le siège de l'Opep à Vienne Eviter la dérive inflationniste comme au Venezuela suppose une régulation forte conciliant le cadre macro-économique et le cadre macro-social. Les pays de l'Opep représentant 33% de la production commercialisée mondiale, 67% se faisant hors Opep, ne doivent plus vivre de l'illusion de la rente éternelle, cohabitant avec d'autres acteurs et ne pouvant jouer un rôle déterminant comme dans les années 1974. Aussi, attention à l'euphorie et aux faux calculs. Même une augmentation de 5 dollars en moyenne annuelle donne un gain net pour un pays comme l'Algérie de seulement 3 milliards de dollars contre 30 milliards de dollars pour la Russie et l'Arabie saoudite (dix fois plus de production), montant auquel il faudra retirer la diminution en valeur de la baisse de production. Comme il ne faut pas exclure, car c'est un jeu de poker du fait des turbulences de l'économie mondiale, une importante perte financière. Imaginons, en cas de crise ou de croissance faible de l'économie mondiale, que la diminution de la quantité Opep n'entraîne pas une baisse substantielle des prix et que les pays hors Opep accaparent des parts de marché. D'où la difficile équation à résoudre, d'autant plus que les USA, un des plus grands producteurs a joué sur la réduction substantielle de coûts de production, étant devenu exportateur net. Les observateurs s'accordent à ce que le prix futur dépendra d'une entente entre pays consommateurs et producteurs d'une part et d'autre part, d'une entente pays Opep non-Opep. Aussi, la détermination du prix du pétrole, (le prix du gaz, lui, étant indexé) dépendra d'une entente entre d'une part, l'Arabie saoudite et la Russie et d'autre part, l'Arabie saoudite et l'Iran qui veut revenir à son quota avant les sanctions, de plus de 4 millions de barils/jour, ayant besoin de financements. Qu'en sera-t-il pour la Russie? Pour ce pays rentré dans des enjeux géostratégiques, les Russes reprochant aux Américains de vouloir acculer l'économie russe dont les réserves de changes au cours inférieur à 50 dollars risquent de s'épuiser à l'horizon 2020. A cela il faudra ajouter l'accroissement futur de la production 2016-2017 du Nigeria, de la Libye, l'Irak (pour ces deux pays devant atteindre leurs quotas) et du Kazakhstan avec l'entrée en production d'un important gisement en décembre 2016, sans compter les USA qui avec le pétrole et gaz de schiste (réduction de 30/40% des coûts) ont bouleversé toute la carté énergétique mondiale(1). Le futur prix d'équilibre sera fondamentalement déterminé par une entente entre les USA et l'Arabie saoudite, alliés stratégiques. Mais comme rappelé précédemment le déterminant sera la croissance de l'économie mondiale avec des incidences négatives ou positives sur les pays producteurs, du fait de l'interdépendance des économies. En cas d'une faiblesse de la croissance, la stabilisation des cours du pétrole sera difficile à se réaliser, tout au plus le cours devrait fluctuer entre 45/55 dollars. En cas d'une légère reprise, il pourrait fluctuer entre 45/55 dollars entre 2017-2020.En cas d'une reprise forte entre 2017-2020, il pourrait progressivement fluctuer entre 60/70 dollars. En cas d'une crise équivalente à celle de 2008, il descendrait en dessous de 40 dollars. Au-delà 2020-2030, du fait du bouleversement de la carte géostratégique mondiale et de la quatrième révolution industrielle mondiale, aucun expert ne peut prédire avec exactitude les scénarios de l'évolution tant du prix du pétrole que de la nouvelle structure économique mondiale, entre 2020-2030-2040. Des stratégies d'adaptation par couches successives sont nécessaires renvoyant à la géostratégie, loin des replâtrages conjoncturels qui accroîtront les tensions à moyen et long terme. Impact sur l'économie algérienne Que faire? Car tout accroissement des dépenses par rapport aux recettes prévues accroîtra le déficit budgétaire avec un impact inflationniste. Il faudra distinguer la part des dépenses en dinars (solutions internes) de la part en devises et distinguer les actions conjoncturelles, des actions structurelles qui seules sont une réponse appropriée aux défis futurs du pays. Les calculs qui suivent ont été effectués sous l'hypothèse du respect du quota de l'Algérie au sein de l'Opep et du volume actuel d'exportation du gaz. En cas où le volume serait inférieur, les recettes devraient être inférieures au montant calculé. Dans le cas contraire de hausse en volume, le montant en valeur devrait augmenter en accélérant l'épuisement des réserves prévues au rythme de la consommation intérieure (à l'horizon 2030, la population atteindra 50 millions d'habitants). Pour 60 dollars les recettes prévues seraient d'environ 34 milliards de dollars. L'on doit retirer 20% de charges ce qui nous donne 27 milliards de dollars de profit net en précisant que la baisse d'un dollar en moyenne annuelle occasionnant une perte pour l'Algérie d'environ 600 milliards de dollars. A 50 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 21 milliards de dollars; à 40 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 15 milliards de dollars; à 30 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 9 milliards de dollars; à 20 dollars, le baril donne un profit net de Sonatrach de 3 milliards de dollars et nous serions presque au seuil de rentabilité. Comment dès lors mobiliser les ressources financières suivant ces différents scénarios (se pose ici aussi la problématique