Andrei Belousov, premier vice-premier ministre russe, vient de pointer du doigt la responsabilité des pays du Golfe, notamment celle de l'Arabie saoudite dans la dégringolade des prix du pétrole. Selon ses propos, recueillis lors d'une interview donnée à l'agence de presse russe TASS, la Russie n'a jamais cherché à faire baisser fortement les prix du pétrole ni à mettre fin à sa coopération avec l'OPEP. Le dirigeant explique que son pays voulait un renouvellement des quotas de réduction existants jusqu'à fin 2020 tandis que l'Arabie saoudite, chef de peloton de l'OPEP, préférait une augmentation des niveaux de réduction de la production du bloc. Les deux parties n'ayant pas réussi à trouver un consensus, l'Arabie saoudite a rompu l'accord de stabilisation de l'offre en annonçant qu'elle augmentera sa production dès avril et cassera les prix aux raffineurs. Étant donné que cette décision a été prise dans un contexte de contraction de la demande en raison du COVID-19, cela a fait basculer le marché. "?La Russie proposait d'étendre la validité de la réduction de la production actuelle de pétrole pour au moins un autre trimestre voire jusqu'à fin 2020, mais les partenaires arabes ont adopté une position différente?", a-t-il indiqué. Il estime que les prix du pétrole s'équilibreront à environ 35-40 dollars le baril, d'ici la fin de l'année. Il faut dire qu'Igor Sechin, le patron de Rosneft, la plus grande entreprise pétrolière de Russie, s'est toujours opposé à l'accord Russie + OPEP. Selon lui, en réduisant l'offre, on permet à des producteurs comme les USA d'augmenter leurs parts de marché. Le mois d'Avril pourrait être le pire de l'Histoire pour les prix du pétrole. Les producteurs de pétrole traversent une période de crise, mais le marché n'est pas encore au plus bas et la situation risque de s'aggraver en avril sur fond de pandémie de coronavirus, selon le site OilPrice. Le mois d'avril peut devenir le pire pour le marché pétrolier mondial puisque l'offre sera très largement supérieure à la demande en raison notamment de la pandémie de Covid-19, relate le site OilPrice se référant à plusieurs analystes. "La perte de demande en glissement annuel atteindra un pic en avril à 10,4 millions de barils par jour, et la demande annuelle de 2020 chutera de 3,39 millions de barils par jour, un record", d'après une note de la banque britannique Standard Chartered citée par OilPrice. À court terme, l'excédent du marché pétrolier pourrait atteindre un pic de 13,7 millions de barils par jour en avril, avec un excédent moyen de 12,9 millions de barils pour le deuxième trimestre, selon le site. L'accumulation des stocks pourrait atteindre le niveau de 2,1 milliards de barils d'ici la fin de l'année. Ce chiffre représente une révision à la hausse de 50% par rapport à l'excédent d'offre de 1,4 milliard de barils prévu par la banque Standard Chartered il y a une semaine. "Au cours de la semaine dernière, les restrictions de voyage imposées par les gouvernements européens et nord-américains dans le cadre de leur réponse à la propagation du coronavirus ont considérablement amplifié le choc négatif" du marché pétrolier déjà fragilisé par la guerre des prix, selon la note de Standard Chartered reprise par OilPrice.
Il y a des prévisions encore plus pessimistes D'autres analystes publient des prévisions encore plus pessimistes. Selon le cabinet de conseil en risques politiques Eurasia Group, la demande pourrait chuter de 25 millions de barils par jour au cours des prochaines semaines et prochains mois. La surabondance historique signifie que le monde pourrait manquer d'espace de stockage. "À un certain point… nous devrons remplir tous les bateaux", a estimé Giovanni Serio, responsable de l'analyse chez la société de trading pétrolier Vitol, cité par le Financial Times. D'après les prévisions du cabinet Rystad Energy, plus de 200 sociétés pétrolières européennes pourraient faire faillite, ce qui représente 20% du nombre total des entreprises du secteur. La production de pétrole de schiste américain devrait aussi diminuer de 1,1 million de barils par jour, à 11,87 millions de barils en décembre 2020. En décembre 2021, les États-Unis produiront 10,69 millions de barils de pétrole de schiste par jour, avec une moyenne de 11,2 millions de barils pour l'année 2021, estime Standard Chartered. La pandémie serait un facteur à long terme Jusqu'à récemment, la plupart des analystes supposaient que la pandémie de coronavirus serait une affaire de court terme, qui influerait sur le marché pendant deux à quatre semaines, note OilPrice. Mais la pandémie peut durer plus longtemps et laisser "des cicatrices économiques permanentes", d'après le site. Selon la note de Standard Chartered, la demande pétrolière peut chuter en glissement annuel de 8,8 millions de barils par jour en mai et de 7,4 millions de barils par jour en juin. Et même après la fin de la pandémie, la demande en pétrole ne serait plus jamais comme avant parce que l'attitude à l'égard des voyages en avion peut changer et de nombreuses entreprises risquent de ne pas se remettre de cette crise, conclut OilPrice.