Pour l'Algérie, s'impose une révision déchirante de toute la politique socio- économique et de la gouvernance. Certes la situation du passé est alarmante, mais il ne suffit pas de critiquer éternellement le passé, mais de trouver des solutions opérationnelles pour l'avenir de la population algérienne. Certains responsables formatés par l'ancienne culture rentière, au lieu de s'attaquer au blocage du fonctionnement de la société, croient aux miracles juridiques, alors que l'Algérie a des lois les meilleures du monde rarement appliquées et font des discours d'autosatisfaction, que contredit la réalité. Même un ministre des Finances français, mais il n'est pas le seul, avec un PIB dépassant en 2019, 2700 milliards de dollars avec une économie diversifiée, contre un PIB Algérie de 180 milliards de dollars annonce pour 2020 selon ses propres mots " une catastrophe économique" Or certains responsables à l'instar du ministre de l'Energie et l'interview récent du 23/03/2020 du nouveau président du Conseil économique et social versent dans l'autosatisfaction populiste , sans proposer de solutions concrètes. Dans cette conjoncture difficile laissons le soin pour les informations officielles au porte parole tant de la présidence , du gouvernement et pour le cas de l'épidémie au ministre de la santé, de communiquer avec la population pour éviter la cacophonie. 1.- Devant différencier la partie devises de la partie dinars, quelles solutions à la fois possibles et difficiles à atteindre pour combler le déficit de financement en soulignant que dans la pratique des affaires tant interne qu'international n'existent pas de fraternité ou des sentiments mais que des intérêt. Dans ce cadre la loi de finances complémentaire 2020, devant s'éloigner du populisme qui accroitra la crise à terme, doit agir sur plusieurs paramètres et variables afin de concilier l'efficacité économique et la justice sociale , indispensable pour la cohésion sociale durant cette conjoncture très difficile.
Pour atténuer la chute des réserves de change existent quatre solutions La première solution est de recourir à l'emprunt extérieur même ciblé. Dans la conjoncture actuelle où la majorité des pays et des banques souffrent de crise de liquidité c'est presque une impossibilité sauf auprès de certaines banques privées mais à des taux d'intérêts excessifs et supposant des garanties La deuxième solution, est d'attirer l'investissement direct étranger : nous sommes dans le même scénario d'autant plus que selon la majorité des rapports internationaux de 2019, l'économie algérienne dans l'indice des libertés économiques est classée ver les derniers pays (bureaucratie, système financier sclérosé, corruption), la seule garantie de l'Etat algérien sont les réserves de change en voir d'épuisement (moins de 60 milliards de dollars en mars 2020). La troisième solution, est de rapatrier les fuites de capitaux à l'étranger. Il faut être réaliste devant distinguer les capitaux investis en biens réels visibles des capitaux dans des paradis fiscaux, mis dans des prêtes noms, souvent de nationalités étrangères ou investis dans des obligations anonymes. Pour ce dernier cas c'est presque une impossibilité. Pour le premier cas cela demandera des procédures judicaires longues de plusieurs années sous réserve de la collaboration étroite des pays concernés. La quatrième solution, est de limiter les importations et lutter contre les surfacturations. Mais existent des limites, quitte à paralyser tout l'appareil de production avec des incidences sociales (accroissement du taux de chômage) , plus de 85% des entreprises publiques et privées dont la majorité n'ont pas de balances devises positives, non concurrentielles sur le marché international, important leurs équipements et leurs matières premières de l'étranger. La décision en conseil des Ministres en date du 22 mars 2020 de limiter les importations à 31 milliards de dollars, soit des économies de 10 milliards de dollars, de suspendre des contrats avec les bureaux d'études étrangers, permettant d'économiser environ 7 milliards de dollars ne peut être effective que si d'une part, l'Algérie possède de véritables bureaux d'études de projets complexes en engireening (presque inexistants) et d'autre part avoir un système d'information performent en temps réel afin de cibler la nomenclature des importations ( des dizaines de milliers de produits) , en s'en tenant aux grandes masses de montants dépassant les 50/100 millions de dollars. Car, 80% d'actions mal ciblées ont un effet sur cette baisse de 20%, mais 20% d'actions biens ciblées ont un impact sur 80% ce qui implique un tableau de la valeur au niveau des douanes reliées aux réseaux nationaux ( banques , fiscalité notamment ) et internationaux, pour déterminer les normes ,le prix international par zone selon la qualité) afin de détecter les surfacturations, tenant compte pour certains produits des fluctuations boursières.
