni, il y a quelques jours, sous la présidence du chef du gouvernement, a approuvé 16 dossiers de privatisation et de partenariat, dont 12 sont localisées dans des régions à promouvoir. Ils représentent un investissement de 26,047 milliards de dinars. Ces investissements permettront la préservation de 2 292 postes de travail et la création de 634 nouveaux postes. M. Temmar, qui a toujours insisté sur le large de la privatisation (qui peut aller de l'ouverture du capital à la cession totale) a fait savoir que même s'il existe en Algérie des entreprises privatisables à 100 % il y en a d'autres qui ne sont pas à vendre pour la simple raison qu'elles sont " stratégiques ", pour ne citer que la Sonatrach. Il a été également décidé de sauvegarder 100 entreprises stratégiques devant permettre à l'Algérie d'avoir des garanties vis-à-vis de ses partenaires, notamment ceux du vieux continent. Parallèlement, aux efforts engagés en vue de booster la privatisation qui est considérée comme étant un moyen de promotion de l'investissement industriel au service de la croissance économique, les pouvoirs publics se disent déterminées à mettre en œuvre une nouvelle stratégie industrielle dans le pays. Une démarche qui permettra à l'Algérie d'ériger ses pôles de compétitivité efficaces et générateurs des richesses. La stratégie industrielle, dont les assises se tiendront durant le début de l'année 2007, après que le gouvernement eut examiné le document de Stratégie et politiques de développement de l'industrie, revêt, aux dires de M.Temmar, une grande importance pour l'avenir de l'Algérie. Il s'agit, en fait, du " destin de la nation " qui doit " sortir des hydrocarbures pour aller vers une industrie stratégique ". C'est une restructuration approfondie des infrastructures industrielles existantes et des potentialités que recèlent les entreprises économiques en sus d'un cadre d'intervention efficace et flexible de l'Etat.