de la rentabilité future des investissements projetés)? Le ministère de l'Energie vient de déclarer début 2015 que les programmes de Sonatrach seraient de 100 milliards de dollars entre 2015-2020 et de 30 milliards de dollars pour la même période pour Sonelgaz: endettement ou puisement dans les réserves de changes, et que restera-t-il aux autres secteurs? En rappelant que toute décision stratégique relève du Conseil national de l'Energie présidé par le président de la République. La dette extérieure en 2015 est inférieure à 4 milliards de dollars et les réserves de changes se sont établies à 179 milliards de dollars fin 2014 devant s'orienter à la baisse d'environ 140/145 milliards de dollars fin 2015, il y a lieu de bien les utiliser. C'est de richesse virtuelle qu'il s'agit de transformer en richesse réelle, le capital argent n'étant qu'un moyen ne créant pas de valeur. Je propose huit solutions du gouvernement algérien, face au déficit du trésor entre 2016-2020. Premièrement, il y a urgence d'aller vers une allocation ciblée des ressources financières et une rationalisation des dépenses (économies de gestion) tant pour la partie devises que dinars, supposant de lutter contre les surcoûts et la corruption. Mais existent des limites tant économiques que sociales quitte à étouffer toute l'économie, puisque l'Algérie est une économie rentière où les recettes en devises avec les dérivées représentent 97%. Les exportations hors hydrocarbures étant marginales, 83% du tissu économique repose sur le petit commerce/services, le secteur productif, excepté l'agriculture, étant embryonnaire et environ 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dépendent de l'extérieur. Deuxièmement, accroître la fiscalité ordinaire pour tous la sphère réelle pour tous les ménages et les entreprises, l'impôt direct étant le signe d'une plus grande citoyenneté, la facilité pour tout gouvernement étant l'accroissement de l'impôt indirect (injuste par définition), tout en étant conscient que l'impôt peut tuer l'impôt, supposant une réforme fiscale fondement à la fois de l'équité et de l'efficacité, tout en intégrant intelligemment des mécanismes transparents dans la sphère informelle, loin de toute action administrative bureaucratique. La nouvelle donne Troisièmement, continuer le dérapage du dinar pour la partie dinar, pour ne pas dire dévaluation, mais avec les risques d'amplification du processus inflationniste afin de juguler le déficit budgétaire. Ce glissement à la baisse du dinar constitue une épargne forcée, tant par rapport au dollar gonflement de la fiscalité pétrolière (vente en dollars) et que par rapport à l'euro gonflant la fiscalité ordinaire, les taxes à la douane s'appliquant à un dinar dévalué. Quatrièmement, continuer à puiser dans les réserves de changes pour la partie devises qui, selon la Banque mondiale ayant un répit de quatre années au vu des importations de biens et services incompressibles, une économie productive mettant du temps à l'instant T0 de sa mise en oeuvre (minimum cinq années), le temps ne se rattrapant jamais en économie. Cinquièmement, aller vers un endettement extérieur ciblé pour la partie devises uniquement pour les segments concurrentiels productifs. Sixièmement, mettre en place une politique de subventions et transferts sociaux ciblés, inter-socioprofessionnelle et inter-régionale. Mais n'ayant pas une vision de sinistrose, la justice sociale, pas l'égalitarisme, n'est pas antinomique avec l'efficacité économique impliquant une plus grande moralisation de la société et des dirigeants, supposant un partage équitable du sacrifice et dont les responsables doivent donner l'exemple et avoir un langage de vérité. A l'avenir si le cours se maintient entre 45/60 dollars, cette généralisation des subventions, injuste par définition, sera intenable financièrement impliquant un ciblage pour les plus démunis et les secteurs que le gouvernement veut encourager transitoirement. Le langage de la vérité s'impose Septièmement, la solution ultime conjoncturelle serait la planche à billets - car avec moins de 50 dollars le baril, il n'y a plus de marges de manoeuvre. La planche à billets induit une épargne forcée, au détriment des couches défavorisées et moyennes, le processus inflationniste jouant comme vecteur de redistribution de revenus au profit des revenus variables qui en Algérie sont en dominance dans la sphère marchande réelle et informelle. Eviter la dérive inflationniste comme au Venezuela suppose une régulation forte conciliant le cadre macro-économique et le cadre macro-social. Huitièmement, pour éviter le scénario dramatique des impacts de la baisse du cours du pétrole des années 1986, la solution la plus durable est d'avoir une vision stratégique afin d'asseoir une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales. Il ne faut plus se faire d'illusions, un cours de pétrole entre 80/100 dollars est improbable rendant urgent, pour l'Algérie, si elle veut éviter sa marginalisation, l'émergence d'une économie diversifiée dans le cadre de la mondialisation. Comme l'a instruit le président de la République, et pour des raisons de sécurité nationale, le langage de la vérité s'impose devant aller vers de profondes réformes structurelles sans lesquelles l'on ne pourra pas faire émerger une économie diversifiée. Sans réformes, au-delà de 2020, il sera impossible de maintenir le niveau des réserves vu la situation économique fin 2015.