Pour la partie dinar qui est une monnaie non convertible existent sept solutions pour atténuer le déficit budgétaire. La première solution est la saisie des biens de tous les responsables incriminés par la justice supposant un verdict final pour respecter l'Etat de Droit par la vente aux enchères. La seconde solution, est d'intégrer la sphère informelle qui draine environ 40/45% de la masse monétaire en circulation. Cela est la partie dinars. Or les expériences historiques, notamment en période de guerre, montrent qu'en période de crise, il y a extension de cette sphère. L'ensemble des mesures bureaucratiques autoritaires de tous les gouvernements depuis l'indépendance politique ont abouti à un échec Car lorsqu'un Etat émet des règles qui ne correspondent pas à l'Etat de la société, celle-ci enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner existant un contrat moral beaucoup plus solide que celui de l'Etat, entre l'acheteur et le vendeur ( voir étude sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul Institut Français des Relations Internationales IFRI Paris novembre 2013 - les enjeux géostratégiques de la sphère informelle au Maghreb et la revue Stratégie- décembre 2019 IMDEP Ministère de la Défense Nationale " sécurité nationale et mécanismes de l'intégration, la sphère informelle en Algérie").. La troisième solution, est le recours à la planche à billets sous le nom de financement non conventionnel. Dans une économie totalement extériorisée où l'économie algérienne repose essentiellement sur la rente, la politique keynésienne de relance de la demande par injection monétaire afin de dynamiser l'appareil productif ( offre et demande) produit des effets pervers à l'image de la dérive vénézuélienne avec une inflation qui a dépassé les 1000% pénalisant les couches les plus défavorisées. La quatrième solution, est la dévaluation rampante du dinar afin de combler artificiellement le déficit budgétaire : on augmente en dinars la fiscalité pétrolière et la fiscalité ordinaire où les taxes à l'importation s'appliquent à un dinar dévalué entrainant tune augmentation des prix tant des équipements que des matières premières dont le cout final est supporté par le consommateur. La cinquième solution ultime, est la vente des bijoux de famille par la privatisation soit totale ou partielle supposant des acheteurs crédibles , devant éviter le passage d'un monopole public à un monopole privé beaucoup plus néfaste, un consensus social , le processus étant éminemment politique et dans ce cas, les ventes pouvant se faire en dinars ou en devises. La sixième solution est l'augmentation de la fiscalité ordinaire à travers le recouvrement des arriérés d'impôts. Mais attention à cette mesure qui dit être correctement penser car si l'on s'attaque aux activités visible de la sphère réelle, déjà en difficultés par cette crise, le risque est l'extension de al sphère informelle selon l'adage l'impôt peut tuer l'impôt. Mais existent d'autres niches fiscales notamment par une réorganisation audacieuse du système fiscal et du système domanial (plus de 50% des habitations n'ont pas de titres de propriété) structures en léthargie depuis des décennies. La septième solution, est un emprunt de solidarité nationale, préconisé par un ex ministre des finances, qui a échoué par le passé dans cette opération. Dans cette conjoncture particulière de lutte contre la corruption qui dépasse l'entendement humain, qui a provoqué une névrose collective , le sacrifice n'étant donc pas partagé, , visant d'anciens hauts responsables qui demandaient à la population de se serrer la ceinture, où souvent ce sont les banques publiques qui ont acheté les bons, et à la lumière des échecs du passés, cela aura peu d'impacts.
2. Le cours du baril Brent après avoir plongé dans la matinée à 25 dollars s'est redressé légèrement étant coté à 15h GMT à 26,13 dollars pour le Brent , 22,69 dollars pour le Wit et pour le gaz naturel sur le marché libre 1,604 dollar le MBTU ne pouvant couvrir les courts de Sonatrach. La situation pour le gouvernement algérien est donc complexe face à une économie qui dépend totalement de la rente pétrolière et gazière (98% des recettes en devises avec les dérivées et influant sur le taux de croissance via la dépense publique. Cela aura des incidences par conséquent le taux d'emploi et même le poids dans les relations internationales où l'économique est déterminant. Il ne faut pas être un grand mathématicien, devant faire une simple règle de trois à partir des données officielles du Ministère de l'Energie. Si l'on prend la référence du prix du baril de 2019 qui était d'environ 66 dollars, moyenne annuelle, et sous réserve d'une stabilisation de la production en volume physique, qui a connu une nette baisse entre 2008/2019, en reprenant l'hypothèse optimiste de l'AIE de mars 2020 d'un cours pour 2020 de 43 dollars, (d'autres scénarios pessimistes de banques américaines donnent un cours largement inférieur pour 2020 de 25/30/35 dollars), les recettes de Sonatrach dont le gaz représente 33% qui connait une chute drastique de plus de 50%,avec une baisse de la demande des principaux clients européens, seront de 21,65 milliards de dollars auquel il faut soustraire environ 25% de cout restant un profit net de16,23 milliards de dollars. Avec un cours de 25 dollar et un cours du gaz naturel sur le marché libre inférieur à 1,2 /2 dollars le MBTU 80% des gisements algériens ne sont plus rentables devant fermer les gisements marginaux du fait du cout élevé de Sonatrach supposant un nouveau management stratégique. Un discours de vérité, s'impose loin des discours démagogiques, la loi de finances 2020 selon le FMI, fonctionnant sur la base d'un cours minimum de 100 dollars le baril, 50 dollars étant un artifice comptable. Le risque avec la paralysie de l'actuel appareil de production et des importations de biens et services incompressibles,85/90% des inputs importés tant des entreprises publiques que privées, est l'épuisement des réserves de change ( montant inférieur à 60 milliards de dollars en mars 2020) et ce fin 2021, le premier semestre 2022 et donc le retour au FMI, ce qu'aucun patriote ne souhaite mais supposant de solutions opérationnelles et une mobilisation générale, renvoyant à la moralité des dirigeants . Ainsi, la situation socio-économique de l'Algérie fortement connectée à l'économie mondiale via la rente des hydrocarbures dépendra fortement du retour à la croissance mondiale très fragile pour 2020/2021, certainement en deçà des prévisions de l'OCDE de 2,4% pour 2020, certains experts prévoyant moins de 1,5%, la moitié de ce qui était prévu avant la crise, si la crise n'est pas jugulée avant juin 2020, avec un creusement du déficit budgétaire mondial.